Le plan AGIR 2020 contre les violences conjugales


Pour lutter contre ce fléau les services de gendarmerie ont lancé ce jeudi le plan "AGIR 2020 face aux violences conjugales" qui vise à intensifier l’action des unités de gendarmerie chargées du traitement des violences conjugales.
Tahiti, le 14 novembre 2019 - Les services de gendarmerie ont lancé ce jeudi la première session de formation consacrée aux violences conjugales. L’objectif est de délivrer un socle homogène de connaissances et de conseils aux militaires afin d'améliorer l'accompagnement des victimes et le signalement des auteurs de violences. 

Avec 917 victimes de violences conjugales en 2018, soit deux fois plus que dans les ménages métropolitains, le fenua fait office de mauvais élève sur le territoire de la République. Pour lutter contre ce fléau, les services de gendarmerie ont lancé ce jeudi le plan "AGIR 2020 face aux violences conjugales" qui vise à intensifier l’action des unités de gendarmerie chargées du traitement des violences conjugales.

Ce plan comporte un volet de formation interne destiné aux gendarmes primo-intervenants sur les situations de violences conjugales. La première session a démarré hier à la brigade de Faa'a. L’objectif est de délivrer un socle homogène de connaissances et de conseils aux militaires en charge du traitement des violences conjugales, afin d’améliorer l’accompagnement des victimes et le signalement des auteurs de violences. 

"PORTER PLAINTE C'EST ESSENTIEL"

"L'objectif est de mieux former les gendarmes mais également les policiers à l'accueil des victimes dans les brigades. On note qu'il y a une levée des tabous au sein des familles. On sait que ce n'est pas toujours facile de porter plainte contre un membre de sa famille. C'est quelqu'un avec qui nous avons des liens et de l'affection. Mais porter plainte c'est absolument essentiel parce que cela permet d'enclencher toute l'action publique et de punir ceux qui commettent des violences", explique Dominique Sorain, haut-commissaire de la République.

"Il y a les faits, mais il y a également une charge émotionnelle énorme de la part de la victime qui est obligée de fuir son logement et d'aller l'expliquer. D'où l'importance de cette formation et de la qualité du recueil de la parole de la victime", insiste de son côté Thomas Pison, le procureur général. 

TRAVAILLER AVEC LES ASSOCIATIONS

La formation s'articule autour de trois modules. Le premier, "Accueillir, comprendre, échanger" doit permettre de détecter des signes évocateurs de violences, donner de bons réflexes pour accueillir et échanger avec une victime, délivrer des conseils pratiques pour la prise en charge des victimes. Le second, "Intervenir et enquêter" vise à renforcer le travail des enquêteurs pour effectuer le relevé des traces et des indices et améliorer l’échange d’informations pour faire avancer l’enquête.  Et le troisième module, "Signaler et accompagner", systématise la mise en relation avec les élus et les associations d’aide aux victimes (L’association Polyvalente d’actions judiciaires - APAJ, Te Rama Ora) et présente les différents dispositifs d’aide aux victimes.

"A nous d'être innovants et de trouver des solutions avec les associations qui peuvent apporter l'aide et l'appui à ces femmes qui se retrouvent toutes seules. Et il y a une vraie volonté du pays de donner des moyens aux associations pour pouvoir aider les victimes de violences", affirme le procureur général.

"Le but de cette formation est également de leur donner des approches intéressantes pour prendre en compte ces situations. D'où la présence d'intervenants extérieurs à la gendarmerie comme des psychologues, des travailleurs sociaux, des magistrats qui chacun dans leur domaine sont en mesure de donner de bonnes pratiques", complète le colonel Frédéric Boudier, commandant de la gendarmerie en Polynésie française.  

Rappelons que cette année, deux femmes sont déjà tombées sous les coups de leur conjoint en Polynésie française. 

PAROLE A

Frédéric Boudier, commandant de la gendarmerie en Polynésie française
"La prise en compte initiale est importante"


"Le but de cette formation n'est pas d'avoir une unité spécialisée parce que déjà, elle serait très sollicitée. Et puis on ne peut avoir une équipe de spécialistes parce qu'ils seraient amenés à intervenir a postériori, et c'est bien la prise en compte initiale qui est importante. Le travail qui va être effectué à la base est très important. A la fois sur le travail technique d'enquêteur mais également sur l'empathie du gendarme. C'est compliqué à gérer, ce n'est pas quelque chose qui s'apprend en école. 
Le but de cette formation est également de leur donner des approches intéressantes pour prendre en compte ces situations. D'où la présence d'intervenants extérieurs à la gendarmerie comme des psychologues, des travailleurs sociaux, des magistrats qui chacun dans leur domaine sont en mesure de donner de bonnes pratiques. 
Les gendarmes interviennent souvent en plein milieu de la nuit dans des situations extrêmement conflictuelles, dans des situations sur fond d'alcool, ce sont donc des situations très difficiles à gérer.

Rédigé par Désiré Teivao le Jeudi 14 Novembre 2019 à 15:55 | Lu 1685 fois