Le réveil de la faune ornithologique à Hao


Hao, le 28 novembre 2023 - En cette saison sur l’atoll des Tuamotu comme sur beaucoup d’autres îles de Polynésie française c’est la période de ponde des oiseaux endémiques. L’occasion de mettre en lumière les merveilles de la faune locale et notamment ornithologique.
 
 
La saison est propice. Sur les îlots de Hao, la faune ornithologique vit sa saison de ponte. Situé à environ 920 kilomètres de Tahiti, l’atoll de Hao compte une population d’un peu plus de 1200 personnes avec une histoire récente indéniablement liée à la période des essais. Du début des années soixante jusqu’en 2000 l’atoll a servi de base arrière du centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) pour les essais nucléaires français. L’atoll a connu durant ces années un fort accroissement démographique. Cette histoire liée aux expérimentations nucléaires confère à l’atoll une image dégradée. Mais la nature est tenace et la vie continue à Hao. C’est pourquoi nous entamons par ce sujet une série d’articles dédiés aux richesses de l’atoll.
 
Le réveil des oiseaux
 
Sur les motus préservés de l’agitation humaine et visitées à l’occasion que par quelques pêcheurs et coprahculteurs locaux, deux espèces majoritaires d’oiseaux se partagent l’espace aérien : la sterne blanche (Gygis alba) et le noddi brun (Anous stolidus). La sterne blanche, c’est un oiseau au plumage entièrement blanc avec un bec noir à la teinte bleutée à sa base, ses pattes sont grisâtres et palmées et ses yeux qui peuvent paraître très grands sont entourés d’un cercle oculaire noir, bien que sont iris soit brun, le contraste de son plumage empêche de le distinguer. Il mesure à l’âge adulte entre 28 et 30 cm pour une envergure de 66 à 80 cm. Sa particularité, que nous avons observé directement, preuves photographiques à l’appui, est que le gygis alba ne construit pas de nid du tout, mais place son œuf directement sur une branche ou sur une surface surélevée vraisemblablement pour qu’il soit à l’abri des prédateurs terrestres. Une prouesse d’équilibriste lorsqu’on l’imagine devant décoller et atterrir de sa branche par temps de pluie ou par grand vent.
 
Le noddi brun est comme son nom l’indique plus sombre avec un plumage essentiellement brun. Les extrémités de ses ailes et de sa queue sont encore plus sombres. Il a le front et le sommet de la tête gris ou blanc. Plus imposant que le gygis alba sa longueur à l’âge adulte est comprise entre 40 et 45 centimètres et son envergure est de 75 à 86 cm pour une masse de 150 à 272 grammes. Cet oiseau réalise quant à lui des nids à partir de petits branchages qui peuvent être très épais jusqu’à 30 cm, il niche parfois au sol dans des arbres ou bien des cocotiers. 
 
Ces deux espèces n’élèvent qu’un jeune par couvée et, bien que non classées dans la liste des espèces en danger dextinction, elles sont quand même vulnérables en cas de tempête ou d’attaque de prédateurs tels que le kaveu (crabe de cocotier), le chien et surtout l’homme qui par son action détruit leur habitat. L’homme qui, en cette période de ponte, apprécie particulièrement et traditionnellement ses œufs qui, dit-on, ont la texture de l’œuf de poule mais avec un léger goût de poisson. Une particularité liée à l’alimentation de base de ces oiseaux.
 
Une biodiversité équilibrée
 
Ces deux espèces ne sont bien entendu pas les seuls à peupler les atolls des Tuamotu, puisqu’une vingtaine d’espèces au moins se partagent le territoire. Il n’est d’ailleurs pas rare d’y observer l’aigrette sacrée, le fou à pied rouge, la sterne huppée ou le ptilope des Tuamotu. Parmi ces espèces il en est une que nous avons eu la chance d’apercevoir, et celà devrait intéresser les ornithologues locaux car il s’agit du Coulis d’Alaska ou numenius tahitiensis. Le Coulis d’Alaska est un oiseau migrateur rare dont l’espèce considérée comme vulnérable et en danger. Elle figure en catégorie A sur la liste des espèces protégées par la règlementation locale. Le Courlis d'Alaska est un oiseau de taille moyenne, qui mesure entre 40 à 44 cm pour un poids de 310 à 800 grammes. Il possède un long bec recourbé vers le bas de 70 à 110 millimètres typique des courlis. L'adulte a le dessus brun, tacheté couleur chamois cannelle. Ses parties inférieures sont claires, allant du crème au cannelle, lavées d'orangé. Sa tête, claire, arbore un dessin marqué, avec deux rayures brunes de chaque côté. Très craintif et méfiant surtout quand il y a de l’activité humaine il est très difficile de l’approcher pour une observation. Cet oiseau remarquable qui, comme son nom l’indique, niche dans les toundras d’Alaska, est un migrateur de longue distance qui traverse chaque année l’océan Pacifique pour hiverner dans les îles du Pacifique et notamment en Polynésie française. Les navigateurs polynésiens l’utilisaient pour s’orienter entre Tahiti et Hawaii.
 
Tout ce petit monde s’épanouit sur les motus de l’atoll de Hao constituant ainsi une biodiversité à la fois fragile et indispensable à l’équilibre de ces petites îles encore préservées. Cette faune participe à un équilibre naturel vivant qui s’exprime également la nuit sur ces motus isolés et fascinants.

Rédigé par Teraumihi Tane le Mercredi 29 Novembre 2023 à 10:25 | Lu 1610 fois