Le projet de Makatea présenté au public du 30 novembre au 3 décembre


Colin Randall (à gauche) s'engage à répondre la semaine dernière aux questions du grand public.
PAPEETE, le 22 novembre 2016. Du 30 novembre au 3 décembre, Colin Randall, P-dg de la SAS Avenir Makatea, présentera le projet de reprise d'exploitation du phosphate à Makatea et répondra aux questions du public.

C'est un exercice peu courant auquel va se prêter la semaine prochaine la SAS Avenir Makatea. Du 30 novembre au 3 décembre, elle présentera son projet de reprise d'exploitation du phosphate à Makatea. L'exposition Makatea : passé, présent, avenir" aura lieu à la présidence de 9 à 17 heures. « Durant quatre jours, il sera possible de s’informer au travers des différents documents mis à la disposition du public, de rencontrer les équipes en place et de participer aux conférences qui seront données sous le chapiteau de la présidence. L’exposition portera sur le passé, le présent et l’avenir de Makatea et de ses habitants", annoncent les organisateurs.

Pour Colin Randall, président directeur général de la SAS Avenir Makatea, cette opération a pour but de convaincre le public de l'utilité de son projet afin d'obtenir ensuite le feu vert du gouvernement. En septembre dernier, le gouvernement avait rappelé que "Pour le Pays, il est important d’obtenir préalablement une large acception du projet par la population et les propriétaires de l’île". "L’étude économique du projet devra confirmer les retombées annoncées. L’étude d’impact sur l’environnement sera examinée de près et devra présenter toutes les mesures qui seront mises en œuvre pour préserver l’environnement", complétait le gouvernement.

L'homme d'affaires australien va donc se plier au jeu des questions-réponses avec le public. "Nous allons présenter à tout le monde les informations. Sans connaître l'ensemble des informations, il n'est pas possible de comprendre le projet et de le considérer correctement. C'est un problème et c'est pourquoi cette exposition est prévue", souligne Colin Randall. Chaque jour, à travers des conférences, la SAS Avenir Makatea expliquera pourquoi de par sa provenance de la mer, le phosphate est naturellement pur. Corlin Randall présentera la présence de phosphate sous forme sableuse ou en couche et les méthodes d'exploration qui ont conduit à lq découverte de la couche non exploitée de phosphate. La méthode de réhabilitation des terrains sera aussi décrite.

Plusieurs thèmes seront évoqués durant cette exposition : "l'histoire géologique et géomorphique de Makatea, la faune et le flore endémiques, la chasse au kaveu, les risques liés à la non-action"… Une partie de l'exposition reviendra aussi sur la vie des habitants.

La SAS Avenir Makatea a estimé la ressource en phosphate à 6.5 millions de tonnes. "C'est du phosphate de haute qualité. Nous pensons vendre 250 000 tonnes par an", explique Colin Randall. "La durée d'exploitation est prévue pour 26 ans. Il y aura 73 emplois directs. La tonne sera vendue 138 dollars US car c'est du phosphate de bonne qualité."

Les trois clients historiques du phosphate de Makatea étaient l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon. Au Japon, les sociétés Mitsui et Mitsubishi seraient déjà intéressés par ce phosphate. Il devrait être utilisé en ferme bio car c'est un phosphate naturel. L’exposition se déplacera ensuite à Rangiroa, Mataiva et Tikehau pour terminer en exposition permanente à Makatea.

Réhabilitation : comment ça marche

La Compagnie Française des Phosphates de l’Océanie (CFPO), créée en 1908, a exploité le phosphate de l'atoll de Makatea sur une superficie de 1 036 hectares.
La SAS Avenir Makatea prévoit d'exploiter et de réhabiliter 600 hectares, soit près de 60 % de l’ancienne zone exploitée. La réhabilitation se fera au fur et à mesure. La société ira chercher le phosphate entre 6 à 7 mètres de profondeur puis, une fois celui-ci récupéré, elle procédera à la réhabilitation. « Le sol (sera) réhabilité, d'une altimétrie inférieure de trois mètres environ par rapport au terrain initial, au sommet des trous", explique Colin Randall. "En attente, il (sera) replanté par des espèces indigènes, arbres et arbustes. »

Julien Mai, maire délégué de Makatea

" Il y a une opportunité de développer Makatea"

Vous êtes favorables à ce projet de reprise d'exploitation du phosphate. Pourquoi ?
"J'ai donné ma philosophie au début. J'ai l'impression que cette proposition permettra de conclure la première histoire de Makatea. Depuis 1966, date de la fin de l'extraction du phosphate par la Compagnie Française des Phosphates de l’Océanie, il y a eu beaucoup de projets proposés. Mais aucun n'a abouti. L'approche qui a été faite par la société Avenir Makatea nous fait dire que c'est peut être eux qui concluront la première histoire ce qui permettra à Makatea d'écrire sa nouvelle histoire. Sera-t-elle touristique, agricole ? Pour l'instant, nous ne savons pas. Le principal souci est de s'assurer que les propriétaires ne soient pas écartés mais qu'ils soient bien partie prenante car on a tout gagné.
Makatea est l'image parfaite de la plus grosse fracture écologique qu'il y ait jamais eu en Polynésie française. On met le CEP de côté car nous ne le voyons pas.
Il y a une opportunité de développer voire de redynamiser Makatea. L'idée que la réhabilitation suive l'extraction est déjà un grand pas. La CFPO a extrait, extrait puis en 1966 a mis la clé sous le paillasson et s'en est allée. Il ne faut pas que ça se reproduise."

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 22 Novembre 2016 à 15:27 | Lu 2281 fois