NOUMEA, 18 janvier 2011 (AFP) - C'est un édifice unique en France. Avec sa robe de métal immaculé et ses 56 mètres de haut, le phare Amédée, l'un des plus hauts du monde, veille sur le lagon de Nouvelle-Calédonie, où il est devenu une attraction prisée des touristes.
Sertie d'une barrière de corail, aux récifs affleurants, la Nouvelle-Calédonie est un rivage à haut risque pour tous navigateurs.
Quelques années après la prise de possession par la France en 1853 de cet archipel, plusieurs navires avaient déjà sombré au large de ses côtes dont la corvette de guerre La Seine, qui s'était échouée en 1846.
Neuf ans plus tard, une autre corvette de guerre, L'Aventure, s'était fracassée sur un haut-fond au large de l'île des Pins, dans le sud.
Aussi l'édification d'un phare avait-elle rapidement été envisagée par l'administration française, qui entendait faire de la nouvelle colonie un port de commerce prospère, avec l'Australie et l'Europe.
L'entreprise fût confiée à l'ingénieur Léonce Raynaud, qui décida en pleine révolution industrielle de construire un phare métallique, et non en briques et en pierres comme le sont la plupart des phares de Métropole.
"Son idée était de faire un monument, qui fasse rayonner le prestige de la France dans le Pacifique. C'est pour ça que ce phare est totalement disproportionné", explique Valérie Vattier, directrice du musée maritime de Nouméa et auteur avec Vincent Guingueno d'une monographie parue l'an dernier, "Lumière de Paris et de Nouvelle-Calédonie-Le phare Amédée" (Ed.Point de vue).
L'ingénieur choisit d'habiller son phare d'une tourelle et surtout d'une robe métallique, réalisée grâce à un patchwork de plaques, au grand dam de son confrère de l'époque Gustave Eiffel, qui ne jurait que par les structures de métal aérées, donnant l'illusion de souplesse.
Installées rue des Buttes Chaumont, les entreprises Rigolet se virent commander l'ouvrage, qui trônera en plein Paris, pendant près de deux ans, faute de navires pour expédier à l'autre bout du monde les 500 caisses du phare et leurs 400 tonnes.
"La France venait de décider que la Nouvelle-Calédonie serait une colonie pénitentiaire. Les bateaux étaient remplis de bagnards et il n'y avait pas de place pour le phare", explique Valérie Vattier.
Il prit finalement la mer en juin 1864, et fût assemblé par des marins, des bagnards et des "indigènes" kanak sur l'ilôt Amédée, à une vingtaine de kilomètres au large de Nouméa pour baliser l'entrée du port, par la passe de Boulari.
Premier phare de l'archipel, il devint sur le champ une attraction.
En 1869, un phare jumeau du phare Amédée avait été construit à l'initiative de Léonce Reynaud et fût érigé à 40 km du littoral sur le plateau des Roches-Douvres, entre les îles de Bréhat et Guernesey, dans la Manche. L'édifice a cependant été détruit par les troupes allemandes en 1944.
Aujourd'hui, classé monument historique, le phare Amédée attire chaque année plus de 20.000 touristes, qui grimpent volontiers ses 247 marches pour jouir d'une vue imprenable sur le lagon calédonien, inscrit au patrimoine mondial de l'humanité.
cw/rh/bg
Sertie d'une barrière de corail, aux récifs affleurants, la Nouvelle-Calédonie est un rivage à haut risque pour tous navigateurs.
Quelques années après la prise de possession par la France en 1853 de cet archipel, plusieurs navires avaient déjà sombré au large de ses côtes dont la corvette de guerre La Seine, qui s'était échouée en 1846.
Neuf ans plus tard, une autre corvette de guerre, L'Aventure, s'était fracassée sur un haut-fond au large de l'île des Pins, dans le sud.
Aussi l'édification d'un phare avait-elle rapidement été envisagée par l'administration française, qui entendait faire de la nouvelle colonie un port de commerce prospère, avec l'Australie et l'Europe.
L'entreprise fût confiée à l'ingénieur Léonce Raynaud, qui décida en pleine révolution industrielle de construire un phare métallique, et non en briques et en pierres comme le sont la plupart des phares de Métropole.
"Son idée était de faire un monument, qui fasse rayonner le prestige de la France dans le Pacifique. C'est pour ça que ce phare est totalement disproportionné", explique Valérie Vattier, directrice du musée maritime de Nouméa et auteur avec Vincent Guingueno d'une monographie parue l'an dernier, "Lumière de Paris et de Nouvelle-Calédonie-Le phare Amédée" (Ed.Point de vue).
L'ingénieur choisit d'habiller son phare d'une tourelle et surtout d'une robe métallique, réalisée grâce à un patchwork de plaques, au grand dam de son confrère de l'époque Gustave Eiffel, qui ne jurait que par les structures de métal aérées, donnant l'illusion de souplesse.
Installées rue des Buttes Chaumont, les entreprises Rigolet se virent commander l'ouvrage, qui trônera en plein Paris, pendant près de deux ans, faute de navires pour expédier à l'autre bout du monde les 500 caisses du phare et leurs 400 tonnes.
"La France venait de décider que la Nouvelle-Calédonie serait une colonie pénitentiaire. Les bateaux étaient remplis de bagnards et il n'y avait pas de place pour le phare", explique Valérie Vattier.
Il prit finalement la mer en juin 1864, et fût assemblé par des marins, des bagnards et des "indigènes" kanak sur l'ilôt Amédée, à une vingtaine de kilomètres au large de Nouméa pour baliser l'entrée du port, par la passe de Boulari.
Premier phare de l'archipel, il devint sur le champ une attraction.
En 1869, un phare jumeau du phare Amédée avait été construit à l'initiative de Léonce Reynaud et fût érigé à 40 km du littoral sur le plateau des Roches-Douvres, entre les îles de Bréhat et Guernesey, dans la Manche. L'édifice a cependant été détruit par les troupes allemandes en 1944.
Aujourd'hui, classé monument historique, le phare Amédée attire chaque année plus de 20.000 touristes, qui grimpent volontiers ses 247 marches pour jouir d'une vue imprenable sur le lagon calédonien, inscrit au patrimoine mondial de l'humanité.
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