Le parquet contre Marcelin Lisan en appel


Marcelin Lisan, tavana de Huahine, avait échappé à l'inéligibilité requise contre lui en première instance.
PAPEETE, le 17 novembre 2016 - La cour d'appel de Papeete s'est penché ce jeudi , en seconde instance, sur le dossier de détournement de fonds publics présumé visant le maire de Huahine, Marcelin Lisan. C'est le parquet avait fait appel du jugement du tribunal correctionnel, très clément par rapport à ses réquisitions.

L'élu avait écopé d'une peine d'amende de 1 million de francs devant le tribunal correctionnel en première instance, en janvier 2015, provoquant l'appel du parquet qui avait requis beaucoup plus sévèrement deux mois plus tôt contre cet ancien représentant du Tahoeraa Huiraatira : 1 an de prison avec sursis, 100 000 Fcfp d’amende et surtout 5 ans d’inéligibilité. Le procureur général a sans surprise renouvelé ces réquisitions ce matin en appel, la cour a mis sa décision en délibéré au 26 janvier 2017.

Marcelin Lisan est poursuivi pour détournement, complicité de détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts dans cette affaire qui remonte à sa première mandature à Huahine, entre 2005 et 2008. Une enquête avait été ouverte suite à une rafale d’accusations portée contre le tavana par l’un de ses opposants politiques.

La justice lui reprochait en effet toute une série de délits présumés pour lesquels l'élu avait été partiellement relaxé en première instance. Le premier d’entre eux, celui pour lequel il avait été condamné, étant d'avoir privilégié le supermarché Fare Nui, dont il était co-gérant, comme fournisseur de la mairie à l'occasion des réceptions et autres cérémonies organisées par la municipalité.

La vie des îles...

Marcelin Lisan avait également eu à répondre de l'embauche d'une vahine, avec laquelle il entretenait une liaison, comme collaboratrice à l’assemblée de la Polynésie française alors même qu’elle n’avait aucune compétence pour le poste, d'avoir fait acheter par la mairie deux véhicules de fonction à deux de ses adjoints qui les utilisaient comme leurs véhicules de tous les jours, et enfin d’avoir favorisé la petite entreprise de pompes funèbres du compagnon de sa première adjointe qui utilisait des véhicules de la commune et les services des mutoi pour s’occuper du transport des cercueils et des défunts, prestation qu’il facturait à son crédit. Egalement poursuivis, les autres protagonistes du dossier avaient tous été relaxés en première instance.

Me Quinquis, avocat de Marcelin Lisan, s’était attaché à rappeler le contexte particulier du fonctionnement de ces îles "loin de tout" ou se côtoient quelques milliers de personnes pour les plus peuplées et "où tout le monde est feti et à un intérêt dans l’épicerie du coin". "La justice a été instrumentalisée dans le cadre d’un règlement de compte politique ou un opposant avait livré une liste de 16 ou 17 infractions supposées à la justice en se disant qu’il en resterait bien quelque chose", avait ajouté l’avocat en première instance. Il a de nouveau plaidé ce jeudi la relaxe intégrale de son client.


Rédigé par Raphaël Pierre le Jeudi 17 Novembre 2016 à 15:47 | Lu 2858 fois