Le nouveau procureur général, Thomas Pison, entre en fonction


Le procureur général Thomas Pison a pris la parole pour la première fois, ce vendredi, lors de l'audience solennelle l'installant dans ses fonctions.
PAPEETE, le 25 août 2017 - Plus jeune procureur général en Outre-mer, Thomas Pison, 55 ans, a solennellement été installé dans ses fonctions, ce vendredi au palais de justice de Papeete. Il succède à François Badie, parti à la retraite.


Nommé par décret du président de la République le 21 avril dernier, Thomas Pison, auparavant procureur de la République à Nancy, a officiellement pris les rênes du parquet général près la cour d'appel de Papeete. L'audience solennelle d'installation s'est tenue ce vendredi, dans la grande salle du palais de justice, en présence d'un parterre d'autorités.

Né à Grenoble, âgé de 55 ans, Thomas Pison à tour à tour occupé les fonctions de juge d'instruction, en début de carrière, avant de rejoindre le parquet comme substitut du procureur général puis procureur de la République. Passé par la région parisienne (Pontoise, Bobigny), Bastia et Ajaccio en Corse ou encore Nancy, d'où il arrive, Thomas Pison a aussi une solide expérience de l'outre-mer.

Juge d'instruction à Saint-Denis de la Réunion en 1997, le nouveau patron du parquet général de la cour d'appel de Papeete avait rejoint les Antilles en 2004 en qualité de substitut général à Fort-de-France. Il a localement participé à la mise en place de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs), particulièrement concernée par la problématique du narcotrafic par voie maritime auquel la Polynésie française est elle aussi confrontée depuis peu.

"Le citoyen est en demande de justice"

Dans un autre registre, Thomas Pison a également présidé la conférence nationale des procureurs de la République. Un mandat au cours duquel le magistrat, porte-parole de la profession, était sorti de sa réserve pour lancer un cri d'alarme contre le manque de moyens des parquets de France.

Pour sa première prise parole, Thomas Pison ne s'est pas risqué aux effets d'annonce : "Il me paraît difficile, dès aujourd'hui, de fixer raisonnablement une feuille de route". Les efforts seront poursuivis en matière de lutte contre les violences intrafamiliales, la délinquance routière, la délinquance des mineurs ou encore la surpopulation carcérale, dans la lignée des recommandations de la circulaire du garde des Sceaux de mai dernier.

Thomas Pison entend s'appuyer sur deux principes : "La lisibilité et la cohérence de l'action de la justice" et "la détermination dans l'action" : "Le citoyen est en demande de justice, les attentes sont fortes, le citoyen exige de plus en plus de transparence et d'égalité. L'action doit être claire et expliquée, dire ce que l'on fait et faire ce que l'on dit. Si chacun doit conserver ses prérogatives, il faut décloisonner l'action des intervenants, travailler ensemble, de l'enquête au jugement, de la première instance à l'appel".

"Le citoyen exige de plus en plus de transparence et d'égalité"

Où en êtes-vous de votre adaptation à l'environnement polynésien ?
"Il faudra certainement quelques semaines. Je crois qu'il faut s'imprégner du territoire. J'ai déjà fait beaucoup de rencontres et je compte en faire encore bien d'autres, pour écouter, et pour comprendre, le fonctionnement de ce territoire que je connais mal pour l'instant et que j'ai hâte de découvrir, en toute humilité".

Vous êtes aussi là pour coordonner l'action des procureurs, quelles seront ces actions ?
"Il y a peut-être un problème d'effectif au parquet de première instance puisqu'ils ont perdu un élément. A nous, parquet général, d'être un appui, d'aider à prendre en charge des opérations pour alléger le travail du parquet. Mais le procureur de Papeete, Hervé Leroy, a déjà bien engagé l'action. Il travaille de façon solide et on le voit sur les procédures, en matière de stupéfiants notamment".

Vous avez déjà exercé en outre-mer, comment abordez-vous les spécificités de la Polynésie française ?
"Géographiquement d'abord. Parce que cet éparpillement de la population sur 118 îles, sur une surface équivalente à celle de l'Europe, c'est impressionnant. Cela créé des problèmes de liaison et de contact entre les personnes. Je pense que ça, c'est quelque chose de particulier par rapport à ce que j'ai pu connaître".

Vous avez travaillé dans la lutte contre le trafic international de stupéfiants, comment abordez-vous cette problématique alors que d'importantes saisies de cocaïne embarquée sur des voiliers ont récemment révélé une route de la drogue passant par la Polynésie française ?
"Je me suis intéressé au sujet en effet, et manifestement c'est un sujet qui monte en puissance ici, clairement. Il y a eu quelques arraisonnements et je crois que c'est quelque chose qui va continuer".

La consommation et l'importation sur le territoire de méthamphétamine, l'ice, est aussi un sujet de préoccupation…
"Bien sûr. Pour les jeunes d'ici. Ceux qui en consomment sont très mal. Car c'est un produit, je le dis… C'est une véritable… (silence). J'allais dire une véritable merde. Ce n'est pas très correct, mais c'est ça, c'est la réalité".

Quelles raisons vous ont donné envie de venir en Polynésie française ?
"J'ai une vraie appétence pour l'insularité. Alors que je ne suis pas originaire d'une île, puisque je viens de Grenoble. Mais je crois que c'est quelque chose qui me convient beaucoup. Et puis contrairement à ce que l'on croit à 20 000 kilomètres d'ici, il y a beaucoup de travail en outre-mer, ici comme ailleurs. C'est cela qui est passionnant".




Rédigé par Raphaël Pierre le Vendredi 25 Aout 2017 à 17:02 | Lu 3491 fois