Le secteur aérien recrute grâce au bond du tourisme


Tahiti, le 9 novembre 2019 - Avec l'accroissement de la fréquentation touristique, le secteur des métiers de l'aéronautique offre aujourd'hui un potentiel d'emplois sans précédent, en Polynésie française. Les visiteurs du 3e forum annuel qui leur est consacré à Tahiti ont pu découvrir ces filières, samedi, et peut-être se trouver une vocation professionnelle pour ceux qui sont encore en quête.

"J’aimerais bien faire le métier de pilote plus tard. Voler, ça m’a toujours attiré", déclare Matthieu, 15 ans, venu avec sa grand-mère samedi pour se renseigner sur le parcours de formation qui le mènera à son rêve. Comme lui, à 13 ans Teiva veut être pilote de ligne. Et il profite de l’occasion offerte par ce 3e forum des Métiers de l’aéronautique, organisé samedi de 8 heures à 17 heures à la présidence et dans les jardins de l’assemblée, pour éclairer son parcours. Le métier de pilote fait toujours rêver… On croise un autre Teiva, au détour d’un stand. A 23 ans, celui-ci est de retour au fenua depuis 3 semaines avec le diplôme de pilote de ligne en poche. "Je suis venu prospecter, voir ce qu’il peut y avoir comme opportunités pour moi. Les principaux acteurs de l’aéronautique locale sont présents ici aujourd’hui." Ce jeune pilote polynésien souhaite exercer son métier au fenua. Mais il sait certainement que dans le monde, la croissance des pays émergents appelle un besoin de 450 000 pilotes de ligne à l’horizon 2026, dont le quart doit avoir été recruté dès 2020 en Chine.

​"De l’autre côté du rideau"

Sous le chapiteau de la présidence 22 exposants ont tenté de donner une idée plus précise des métiers et des passions qui gravitent autour du monde aéronautique local : l’aéroclub de Tahiti, les marins de la 25 F (Guardian), de la 35 F (hélicoptère Dauphin) et les militaires de l’armée de l’air. Mais aussi les services d’assistance aux aéronefs, les métiers de l’intendance, de l’entretien mécanique, de la sûreté aéroportuaire, et des personnels des deux compagnies locales… "Ça nous permet de montrer nos métiers. Ce sont des métiers très techniques et qui ne sont pas forcément connus du grand public", se félicite Jean-Michel Ratron, le directeur général de la société ADT gestionnaire de l’aéroport international de Tahiti-Faa’a. C’est la première année qu’Aéroport de Tahiti participe au forum des Métiers de l’aéronautique. Pour son nouveau dirigeant, c’est un geste de transparence : "Côté piste, à l’aéroport, on trouve à peu près la moitié des employés : traitement des bagages, sûreté, métiers techniques, de l’entretien et de la sécurité… Le public ne les connaît pas ces métiers-là. On est content de les montrer ici. C’est une manière de dévoiler ce que l’on fait de l’autre côté du rideau."

​Un secteur d’avenir

"Pas loin de 10 000 personnes" exercent un emploi en lien avec l’activité aéronautique en Polynésie française, selon Jean-Christophe Bouissou, présent samedi pour inaugurer la manifestation. Et "c’est un secteur qui recrute", affirme le ministre en charge des transports aériens. Constat auquel s’associe volontiers Thierry Delmas, le patron de la Direction générale des enseignements et de l’éducation (DGEE) : "C’est évident, dans la mesure où il y a une augmentation de la fréquentation touristique et des opérateurs, avec l’arrivée de nouvelles compagnies aériennes. Oui, il y a du potentiel. Et justement Mme la ministre (de l’Education, NDLR) travaille actuellement à établir un lien avec un centre des métiers et des qualifications en métropole pour favoriser les formations de nos jeunes polynésiens et leur permettre de prendre ces emplois-là." 
 
"Pour nous, les ressources humaines sont d’une importance de premier plan", ajoute Hinano Guérin, conseiller technique au ministère du Tourisme. En 2019, la Polynésie française enregistre sa meilleure fréquentation touristique depuis 2001, avec en fin d’année autour de 230 000 visiteurs ayant séjourné au moins une nuit sur le territoire. "Notre fréquentation touristique a augmenté de plus de 13 % sur les 18 derniers mois, avec l’arrivée des nouvelles compagnies aériennesJe crois que l’on se rejoint avec l’Éducation, sur ce point : le plus grand challenge que l’on va avoir pour accompagner le développement de notre tourisme –bien sûr, des infrastructures et des règlements doivent encore être mis en place-, mais la chose qui va prendre le plus de temps c’est la formation et l’acquisition de compétences par le plus grand nombre de personnes locales de manière à ce que l’on ait de moins en moins à faire appel à des recrutements extérieurs. L’industrie du tourisme, ce n’est pas uniquement de la restauration et de l’hôtellerie. C’est une panoplie de prestations dont l’aérien est le point de départ."

"Coup de pouce"

Dans ce contexte, le 3e forum des Métiers de l’aéronautique trouve toute sa pertinence. Cette année encore, la manifestation a été organisée avec l’énergie des bénévoles de l’association Te Ra’i Maohi que préside Oscar Tereopa. Une association de passionnés qui se finance aujourd’hui grâce aux ressources issues de la mise à disposition d'un simulateur de vol ultra performant acquis sur fonds propres. Une fois encore, l’organisation de son forum annuel a mobilisé, sur leur temps libre, tous les efforts de ses adhérents depuis plusieurs semaines. Elle a peut-être pâti d'un manque de communication pour toucher le grand public et produire l'affluence désirée. Mais pour les prochaines éditions Jean-Christophe Bouissou a promis samedi "un coup de pouce" de la part du Pays. "C’est une bonne chose avec l’ouverture du ciel au plan local et international."  Une aide qui contribuera certainement à donner à ce forum des Métiers de l'aéronautique toute l'ampleur qu'il mérite.  

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Samedi 9 Novembre 2019 à 15:22 | Lu 4813 fois