Paris, France | AFP | mercredi 26/07/2023 - Des ordinateurs distribués sans travail pédagogique préalable, des savoirs basiques qui se perdent, des enfants distraits : la technologie numérique en milieu scolaire, loin d'être la panacée, peut avoir "des effets néfastes" et doit être "régulée", affirme l'Unesco.
Si le numérique a "drastiquement amélioré l'accès aux ressources d'enseignement et d'apprentissage", notamment en Ethiopie ou en Inde, où des bibliothèques en ligne, très populaires, ont vu le jour, et l'apprentissage à distance a sauvé l'éducation pendant la pandémie de Covid-19, ces technologies sont aussi largement promues par les fabricants, non sans certaines manipulations.
L'organisation onusienne pour l'éducation, les sciences et la culture, note ainsi le "manque" de données "impartiales" sur l'impact des technologies éducatives.
"Une grande partie des données probantes proviennent des entités qui cherchent à vendre ces technologies", regrette son rapport publié mercredi et intitulé "Les technologies dans l'éducation : qui est aux commandes ?".
Il cite l'exemple d'un éditeur britannique, Pearson, que "a financé ses propres études" afin de "contester une analyse indépendante qui avait montré l'absence d'impact de ses produits".
Se concentrer sur les résultats
Or, il faut "se concentrer sur les résultats d'apprentissage, et non sur les ressources numériques", souligne l'Unesco.
Au Pérou, "lorsque l'on a distribué plus d'un million d'ordinateurs portables sans les intégrer à la pédagogie, l'apprentissage n'a pas connu d'amélioration", relève le rapport.
"Aux États-Unis, une analyse portant sur plus de deux millions d'élèves a révélé que les inégalités d'apprentissage s'étaient creusées lorsque l'enseignement avait été exclusivement dispensé à distance", poursuit-il.
Les technologies peuvent se révéler "néfastes" en cas d'utilisation "inappropriée ou excessive", une enquête de l'OCDE suggérant notamment "un lien défavorable entre l'utilisation excessive des technologies de l'information et de la communication et la performance des élèves", ajoute-t-il.
"On a trouvé que la simple proximité avec un appareil mobile distrayait les élèves et avait un impact négatif sur l'apprentissage dans 14 pays, pourtant, moins d'un sur quatre a interdit l'utilisation des (smartphones) dans les établissements scolaires", analyse encore l'Unesco.
Ethique
A ceci se superposent des questionnements éthiques, car "les données des enfants sont exposées".
Selon l'Unesco, qui cite une autre étude, "89% des 163 produits technologiques éducatifs recommandés pendant la pandémie pouvaient surveiller les enfants".
Pourtant, "seuls 16 % des pays garantissent explicitement la confidentialité des données dans l'éducation par la loi".
Il est indéniable que "tout le monde", élèves inclus évidemment, "devrait s'initier à la technologie" car elle "fait partie de nos compétences de base aujourd'hui", note à l'AFP Manos Antoninis, le directeur du rapport, interrogé par l'AFP.
Mais cela ne passe pas forcément par la technologie elle-même, insiste-t-il.
"Les enfants qui savent mieux lire ont cinq fois plus de chances de ne pas être trompés par des mails d'hameçonnage. Cela ne nécessite rien de technologiquement avancé. Il suffit juste d'avoir de bonnes capacités de lecture et de réflexion critique", remarque l'expert.
L'Unesco, dans un communiqué, appelle donc à "réguler la façon dont les nouvelles technologies sont utilisées dans l'éducation", où sévit un "manque de gouvernance et de réglementation adaptées".
La révolution numérique, qui dispose d'un "immense potentiel", doit être "encadrée" dans l'éducation, comme elle l'est dans le reste de la société, affirme Audrey Azoulay, la directrice générale de l'organisation.
Et la patronne de l'Unesco d'avertir : "La technologie doit améliorer le processus d'apprentissage et servir le bien-être des élèves et des enseignants, plutôt qu'être utilisée à leur détriment."
Elle appelle ainsi à "placer les besoins de l'apprenant au premier plan et soutenir le travail des enseignants. Les interactions en ligne ne peuvent en aucun cas remplacer les interactions humaines."
Si le numérique a "drastiquement amélioré l'accès aux ressources d'enseignement et d'apprentissage", notamment en Ethiopie ou en Inde, où des bibliothèques en ligne, très populaires, ont vu le jour, et l'apprentissage à distance a sauvé l'éducation pendant la pandémie de Covid-19, ces technologies sont aussi largement promues par les fabricants, non sans certaines manipulations.
L'organisation onusienne pour l'éducation, les sciences et la culture, note ainsi le "manque" de données "impartiales" sur l'impact des technologies éducatives.
"Une grande partie des données probantes proviennent des entités qui cherchent à vendre ces technologies", regrette son rapport publié mercredi et intitulé "Les technologies dans l'éducation : qui est aux commandes ?".
Il cite l'exemple d'un éditeur britannique, Pearson, que "a financé ses propres études" afin de "contester une analyse indépendante qui avait montré l'absence d'impact de ses produits".
Se concentrer sur les résultats
Or, il faut "se concentrer sur les résultats d'apprentissage, et non sur les ressources numériques", souligne l'Unesco.
Au Pérou, "lorsque l'on a distribué plus d'un million d'ordinateurs portables sans les intégrer à la pédagogie, l'apprentissage n'a pas connu d'amélioration", relève le rapport.
"Aux États-Unis, une analyse portant sur plus de deux millions d'élèves a révélé que les inégalités d'apprentissage s'étaient creusées lorsque l'enseignement avait été exclusivement dispensé à distance", poursuit-il.
Les technologies peuvent se révéler "néfastes" en cas d'utilisation "inappropriée ou excessive", une enquête de l'OCDE suggérant notamment "un lien défavorable entre l'utilisation excessive des technologies de l'information et de la communication et la performance des élèves", ajoute-t-il.
"On a trouvé que la simple proximité avec un appareil mobile distrayait les élèves et avait un impact négatif sur l'apprentissage dans 14 pays, pourtant, moins d'un sur quatre a interdit l'utilisation des (smartphones) dans les établissements scolaires", analyse encore l'Unesco.
Ethique
A ceci se superposent des questionnements éthiques, car "les données des enfants sont exposées".
Selon l'Unesco, qui cite une autre étude, "89% des 163 produits technologiques éducatifs recommandés pendant la pandémie pouvaient surveiller les enfants".
Pourtant, "seuls 16 % des pays garantissent explicitement la confidentialité des données dans l'éducation par la loi".
Il est indéniable que "tout le monde", élèves inclus évidemment, "devrait s'initier à la technologie" car elle "fait partie de nos compétences de base aujourd'hui", note à l'AFP Manos Antoninis, le directeur du rapport, interrogé par l'AFP.
Mais cela ne passe pas forcément par la technologie elle-même, insiste-t-il.
"Les enfants qui savent mieux lire ont cinq fois plus de chances de ne pas être trompés par des mails d'hameçonnage. Cela ne nécessite rien de technologiquement avancé. Il suffit juste d'avoir de bonnes capacités de lecture et de réflexion critique", remarque l'expert.
L'Unesco, dans un communiqué, appelle donc à "réguler la façon dont les nouvelles technologies sont utilisées dans l'éducation", où sévit un "manque de gouvernance et de réglementation adaptées".
La révolution numérique, qui dispose d'un "immense potentiel", doit être "encadrée" dans l'éducation, comme elle l'est dans le reste de la société, affirme Audrey Azoulay, la directrice générale de l'organisation.
Et la patronne de l'Unesco d'avertir : "La technologie doit améliorer le processus d'apprentissage et servir le bien-être des élèves et des enseignants, plutôt qu'être utilisée à leur détriment."
Elle appelle ainsi à "placer les besoins de l'apprenant au premier plan et soutenir le travail des enseignants. Les interactions en ligne ne peuvent en aucun cas remplacer les interactions humaines."