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Le plastique à usage unique, bientôt fini ?


D'ici 2028, le plastique à usage unique devrait disparaître. Utopie ou réalité, l'exercice commence le 1er juillet 2025.
D'ici 2028, le plastique à usage unique devrait disparaître. Utopie ou réalité, l'exercice commence le 1er juillet 2025.
Tahiti, le 17 mars 2025 - L'échéance arrive à grand pas. À compter du 1er juillet 2025, les couverts, assiettes, gobelets non biodégradables et à usage unique seront interdits à la vente ou à la mise à disposition gratuite. “Une première étape d'une longue série”, assure la Direction de l'environnement. Et si les entreprises semblent avoir pris les devants, du côté des consommateurs, les avis sont plus mitigés.
 
“Tournons la page du jetable à usage unique”, invite la Direction de l'environnement de Polynésie française (Diren) dans sa dernière campagne Zéro déchet. En effet, le 5 mars dernier, l'institution a tenu à rappeler qu'à compter du 1er juillet prochain, l'importation, l'export, la détention pour mise en vente ou distribution gratuite des gobelets, verres, assiettes, couverts, touillettes, couvercles et pailles en plastique ou en aluminium à usage unique seront interdits. Ces derniers devant être remplacés par des solutions durables, réutilisables ou biodégradables. Actuellement, en Polynésie française, il n'est tout simplement pas possible de recycler la vaisselle, contrairement aux bouteilles en plastique, ou aux cannettes, qui bénéficient de filières de recyclage bien établies.
 
Et la Diren prévient : “Il s'agit de la première étape d'une longue série de changements pour un avenir plus durable.” Concrètement, celle-ci prévoit au 1er janvier 2026 l'obligation pour les différents restaurateurs de servir, dans l'enceinte de leur établissement, les repas et boissons uniquement au moyen de vaisselle réemployable (gobelets, couvercles, assiettes, couverts). Au 1er juillet 2026, la Diren prévoit l'interdiction pure et simple de fabriquer, importer, exporter ou détenir pour mise en vente ou distribution gratuite des contenants alimentaires en plastique ou aluminium à usage unique. En 2027, dès le 1er janvier, il sera interdit pour les établissements de détenir pour mise en vente ou distribution gratuite les emballages en plastique des fruits et légumes non transformés. Et enfin, à l'horizon 2028, la Diren compte mettre fin à l'utilisation du film alimentaire en plastique étirable. Et l'institution insiste fermement : “L'écoulement des stocks ne sera pas autorisé, et toutes les structures concernées devront cesser l'utilisation de ces produits dès les dates fixées.”
 
Les entreprises prêtes à faire le pas
 
Directement concernés, certains prestataires n'ont pas attendu les dates limites fixées par la Diren pour changer leurs habitudes ou entamer leur transition. À l'exemple du groupe Plastiserd, spécialisé dans la fabrication et la distribution d’emballages et de divers articles en matières plastiques : “Nous proposons déjà des couverts en bambou, des assiettes, des boîtes et des pailles en carton”, explique l'un de ses commerciaux en boutique. “Nous nous préparons progressivement aux réglementations à venir. Certains de nos produits en plastique sont voués à disparaître et seront remplacés. Petit à petit, on s'adapte.” Et effectivement, sur les étalages, les clients ont le choix. Chaque produit – ou en tout cas bon nombre d'entre eux – étant proposé dans sa version plastique ou biodégradable.
 
Du côté des roulottes, restaurateurs utilisant massivement ces produits plastiques à usage unique, les réglementations à venir sont accueillies avec compréhension : “Je suis pour”, affirme Pupu Salmon, propriétaire d'une roulotte à Aorai Tini Hau. “Même si actuellement j'utilise encore du plastique, je propose déjà des couverts en bois. J'ai des mo'otua, donc j'ai envi que demain elles puissent aller à la mer comme j'ai pu le faire étant plus jeune. Ce sont des choses simples comme ça qui, malheureusement, sont menacées aujourd'hui à l'allure où on va. Pour vous donner un exemple, très souvent je vais à la rivière donner mes restes aux puhi, aux poissons, etc. Et lorsque je me rends là-bas après des jours de pluie... oh là là... on voit de tout. C'est horrible. On trouve beaucoup, beaucoup de plastique. C'est pour ça que je suis pour la transition vers le carton et autres supports biodégradables. Avec le temps, ça va se désintégrer. Le plastique, non.” Et la responsable de la roulotte en témoigne tous les jours, la transition ne sera pas si simple : “Ici les gens sont encore trop irrespectueux. Ils s'en fichent. Ils ne font pas le tri. Moi même, je reprends très souvent mes travailleurs pour qu'ils fassent l'effort. Je suis très carré là-dessus.”
 
Des consommateurs mitigés
 
Si la tendance écologique ne fait plus aucun doute à l'heure des différents impératifs climatiques, dans les faits, certaines réalités entraînent une réticence du côté de la population. À l'exemple de Arthur, 40 ans et père de famille : “J'ai du mal avec tout ce qui est en bois et carton. C'est souvent plus fragile. Lorsque l'on met une paille dans une boisson, il faut vite boire car en quelques minutes la paille s'abîme. Et puis en bouche, je trouve la sensation désagréable. Idem pour les plats, leur utilisation peut être très vite limitée s'il s'agit de plats en sauce par exemple. Ce n'est pas le plus pratique. D'autant que, même si l'on essaye d'utiliser d'avantage le carton, si ce dernier est sale, il n'est plus recyclable me semble-t-il. Je crois que la transition sera plus longue et lente que prévu.” Une réflexion qui n'est pas partagée par tous. Temana, 26 ans, défend les valeurs de son temps : “Il faut que l'on arrête de faire comme si on avait le choix. Quand on sait ce qui se passe dans le monde aujourd'hui, il est difficile de fermer les yeux ou de demeurer spectateur. Nous devons tous apprendre à changer nos habitudes. Oui, ce n'est pas toujours agréable, mais il en va de l'avenir des générations futures. Il ne faut pas se précipiter mais avancer, petit à petit, toujours dans le bon sens et un jour on y arrivera. Il faut en finir avec le plastique.”
 

Sur les étalages des boutiques spécialisées, la transition se fait déjà sentir.
Sur les étalages des boutiques spécialisées, la transition se fait déjà sentir.

Rédigé par Wendy Cowan le Lundi 17 Mars 2025 à 13:39 | Lu 1613 fois