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Le profil du surendetté : 46 ans et sans travail


PAPEETE, le 31 août 2016. Le surendettement touche principalement des personnes vivant en couple, sans travail et locataires de leur logement. Telle est la conclusion d'une enquête réalisée par l'Institut d'émission d'outre-mer. Cette étude a été réalisée à partir des dossiers examinés par la commission de surendettement en 2014.

Divorce, maladie, perte d'emploi… Chacun de nous peut être confronté à ces accidents de la vie, qui sont les premières causes du surendettement. "Le ralentissement de la croissance, puis la récession à partir de 2009 ont fragilisé le tissu social et plus d’un quart des actifs sont touchés par le chômage", rappelle l'Institut d'émission d'outre-mer (IEOM). "En raison de la faiblesse des amortisseurs sociaux, en particulier l’absence d’allocation chômage, la perte d’emploi ou toute autre cause de baisse soudaine des ressources (séparation, veuvage, retraite) peut faire basculer les personnes les plus vulnérables dans une situation de surendettement."

Le profil des surendettés n'est pas le même qu'en France. Au fenua, la population des foyers surendettés se caractérise par la prédominance (deux tiers) de personnes vivant en couple et ayant au moins une personne à charge (74%) avec deux à trois personnes à charge en moyenne, indique l'Institut d'émission d'outre-mer. L'IEOM a publié ce mercredi une étude à partir des dossiers examinés par la commission de surendettement en 2014 en Polynésie française.
En Polynésie française, près des deux tiers des personnes surendettées vivent en couple, un taux supérieur à celui de l’hexagone.

LES JEUNES MOINS TOUCHES
La part des surendettés ayant au moins une personne à charge est aussi plus importante (74 %, contre 50 % en métropole et dans les DOM), avec deux à trois personnes à charge en moyenne. Les ménages surendettés comportant 3 personnes à charge ou plus représentent 29 % du total en Polynésie française contre 13 % en métropole.
Les Polynésiens surendettés sont relativement plus âgés qu’en métropole : ils ont majoritairement entre 45 et 54 ans, comme dans les DOM. Les jeunes paraissent moins exposés au surendettement grâce au soutien familial et intergénérationnel : les moins de 35 ans ne représentent que 14 % des surendettés. Le chômage est le principal facteur d’explication de leur surendettement et concerne 60 % d’entre eux.

"En Polynésie française, 71 % des surendettés n’ont aucun revenu (activité, allocation, patrimoine, etc.)"
, indique l'IEOM. "L’écart par rapport aux DOM (moins de 20 %) s’explique principalement par la part des surendettés au chômage (48 %) conjuguée à l’absence d’assurance chômage. Seul un tiers des surendettés ont un emploi et 14 % sont retraités."


LE POIDS DE L'ENDETTEMENT IMMOBILIER
Au fenua, plus de 70 % des Polynésiens sont propriétaires de leur logement, moins d'un tiers des surendettés le sont ! "La plupart sont locataires (38%), ce qui explique leur faible capacité de remboursement lorsque leurs ressources baissent", analyse l'IEOM.

Les Polynésiens surendettés cumulent en moyenne cinq dettes (hors dettes pénales et professionnelles). L’encours moyen par débiteur (7,9 millions de Fcfp) est bien supérieur à celui des DOM et de la métropole (4,9 millions de Fcfp), en raison du poids important des crédits immobiliers.

Les dettes immobilières représentent près de la moitié du montant d'endettement global des surendettés. "Les dettes bancaires issues des crédits à la consommation concernent 63% des surendettés", indique l'IEOM.

Des arriérés de charges courantes (loyer, électricité, téléphonie, dettes de santé, dettes scolaires, dettes fiscales, etc.) et des crédits alimentaires sont recensés dans 54 % des cas de surendettement. "Ils ne représentent toutefois que 8 % du montant d’endettement global, pour un encours moyen de 1,2 million de Fcfp par personne surendettée et de 0,6 million de Fcfp par dette", indique l'IEOM. "Les plus récurrents sont les créances vis-à-vis du Trésor public, les arriérés de loyers et charges locatives ainsi que les dettes aux opérateurs téléphoniques."

Un dispositif pour traiter le surendettement

Une Commission de surendettement a été mise en place en Polynésie française en 2012. Elle s’adresse aux particuliers dans l’incapacité de faire face à leurs dettes bancaires et non bancaires.
Elle a pour objectif de traiter et d’empêcher l’aggravation des situations d’impasse dans lesquelles se trouvent les personnes surendettées venant la consulter.
Pour que leur demande soit recevable, les surendettés doivent être de bonne foi et dans l’impossibilité de rembourser leurs dettes, qui doivent être de nature non professionnelle. En Polynésie française, le taux de recevabilité des dossiers déposés auprès de la Commission est élevé (98 % en 2014, contre 89 % en métropole, et 81 % dans les DOM).
En Polynésie française, 66 % des dossiers orientés en procédure classique aboutissent à un accord. À l’inverse, en métropole, la majorité des dossiers orientés en procédure classique doit faire l’objet de mesures imposées aux créanciers (58 %). Le recours à la procédure classique est moins important en Polynésie française (47 % des dossiers) qu’en métropole (62 %) et dans les DOM (73 %), et il tend à diminuer au profit des procédures non conventionnelles de rétablissement personnel.



Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 31 Août 2016 à 13:17 | Lu 3738 fois