JOEL SAGET / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 13/04/2022 - Michel Bouquet, monument du théâtre français connu pour avoir joué pas moins de 800 fois "Le roi se meurt" d'Ionesco et acteur sur grand écran chez Chabrol et Truffaut, est décédé mercredi à l'âge de 96 ans.
"Michel Bouquet est décédé (mercredi) en fin de matinée dans un hôpital parisien", a indiqué son service de presse à l'AFP.
Après 75 ans de carrière, il avait confié en 2019 à l'AFP qu'il ne remonterait plus sur scène, après avoir fait son "bonhomme de chemin". "Il faut beaucoup de force... pour parler avec des mots qui ne sont pas les siens, de rendre tout ça vrai".
"Sept décennies durant, Michel Bouquet a porté le théâtre et le cinéma au plus haut degré d’incandescence et de vérité, montrant l'homme dans toutes ses contradictions, avec une intensité qui brûlait les planches et crevait l’écran. Un monstre sacré nous a quittés", a réagi le président Emmanuel Macron sur Twitter.
"Je suis profondément triste. Michel Bouquet était un très grand acteur. Nous avons tourné plusieurs films dont Deux hommes dans la ville et Borsalino. La seule chose qui me reste, ce sont de grands et beaux souvenirs", a confié à l'AFP un autre monstre sacré, Alain Delon.
"Admirable et admiré"
Inoubliable dans "Le roi se meurt" et dans "L'Avare" de Molière mais tout autant au cinéma, ce géant de la scène a toujours affiché sa préférence pour le théâtre.
"Au théâtre, la personnalité de l'auteur est tellement majestueuse, que ce soit Pinter ou Molière, qu'on ne fait qu'essayer de porter la parole le plus docilement possible. C'est l'oubli de soi qui est le plus important", confiait-il en 2019.
Il avait toutefois marqué le grand écran en incarnant un étonnant Mitterrand au soir de sa vie dans "Le Promeneur du Champs-de-Mars" de Robert Guédiguian (2005).
Il recevra le César du meilleur acteur pour ce film, après celui reçu quelques années auparavant pour le film d'Anne Fontaine "Comment j'ai tué mon père" (2002). "Le cinéma français perd aujourd’hui un comédien admirable et admiré", a réagi l'Académie.
A l'écran, il a aussi incarné des personnages secrets dans les films de Claude Chabrol ("La femme infidèle", "Poulet au vinaigre"). Il a également joué sous la direction de François Truffaut ("La mariée était en noir", en 1967, et "La Sirène du Mississippi" en 1968) et fut un magistral Javert, dans "Les Misérables" de Robert Hossein (1982).
Incarnant le peintre Auguste Renoir dans un film de Gilles Bourdos (2013), il affirme que c'est le rôle qui l'a le plus touché.
Né le 6 novembre 1925 à Paris, Michel Bouquet doit son goût du spectacle à sa mère qui l'emmenait régulièrement à l'Opéra Comique.
Tour à tour apprenti pâtissier, mécanicien dentiste, manutentionnaire durant sa jeunesse, il se rend un jour chez Maurice Escande, sociétaire de la Comédie-Française, qui lui propose de suivre ses cours.
Il intègre le Conservatoire en même temps que Gérard Philipe.
"Délivré de soi"
Son premier souvenir de théâtre ? "C'était au Théâtre Chaillot, à 17 ans. J'étais dans un costume de Robespierre; j'avais le sentiment que c'était vrai, que J'ETAIS Robespierre", se souvenait-il pour l'AFP, évoquant "cette magie du costume qui fait qu'on est délivré de soi et on se connaît mieux soi-même".
Il deviendra compagnon de route du dramaturge Jean Anouilh puis du comédien Jean Vilar au Théâtre national populaire (TNP) et au Festival d'Avignon.
Il a marqué le théâtre de l'après-guerre en faisant connaître en France l'oeuvre de Harold Pinter et en se mettant au service de grands textes classiques (Molière, Diderot ou Strindberg) et contemporains (Samuel Beckett, Eugène Ionesco, Albert Camus ou Thomas Bernhard).
"Son intensité, sa passion pour les textes et les nuances infinies de son jeu ont fait de Michel Bouquet un acteur adoré des spectateurs, comme des artistes qui ont eu le bonheur de travailler avec lui", a estimé la ministre de la Culture Roselyne Bachelot sur Twitter.
"Il est de cette tradition, de cette race d'acteurs où quand ils évoquent quelque chose, immédiatement, les images nous parviennent", a souligné sur France Inter le comédien Fabrice Luchini qui lui avait remis son Molière d'honneur en 2014.
"Michel Bouquet est décédé (mercredi) en fin de matinée dans un hôpital parisien", a indiqué son service de presse à l'AFP.
Après 75 ans de carrière, il avait confié en 2019 à l'AFP qu'il ne remonterait plus sur scène, après avoir fait son "bonhomme de chemin". "Il faut beaucoup de force... pour parler avec des mots qui ne sont pas les siens, de rendre tout ça vrai".
"Sept décennies durant, Michel Bouquet a porté le théâtre et le cinéma au plus haut degré d’incandescence et de vérité, montrant l'homme dans toutes ses contradictions, avec une intensité qui brûlait les planches et crevait l’écran. Un monstre sacré nous a quittés", a réagi le président Emmanuel Macron sur Twitter.
"Je suis profondément triste. Michel Bouquet était un très grand acteur. Nous avons tourné plusieurs films dont Deux hommes dans la ville et Borsalino. La seule chose qui me reste, ce sont de grands et beaux souvenirs", a confié à l'AFP un autre monstre sacré, Alain Delon.
"Admirable et admiré"
Inoubliable dans "Le roi se meurt" et dans "L'Avare" de Molière mais tout autant au cinéma, ce géant de la scène a toujours affiché sa préférence pour le théâtre.
"Au théâtre, la personnalité de l'auteur est tellement majestueuse, que ce soit Pinter ou Molière, qu'on ne fait qu'essayer de porter la parole le plus docilement possible. C'est l'oubli de soi qui est le plus important", confiait-il en 2019.
Il avait toutefois marqué le grand écran en incarnant un étonnant Mitterrand au soir de sa vie dans "Le Promeneur du Champs-de-Mars" de Robert Guédiguian (2005).
Il recevra le César du meilleur acteur pour ce film, après celui reçu quelques années auparavant pour le film d'Anne Fontaine "Comment j'ai tué mon père" (2002). "Le cinéma français perd aujourd’hui un comédien admirable et admiré", a réagi l'Académie.
A l'écran, il a aussi incarné des personnages secrets dans les films de Claude Chabrol ("La femme infidèle", "Poulet au vinaigre"). Il a également joué sous la direction de François Truffaut ("La mariée était en noir", en 1967, et "La Sirène du Mississippi" en 1968) et fut un magistral Javert, dans "Les Misérables" de Robert Hossein (1982).
Incarnant le peintre Auguste Renoir dans un film de Gilles Bourdos (2013), il affirme que c'est le rôle qui l'a le plus touché.
Né le 6 novembre 1925 à Paris, Michel Bouquet doit son goût du spectacle à sa mère qui l'emmenait régulièrement à l'Opéra Comique.
Tour à tour apprenti pâtissier, mécanicien dentiste, manutentionnaire durant sa jeunesse, il se rend un jour chez Maurice Escande, sociétaire de la Comédie-Française, qui lui propose de suivre ses cours.
Il intègre le Conservatoire en même temps que Gérard Philipe.
"Délivré de soi"
Son premier souvenir de théâtre ? "C'était au Théâtre Chaillot, à 17 ans. J'étais dans un costume de Robespierre; j'avais le sentiment que c'était vrai, que J'ETAIS Robespierre", se souvenait-il pour l'AFP, évoquant "cette magie du costume qui fait qu'on est délivré de soi et on se connaît mieux soi-même".
Il deviendra compagnon de route du dramaturge Jean Anouilh puis du comédien Jean Vilar au Théâtre national populaire (TNP) et au Festival d'Avignon.
Il a marqué le théâtre de l'après-guerre en faisant connaître en France l'oeuvre de Harold Pinter et en se mettant au service de grands textes classiques (Molière, Diderot ou Strindberg) et contemporains (Samuel Beckett, Eugène Ionesco, Albert Camus ou Thomas Bernhard).
"Son intensité, sa passion pour les textes et les nuances infinies de son jeu ont fait de Michel Bouquet un acteur adoré des spectateurs, comme des artistes qui ont eu le bonheur de travailler avec lui", a estimé la ministre de la Culture Roselyne Bachelot sur Twitter.
"Il est de cette tradition, de cette race d'acteurs où quand ils évoquent quelque chose, immédiatement, les images nous parviennent", a souligné sur France Inter le comédien Fabrice Luchini qui lui avait remis son Molière d'honneur en 2014.