Le péril aviaire sur l’aéroport de Faa’a est pris «très au sérieux»


PAPEETE, jeudi 4 avril 2013. L’incident d’un avion d’Air France avec des oiseaux sur l’aéroport de Faa’a qui a conduit au retard de 24 heures du vol AF077 du mercredi 3 avril a été géré par la compagnie avec tout le sérieux nécessaire. En effet, l’ingestion d’oiseaux dans les réacteurs d’un avion peut causer des dommages importants au moteur. Mercredi matin, c’est à l’atterrissage -alors que le Boeing 777-200 était déjà au sol- qu’un nuage de vini donacoles a été aspiré par les réacteurs de l’avion. Une cinquantaine de ces petits oiseaux tropicaux morts a été retrouvée par la suite sur le tarmac. La procédure de vérification du moteur a pris ensuite plusieurs heures, le temps de s’assurer que l’ingestion de ces oiseaux n’avait pas provoqué de casse matérielle. Or, alors que la vérification des moteurs touchait à sa fin et que le vol était programmé pour mercredi midi, c’est ensuite l’amplitude horaire maximale autorisée pour les équipages qui a provoqué l’annulation complète du vol de mercredi vers Los Angeles et sa nouvelle programmation pour ce jeudi matin.

Le péril animalier et particulièrement aviaire est l’objet de grandes précautions dans tous les aéroports du monde
. «C’est un risque pris très au sérieux et des moyens importants sont mis en œuvre et vérifiés régulièrement par les services de l’aviation civile de l’Etat» affirme Frédéric Mor, le directeur général d’ADT (Aéroport de Tahiti). Les 34 pompiers de la plateforme aéroportuaire sont formés à ce risque : «avant chaque décollage ou chaque atterrissage des manœuvres d’effarouchement des oiseaux avec des cartouches détonantes, crépitantes sont utilisées pour faire fuir les oiseaux. Nous sommes également autorisés à abattre les oiseaux qui ne s’enfuient pas et qui représentent un danger avec du calibre 12» précise encore Frédéric Mor. La prise en compte de ce risque animalier est une lutte sans fin sur tous les aéroports et les solutions trouvées sur certains sites ne fonctionnent pas partout en fonction des espèces qui vivent sur un territoire. Ainsi, l’utilisation d’enregistrement de cris d’oiseaux prédateurs comme des faucons crécerelles très utilisés en France métropolitaine sont inefficaces ici car les oiseaux locaux ne connaissent pas ce prédateur ! D’autres expériences sont envisagées comme de planter les zones vertes de l’aéroport de Faa’a de gazon japonais réputé peu attrayant, car peu comestible pour les oiseaux. «Dans tous les cas il faut être prudent, car modifier un paramètre dans l’environnement peut effectivement éloigner les oiseaux qui habituellement sont sur le site, mais faire apparaître d’autres espèces» poursuit Frédéric Mor. Mais la sécurité des passagers et des équipages étant en jeu, ainsi que la maintenance d’aéronefs qui coûte très cher, conduisent à ce que des recherches soient constamment menées pour éloigner le plus possible le péril aviaire des zones aéroportuaires.

L’aéroport de Tahiti Faa’a n’est pourtant pas le plus exposé à ce péril aviaire. La Polynésie n’étant pas précisément sur le cheminement d’oiseaux migrateurs échappe ainsi à un risque élevé en la matière. Mais il n’est pas nul, bien entendu. «Avec les pluies plus marquées cette année, nous avons eu une recrudescence de la présence d’oiseaux entre novembre et janvier dernier» admet Frédéric Mor. Et il y a quelques mois, un avion d’Air Tahiti Nui a ingéré au décollage (l’avion était alors à 200 pieds d’altitude) un oiseau de nuit de taille importante qui reste non identifié. Si cette collision n’a pas provoqué d’incident –juste une légère et momentanée baisse de pression-, il a fallu néanmoins réparer le moteur une fois arrivé à Los Angeles. Surtout la collision avec un oiseau, durant la nuit, a intrigué les responsables de la sécurité de l’aéroport de Faa’a alors que les espèces d’oiseaux nocturnes sont rares en Polynésie. Au point que les mesures habituelles prises sur ce péril aviaire ont même été renforcées. Il n’en reste pas moins que des zones de nidification et d’habitats d’oiseaux sont clairement identifiés du côté nord de l’aéroport : des squatts offrent en effet des sites de nourriture pour les oiseaux, particulièrement les vini très domestiques, qui picorent ensuite au bord des pistes. «Le péril animalier est vraiment un sujet très compliqué à gérer. Aéroport de Tahiti a une obligation de moyens pour cette lutte contre le risque aviaire et nous nous y conformons» détaille Frédéric Mor. En revanche l’obligation de résultat n’existe pas : les oiseaux étant des animaux il est impossible de leur faire comprendre définitivement qu’un aéroport est un site beaucoup trop dangereux pour eux.




Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 4 Avril 2013 à 13:07 | Lu 3105 fois