Le poisson qu'on mange n'est pas toujours celui qu'on croit avoir acheté


PARIS, 26 avr 2012 (AFP) - Pour faire face à l'épuisement des stocks du fait de la surpêche, les professionnels du marché de la pêche n'hésitent pas à vendre des poissons de moindre qualité faussement étiquetés, affirme jeudi l'alliance Ocean2012.

Selon les recherches effectuées par la centaine d'organisations de défense des écosystèmes marins regroupées au sein de cette alliance, 28% des poissons vendus en Irlande sous l'appellation "morue" n'en sont pas. Il s'agit en réalité de lieu jaune, de lieu noir ou de merlan portant des étiquettes frauduleuses.

"Le fait de paner, fumer ou enrober ces filets dans de la pâte à frire permet de masquer l'apparence, l'odeur et le goût de ces imposteurs", assure l'alliance dans un rapport.

De même en France le consommateur non averti ignore que la roussette, la saumonette ou encore le chien de mer sont en réalité de petits requins.

En Espagne un tiers des poissons vendus sous l'étiquette "merlu" sont en fait une variété de second rang pêchée dans les eaux africaines, selon des études menées par l'université espagnole d'Oviedo.

Le kilo de merlu frais européen était vendu 11,72 euros en 2010 contre à peine 6,79 euros pour le merlu africain. Les fraudeurs n'ont pas hésité à mettre le second sur les étals européens en prétendant qu'il avait été pêché dans les eaux locales.

Autre fraude dénoncée par Ocean2012, le pangasius, un poisson élevé dans les eaux chaudes, douces et saumâtres d'Asie du sud-est et actuellement le moins cher sur le marché mondial, a été servi comme de la morue, poisson des eaux froides de l'Atlantique, dans des "Fish and Chips" britanniques. En dix ans les importations en Europe de ce poisson de basse qualité ont bondi de 2.000 à 220.000 tonnes.

En France la consommation de produits de la mer augmente en moyenne de 2% par an depuis deux décennies, rappelle l'alliance. "Et la demande ne cesse d'augmenter alors que les stocks de poissons exploités localement ne cessent de décliner pour cause de surpêche", indique Stéphane Beaucher, coordonnateur politique pour Ocean2012.

Les pratiques frauduleuses de certains opérateurs sont d'autant plus aisées que la plupart des consommateurs ne sont pas capables d'identifier les espèces, indique l'alliance. En outre les contrôles sont peu nombreux en raison de la dispersion des points de distribution.

Rédigé par AFP le Jeudi 26 Avril 2012 à 06:06 | Lu 851 fois