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Le projet d'escale du président taïwanais à Hawaï et Guam irrite Pékin


Crédit I-Hwa CHENG / AFP
Crédit I-Hwa CHENG / AFP
Taipei, Taïwan | AFP | jeudi 28/11/2024 - Le président taïwanais Lai Ching-te fera escale à Hawaï et sur le territoire américain de Guam lors d'une tournée dans trois pays du Pacifique, a annoncé jeudi la présidence, suscitant un nouvel avertissement de la Chine qui promet "d'écraser" toute tentative d'indépendance de Taïwan.

La Chine considère Taïwan, île démocratique autonome, comme faisant partie de son territoire et s'oppose à toute reconnaissance internationale de l'île. 

Lai Ching-te partira samedi pour visiter les îles Marshall, Tuvalu et Palau - les seules nations du Pacifique parmi les 12 alliés restants de Taïwan.

Ce sera son premier voyage à l'étranger depuis sa prise de fonction en mai. 

Des responsables taïwanais ont déjà fait escale sur le sol américain lors de déplacements dans le Pacifique ou en Amérique latine, suscitant la colère des dirigeants chinois.

En réaction à l'annonce de ce voyage, Wu Qian, porte-parole du ministère chinois de la Défense, a déclaré "s'opposer fermement à toute interaction officielle avec la région de Taïwan sous quelque forme que ce soit".

"L'(armée) chinoise a pour mission sacrée de protéger la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale et écrasera résolument toutes les tentatives sécessionnistes pour l'indépendance de Taïwan", a déclaré Wu Qian, porte-parole du ministère chinois de la Défense, lors d'une conférence de presse jeudi.

L'armée taïwanaise a déployé jeudi soir des avions, des navires et des systèmes de missiles côtiers après avoir détecté 19 appareils chinois près de l'île, selon le ministère taïwanais de la Défense. 

Quinze de ces avions ont franchi la ligne médiane du détroit de Taïwan, qui sépare les deux territoires, en coordination avec des navires de guerre chinois dans le cadre d'une "patrouille conjointe de préparation au combat", précise le communiqué.

- Rencontre avec de "vieux amis"  -
Lai Ching-te passera deux nuits à Hawaï et une nuit à Guam, rencontrant de "vieux amis" et des "membres de think tanks", a indiqué à l'AFP une source à la présidence sous couvert d'anonymat.

La Chine communiste, qui n'a jamais gouverné Taïwan, cherche à effacer l'île de la scène internationale, l'empêchant de participer aux forums internationaux et faisant pression sur les entreprises pour qu'elles mentionnent l'île comme une "province chinoise" sur leurs sites web.

Taïwan participe aux événements sportifs internationaux sous le nom de Taipei chinois et suscite la colère de Pékin lorsque des responsables taïwanais rencontrent des politiciens ou des représentants gouvernementaux étrangers.

La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré jeudi que les visites prévues de Lai étaient des "actions séparatistes". 

"Nous nous sommes toujours opposés aux échanges officiels entre les Etats-Unis et Taïwan (...) et à toute forme d'approbation et de soutien par les Etats-Unis des séparatistes indépendantistes de Taïwan", a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse régulière.

- Une hémorragie parmi les alliés -

Ces dernières décennies, Taïwan a perdu de nombreux alliés qui se sont ralliés à une Chine en plein essor, disposant de moyens plus importants pour fournir aide et investissements.

Les États-Unis sont le partenaire le plus important de Taïwan et son principal soutien en matière de sécurité, mais ne reconnaissent pas Taipei sur le plan diplomatique.

La prédécesseure de Lai Ching-te, Tsai Ing-wen, avait déjà transité par Hawaï et Guam lors de sa première visite officielle à ses alliés du Pacifique en 2017.

Tsai Ing-wen a également rencontré Kevin McCarthy, alors président de la Chambre des représentants américaine, en Californie en avril 2023 lors d'un voyage en Amérique latine, ce à quoi Pékin a répondu par des exercices militaires autour de l'île.

Les tensions entre la Chine et Taïwan se sont accrues depuis l'entrée en fonction de Lai Ching-te en mai.

Tsai Ing-wen et Lai Ching-te appartiennent tous deux au Parti démocrate progressiste (PDP), mais Lai Ching-te s'est montré plus direct dans sa défense de la souveraineté de l'île, Pékin le qualifiant de "séparatiste".

Le différend entre Pékin et Taipei remonte à 1949, lorsque les forces nationalistes de Tchang Kaï-chek ont perdu la guerre civile face aux combattants communistes de Mao Tsé-toung et se sont réfugiées à Taïwan.

La Chine et Taïwan sont gouvernées séparément depuis, mais Pékin n'exclut pas le recours à la force pour s'emparer de l'île.

Bien que Taïwan se considère comme une nation souveraine et dispose de son propre gouvernement, de son armée et de sa monnaie, elle n'a jamais déclaré formellement son indépendance et vit sous la menace constante d'une invasion par la Chine. 

Ces dernières années, la Chine a intensifié son activité militaire autour de l'île pour faire pression sur Taipei afin qu'elle accepte ses revendications de souveraineté.

Les États-Unis et la Chine s'opposent depuis longtemps au sujet de Taïwan, une île de 23 millions d'habitants qui s'est transformée en une démocratie dynamique et une puissance dans l'industrie des semi-conducteurs.

le Jeudi 28 Novembre 2024 à 07:04 | Lu 180 fois