Le roi de Hawaii meurt de la rougeole à Londres


Le roi Kamehameha II (portrait de John Hayter) lorsqu’il parvint au pouvoir régnait mais sous le contrôle étroit de l’une des épouses favorites de Kamehameha I, la régente Ka’ahumanu.

Tahiti, le 19 février 2021 - Au-delà d’une catastrophe pour la monarchie hawaiienne, c’est aussi l’histoire d’un petit Français promis à de grandes choses, mais qui par malchance et surtout maladresse disparut de la grande Histoire après le désastre que fut le voyage du roi de Hawaii, Kamehameha II et de toute sa cour à Londres en 1824. Une épidémie de rougeole emporta le souverain et la reine, et notre petit français, Jean-Baptiste Rives, qui était encore un très proche conseiller à la cour, tomba en disgrâce, soupçonné, entre autres, de s’être servi joyeusement dans la cassette que le monarque avait préparé pour ce déplacement. Le voyage devait être historique, il le fut avec un bilan final calamiteux ; le roi et son épouse quittèrent Londres dans des cercueils plombés... 

 

Mais qui était donc ce “petit Français” pour reprendre l’expression utilisée dans notre phrase introductive ? Petit Français est à coup sûr ce qui convient le mieux pour évoquer Jean-Baptiste Jassont Lafayette Rives, parfois réduit à un très court John Reeves, puisque notre homme ne mesurait guère plus de quatre pieds et deux pouces de hauteur selon l’écrivain, explorateur et dessinateur français Jacques-Etienne-Victor Arago (6 mars 1790 - 27 novembre 1854), ce qui en ferait quasiment un nain, quatre pieds d’alors équivalant à 1,32 m environ. Arago, qui n’aimait guère Rives (il le qualifia de “grotesque personnage”), a sans doute aucun forcé le trait mais le fait est que le “petit Français” était de taille modeste.


Un gamin parlant trois langues

Ce portrait de Kamehameha II est intéressant puisqu’il a été réalisé à Londres, durant le bref séjour du roi, juste avant que la rougeole ne lui soit fatale.

On ne sait pas grand-chose de la jeunesse de ce garçon au nom de famille à rallonge, laissant à penser qu’il était d’extraction bourgeoise (grand-père médecin, père navigateur marchand). Il avait vu le jour à Bordeaux, officiellement le 18 juin 1793. De sa prime enfance, on ignore les détails sinon qu’à onze ans, il embarqua sur un voilier américain, la Belle Caroline en qualité de mousse. Cap Horn, Valparaiso, Lima, puis cap sur Manille que Rives n’atteignit jamais, une tempête déroutant le bateau qui parvint aux îles Hawaii. On était alors en 1804. Le jeune mousse, inspiré par ce pays nouveau, déserta et se fit rapidement admettre à la cour royale ; on lui prête un voyage à Canton, incertain. Il n’était encore qu’un gamin mais il se rapprocha du pouvoir ; outre le fait qu’il était plutôt “mignon” et très aimable, il parlait le Français, l’Anglais et très vite aussi le Hawaiien.
 

A l’époque, les Occidentaux n’étaient pas si nombreux que cela dans l’archipel et étant du même âge à peu près que les fils du roi Kamehameha 1er, dont le prince Lihiliho, il devint un membre très apprécié de la famille royale ; en grandissant, il remplit le rôle d’interprète vis-à-vis des visiteurs étrangers ; il profita également de l’enseignement de John Papa ‘I’i, le précepteur de Liholiho, qui devint roi de Hawaii en mai 1819, à la mort de son père. Pour le respect des savoirs et coutumes ancestraux, Papa ‘I’i fut le conseiller idéal de Kamehameha II, mais pour les relations extérieures, le petit Rives était le partenaire incontournable, même si son surnom (Luahine, femme), dû à sa petite taille, ne l’aidait guère à être d’emblée pris au sérieux. Secrétaire particulier du roi, Rives dans la foulée, étendit ses prérogatives en devenant également le compagnon des libations du souverain, très porté sur la dive bouteille.


Réussite exemplaire et belle fortune

La reine Kamamalu qui accompagne le roi hawaiien lors de son long voyage à Londres. Elle a été dessinée juste quelques jours avant son décès. Elle mourut elle aussi de la rougeole le 8 juillet 1824.

Pour ses services rendus, Rives se vit offrir quatre domaines dans quatre îles différentes, son mariage avec la belle Holau, de noble ascendance, lui permettant de se mieux ancrer encore à la cour : son épouse lui donna des jumelles en 1815 et un fils en 1822 ; les deux filles furent élevées comme des princesses par la reine Ka’ahumanu (épouse de feu Kamehameha 1er, la véritable détentrice du pouvoir, Kamehameha II ayant un rôle plus honorifique) qui les considéra toujours comme ses propres filles.
 

Bref, en quelques années, Jean-Baptiste Rives avait fait son trou à Hawaii, sa réussite était exemplaire, sa fortune confortable et sa proximité avec le roi très étroite même si, encore une fois, c’est la reine Ka’ahumanu qui tenait dans ses mains les destinées du royaume. Ça tombait bien, puisque la régente appréciait elle aussi le “petit Français”. 

Il avait dirons-nous, parfaitement bien réussi sa vie et en 1822, âgé d’une petite trentaine d’années, il était devenu un personnage incontournable de la très haute et noble société hawaïenne. Mais déjà, des doutes se faisaient jour quant à son honnêteté et à sa tendance à adapter la vérité à ses besoins.


Caprice royal, un voyage en Europe

Le révérend William Ellis se fit très vite accepter à la cour de Kamehameha II à qui il eut la bonne idée d’offrir le navire qui l’avait amené dans le Pacifique, la goélette Prince Régent, armée de six canons.

L’influence grandissante de la Grande-Bretagne se faisait sentir d’année en année à Hawaii et l’installation des premiers missionnaires suivit de peu la destruction par Kamehameha II du système des “kapu” (les interdits, les tabu polynésiens), ce qui eut pour effet de conduire à l’abandon des lieux de culte traditionnels et à la mise sur la touche des prêtres de l’ancienne religion. C’est dire que le 16 avril 1822, lorsque le missionnaire anglais William Ellis débarqua avec la goélette Prince Regent armée de pas moins de six canons, il fut accueilli à bras ouvert par le jeune roi d’autant qu’Ellis lui offrit, comme le souhaitait le roi Georges IV, la goélette venant étoffer ainsi sa flotte.


Impulsif, Kamehameha ne voulut pas en rester à une simple lettre de remerciements ; il décida, dans le but de renforcer les liens entre son royaume et la Grande-Bretagne, de faire le voyage jusqu’en Europe. A l’époque, c’était une odyssée, une folie même et la régente Ka’ahumanu et la mère elle-même du roi, Keopuolani, comme les principaux personnages de la cour, tentèrent, mais en vain, d’y mettre leur veto. 
 

Face à l’interdit prononcé par sa mère, Kamehameha II rongea son frein mais celle-ci à peine décédée, le 16 septembre 1823, le jeune roi remit sur le tapis son projet de voyage. L’affaire fut plus que promptement menée, puisque dès le mois de novembre 1823, Kamehameha II et son épouse favorite, sa demi-sœur Kamamalu, réquisitionnait en quelque sorte un baleinier anglais, L’Aigle, et prenait le large pour de longs mois de voyage dans un confort que l’on imagine très approximatif sur ce type de bateau.


Royal décès et trou de 15 000 dollars !

Le roi George IV n’eut pas le temps de rencontrer le souverain du royaume de Hawaii que la rougeole emporta avant leur entrevue.

Le capitaine, Valentine Starbuck, était rude et âpre au gain et l’on verra que dans la suite de l’histoire, il joua un grand rôle dans la déchéance de Rives. Car si Kamehameha emmena avec lui le gratin de la noblesse hawaïenne, il prit également à son bord le jeune Français, décidé à s’imposer comme le traducteur officiel du périple (au détriment de William Ellis qui voulait profiter du voyage pour rentrer en Angleterre, ce que refusa Starbuck ; il entendait garder les mains libres à bord, compte tenu de ses projets et Ellis aurait été un gêneur...).
 

Voilà donc tout notre petit monde, casque à plumes sur la tête, parti dans la bonne humeur, le roi de l’archipel hawaïen étant tout fier d’aller pactiser avec son homologue, le roi de la Grande-Bretagne. La suite, on la connaît : après une escale au Brésil, parvenue à Portmouth le 17 mai 1824, la délégation océanienne s’installa à l’hôtel Caledonian, au cœur de Londres. Le souverain britannique nomma un homme de confiance, Frederick Gerald Byng (1784–1871) pour encadrer les Hawaiiens et faire de leur visite un plein succès.


A quoi joua ou avait joué Rives, plus que probablement avec la complicité du capitaine Starbuck ? Les deux hommes ne s’en sont pas vantés, d’autant que Starbuck disparut très vite, pressé de retourner en mer se faire oublier. 

Que s’était-il donc passé à bord et durant le périple ? Kamehameha avait embarqué avec une jolie somme, 25 000 dollars, destinés à pourvoir aux frais de séjour à Londres.

Or, avant même de rencontrer Georges IV, Kamehameha et sa suite furent contaminés par le virus de la rougeole et le roi et la reine décédèrent brutalement (le roi mourut le 14 juillet 1824, six jours après son épouse). Avant de songer à rapatrier les corps, il fallait faire un état des lieux de ce que le couple royal laissait derrière lui. On était au début du séjour, les vingt-cinq mille dollars ne devaient pas avoir été entamés ; or on ne trouva plus que 10 000 dollars, une somme de 15 000 dollars, très joli magot à cette époque, s’étant volatilisée dans des conditions inexplicables. 

Secrétaire particulier de Kamehameha II, Jean-Baptiste Rives fit l’objet d’une enquête car il était le principal suspect –avec Starbuck– dans cette malversation mais aucune preuve ne vint étayer les soupçons pesant sur Rives. Cela étant, avec ces deux cadavres “royaux” sur les bras, Rives était dans une position difficile à tenir. Il comprit bien que si les dépouilles devaient être et allaient être ramenées à Hawaii, il ne serait sans doute pas très judicieux qu’il fasse partie du voyage. 
 

Le convoi prit la route du retour le 8 septembre 1824 sur le HMS Blonde, une splendide frégate de 1 103 tonnes, dotée de 46 canons. Rives, dans ce contexte troublé, préféra rester sagement en Europe. Encore que “sagement” ne soit sans doute pas l’adverbe qui convient...


Un business franco-hawaiien

Mensonge et mégalomanie : à cause de ses vantardises et de ses engagements, Jean-Baptiste Rives parvint à convaincre les autorités catholiques, avec la bénédiction du pape Léon XII, d’envoyer une mission à Hawaii où les prêtres de la congrégation de Picpus furent très mal accueillis.

La suite des aventures de Rives eut toujours pour toile de fond les îles hawaïennes, mais en réalité, il n’y remit jamais les pieds. 

Après le rapatriement des corps des deux dignitaires hawaïens, Rives, dont la réputation n’était plus à faire à Londres, tenta en vain de mobiliser autour de lui des investisseurs et des capitaux pour monter une affaire commerciale entre la Grande-Bretagne et Hawaii. Personne ne mit ni une livre ni un copeck sur le nom de Rives qui ne s’avoua pas vaincu : les Anglais ne voulaient plus de lui, qu’à cela ne tienne, il irait chercher fortune en France, à Paris, toujours pour monter une société commerciale en lien avec Hawaii. Alors qu’en 1826, officiellement et diplomatiquement il n’était plus rien sinon un simple quidam, à Paris il se prétendit représentant officiel du royaume de Hawaii, habilité à signer accords et conventions. Il aurait eu sur lui des papiers officiels qu’il aurait fait signer par Kamehameha II juste avant sa mort. Il faut croire que l’affaire de l’arnaque à la cassette de Kamehameha n’avait pas traversé la Manche, puisqu’il trouva effectivement des oreilles attentives, des banquiers, dont Jacques Laffitte et divers investisseurs, dont une riche famille d’entrepreneurs alsaciens engageant des fonds sur la seule parole de Rives. 
 

Malgré cette apparente crédulité, les financiers français se dotèrent d’une sécurité en refusant de laisser leur argent dans les seules mains de Rives. Avant que le navire affrété pour le premier voyage à Hawaii ne quitte les quais de son port d’attache, les banquiers et les riches Alsaciens (d’origine juive, la famille Javal avait ses racines en Alsace mais avait multiplié ses affaires, de textile notamment, près de Paris) prirent la précaution de nommer un chef de leur expédition, en l’occurrence le capitaine Auguste-Bernard Duhaut-Cilly (1790-1849), seul maître à bord du navire Le Héros. 

 

Les Picpus sur la touche à Hawaii

Successeur de Kamehameha II, le roi Kamehameha III ne souhaitait pas revoir Jean-Baptiste Rives à Hawaii. Le nouveau roi confisqua d’ailleurs très vite les quatre propriétés du Français.

L’opération débuta officiellement le 10 avril 1826, direction la côte californienne, via le cap Horn. Le 29 mars 1827, Le Héros lâchait ses ancres devant la baie de Santa Barbara et c’est à ce moment-là que les choses tournèrent au vinaigre pour Rives. Celui-ci avait pris, avant son départ de Paris, deux initiatives sortant complètement du champ de ses compétences : il avait d’abord signé un traité de libre échange en quelque sorte entre la France et Hawaii, alors qu’il n’était plus rien à la cour. Pire, il avait encouragé les autorités catholiques à envoyer des missionnaires à Hawaii, les assurant que lui-même, en tant que représentant du roi de cet archipel, veillerait à leur accueil et prendrait en charge les frais de la mission. En conséquence de quoi, averti, le pape Léon XII décida d’organiser une expédition avec la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie (aussi appelés les Picpus). Les prêtres catholiques embarquèrent à bord du vaisseau La Comète sous l’autorité du père Alexis Bachelot, mais une fois arrivés à Hawaii, il leur fut interdit d’exercer leur ministère, les pasteurs protestants ayant pris les choses en main à leur seul avantage et avec l’entier soutien du nouveau roi, Kamehameha III. 
 

Le capitaine Plassard, commandant de La Comète, ne rembarqua pas les malheureux missionnaires placés en quarantaine ; il avait été payé pour les amener, pas pour les ramener. Ceux-ci, à Hawaii, avaient bien sûr fait état de la protection dont ils bénéficiaient grâce à Rives, mais on leur répondit poliment que Rives n’était rien ni personne au royaume de Kamehameha III. On l’accusait même d’être responsable de la mort de Kamehameha II. Et que donc tout ce qu’il avait pu dire et faire en Europe, tous les engagements qu’il avait pu prendre étaient nuls et non avenus. 

Or, à leur arrivée à Santa Barbara, Rives et surtout le capitaine Duhaut-Cilly, trouvèrent à l’ancre, de retour de Hawaii justement, La Comète ; le capitaine Plassard ne se fit pas prier pour expliquer que Rives n’était qu’un usurpateur et que sa parole n’avait plus aucune valeur à Hawaii.


Un parfait incapable mythomane...

Ne voulant pas abandonner son expédition et s’intéressant plus à la côte Pacifique du continent américain qu’à Hawaii, Duhaut-Cilly affréta un autre navire revenant de Hawaii, la goélette Waverly, et confia à Rives le soin de faire le long de la côte nord-ouest de fructueux échanges (pour cela, il lui confia une partie des marchandises embarquées en France). Duhaut-Cilly pour sa part se réserva la côte de l’Amérique du Sud, les deux hommes devant se retrouver l’été suivant. 

On était alors en octobre 1827 et lorsque Duhaut-Cilly revint du Pérou en juillet 1828, c’est en vain qu’il attendit à Monterey durant de longues semaines Jean-Baptiste Rives. Lorsque, enfin, le Waterley revint, Rives n’était plus à bord. L’équipage révéla au commandant Duhaut-Cilly que Rives avait gaspillé toute la marchandise au Mexique et non pas sur la côte nord-ouest, étant parfaitement imprévoyant et incompétent. Duhaut-Cilly comprit alors que son flamboyant associé n’était rien d’autre qu’un parfait incapable mythomane, limite un escroc. 
 

Ayant préparé un chargement de chevaux qu’il voulait revendre à Hawaii, il s’y rendit, revendit avec succès sa marchandise à quatre pattes et ne fut pas long à comprendre qu’entre la mort de Kamehameha II et le trou de quinze mille dollars dans la cagnotte royale, Jean-Baptiste Rives était définitivement persona non grata à Hawaii, ses quatre belles propriétés ayant d’ailleurs été confisquées et déjà revendues. Rives quant à lui, se fit définitivement oublier. Le “petit Français” qui avait si bien réussi aux côtés de Kamehameha II dans sa jeunesse ne revint jamais dans les îles où il avait connu gloire et fortune et ne revit jamais ni son épouse hawaiienne, ni ses enfants. Tout juste sait-on qu’il est mort le 18 août 1833 au Mexique. Il aurait eu tout juste, 40 ans... 

C’est sur la HMS Blonde que les dépouilles royales furent ramenées d’Angleterre à Hawaii après le décès du couple de souverains à Londres (peinture de Robert Dampier, 1825).

Un portrait peu flatteur

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce bien singulier Jean-Baptiste Rives, nous recommandons la lecture de Jean Cottez (juin 1958) : "Jean-Baptiste Rives de Bordeaux, Aventurier Hawaien, 1793–1833". Bulletin de la Société d'Études Océaniennes. pp. 792–812 n°123 et 819–846 n°124. 
 

Ces deux textes, qui ne sont en réalité qu’un seul et même récit fractionné en deux, dressent un portrait peu flatteur de Rives, présenté ni plus ni moins que comme un escroc en quelque sorte sans foi ni loi. Cottez explique que Rives ne demeura pas en grâce à la cour hawaiienne très longtemps mais en réalité, son influence ne cessa pas au moins jusqu’en 1823 puisqu’il réussit à se faire embarquer pour le voyage à Londres en tant qu’interprète officiel. Il ne faut pas oublier que si Rives maîtrisait parfaitement bien le Français et l’Anglais, il était aussi très à l’aise en Hawaiien, ce qui lui permit de s’imposer face au révérend Ellis qui, lui aussi, voulait rentrer à Londres en servant d’interprète de la délégation royale.

A Londres, le roi (à gauche), la reine (au centre) et sa cour furent invités à de nombreuses manifestations dont des concerts (ici au théâtre royal de Drury Lane, au tout début du mois de juin 1824). A noter que les journaux britanniques se firent un plaisir d’écorcher le nom du couple ; sur cette illustration, Kamehameha II est affublé du nom de roi Rheo Rhio et la reine Kamamalu de reine Tamehamalu...

Rédigé par Daniel Pardon le Vendredi 19 Février 2021 à 07:00 | Lu 3227 fois