Elu le 23 juin dernier par 11 voix contre 8 pour Christian Montet, le professeur Eric Conte hérite d’une université qui vibre encore des événements de l’année passée. Contestation étudiante contre le plan quadriennal et la suppression de la licence d’anglais, accusations de plagiat contre Louise Peltzer, pétition… L’UPF a été le théâtre d’un mouvement de grogne sans précédent contre sa présidente, qui a finalement choisi de démissionner le 29 juin dernier.
Avec Eric Conte, les membres du conseil d’administration ont opté pour la continuité, mais aussi pour la souplesse. Car c’est en douceur que l’ancien vice-président de Louise Peltzer entend restaurer le dialogue et la confiance avec les enseignants. En montrant par exemple qu’il n’est pas figé sur le projet de plan quadriennal, qui doit entrer en vigueur en 2012. Fermeture de la licence d’anglais, « année blanche », tous ces points polémiques sont à l’étude, et seront de toute façon soumis à une agence indépendante d’évaluation.
Eric Conte marquera aussi cette rentrée de son empreinte avec l’instauration d’un « contrôle continu intégral » afin de lutter contre l’absentéisme et l’échec. Le 26 août, Eric Conte présentera ses grandes orientations et son équipe à la presse. En avant-première, il en livre une partie à Tahiti Infos.
Avec Eric Conte, les membres du conseil d’administration ont opté pour la continuité, mais aussi pour la souplesse. Car c’est en douceur que l’ancien vice-président de Louise Peltzer entend restaurer le dialogue et la confiance avec les enseignants. En montrant par exemple qu’il n’est pas figé sur le projet de plan quadriennal, qui doit entrer en vigueur en 2012. Fermeture de la licence d’anglais, « année blanche », tous ces points polémiques sont à l’étude, et seront de toute façon soumis à une agence indépendante d’évaluation.
Eric Conte marquera aussi cette rentrée de son empreinte avec l’instauration d’un « contrôle continu intégral » afin de lutter contre l’absentéisme et l’échec. Le 26 août, Eric Conte présentera ses grandes orientations et son équipe à la presse. En avant-première, il en livre une partie à Tahiti Infos.
Est-ce que vous avez l’intention de « tourner la page Peltzer » à l’Université de Polynésie ?
C’est délicat de répondre. Tourner une page, ça veut dire qu’on rejette ce qui a été fait avant, ou qu’on pense qu’on va faire beaucoup mieux…L’action que je souhaite mener s’inscrit dans une histoire, dans un héritage, mais avec des ruptures qui sont inévitables, puisqu’en 2012 sera mis en place le nouveau contrat quadriennal. En 2013, l’Université va également changer de fond en comble avec la grande réforme des Universités qui va nous rendre plus autonomes et plus responsables. Donc forcément il y aura des changements organisationnels. Et puis bien sûr, qui dit nouveau président dit changement. Vous aurez remarqué que je ne suis pas Louise Peltzer (rires). Alors en ce sens, tourner une page, oui peut-être, puisque l’année précédente a été une année de tensions désagréables. Je souhaite des relations apaisées, plus loyales, et moins dramatiques.
Quelles ont été les erreurs commises par Louise Peltzer à votre avis ?
Je ne peux pas me permettre de parler d’erreurs. Elle est restée présidente plus de 6 ans, donc elle a beaucoup plus fait pour le campus, et pour l’université, dans ses rapports avec le privé, dans l’insertion professionnelle… Après, effectivement, peut-être y a-t-il eu un phénomène d’usure du pouvoir. C’est difficile de ne pas prendre au fil du temps de mauvaises habitudes, c’est quelque chose qui guette tous ceux qui ont un peu de pouvoir. Mais je ne pense pas qu’on puisse parler d’erreur. Ce qui lui est reproché par les collègues, c’est plus un mode de fonctionnement interne que les orientations prises. Globalement, je ne pense pas qu’on puisse tirer un bilan négatif de ce qu’on peut appeler « les années Peltzer ».
Et les accusations de plagiat à son encontre ? Elles ont été largement commentées dans le milieu universitaire. Cela n’a pas causé de tort à l’UPF ?
Cette période a été délicate pour moi, je rappelle que j’étais le vice-président de l’UPF. Je ne veux pas trop revenir là-dessus. Bien sûr, j’ai dû me désolidariser à un moment, car ce n’était plus trop tenable. Mais cette polémique était surtout symptomatique de la détérioration des relations humaines. Cette histoire de plagiat a été montée en épingle, même si je ne la récuse pas.
Croyez-vous, comme Louise Peltzer a pu le dire pour sa défense, que le fait qu’elle soit une femme, et une Polynésienne, lui a porté préjudice ?
Non, pas du tout. Louise Peltzer a été très, très bien élue, la première et la deuxième fois. Là, on allait sur un terrain un peu dangereux.
Vous n’avez pas peur tout de même que l’année passée ne laisse des traces ?
Elle a forcément laissé des traces. Mais je crois qu’il y a un espoir. Il faut concilier ceux qui étaient satisfaits de la situation antérieure, et ceux qui ne l’étaient pas. Mon rôle est maintenant de faire progresser cette université, de la rendre plus performante, plus conviviale. Je souhaite remettre du lien et de la compréhension mutuelle. Je crois avoir été élu pour ça. Et c’est d’ailleurs la condition sine qua non pour réussir. Si on continue avec des coups que l’on se donne et que l’on se rend, on ne pourra pas faire face aux réformes et aux améliorations que l’on doit apporter. L’Université de Polynésie française est un petit monde, ça a ses inconvénients – on voit tout et on sait tout - , et ça a aussi ses avantages. Je connais bien les universités françaises, et je pense que c’est une erreur pour un Polynésien d’aller faire, par exemple, son droit en France, alors que la filière existe ici. A la Sorbonne, dans un amphi de 500 personnes, il n’y a pas de relations humaines comme on en a ici.
C’est délicat de répondre. Tourner une page, ça veut dire qu’on rejette ce qui a été fait avant, ou qu’on pense qu’on va faire beaucoup mieux…L’action que je souhaite mener s’inscrit dans une histoire, dans un héritage, mais avec des ruptures qui sont inévitables, puisqu’en 2012 sera mis en place le nouveau contrat quadriennal. En 2013, l’Université va également changer de fond en comble avec la grande réforme des Universités qui va nous rendre plus autonomes et plus responsables. Donc forcément il y aura des changements organisationnels. Et puis bien sûr, qui dit nouveau président dit changement. Vous aurez remarqué que je ne suis pas Louise Peltzer (rires). Alors en ce sens, tourner une page, oui peut-être, puisque l’année précédente a été une année de tensions désagréables. Je souhaite des relations apaisées, plus loyales, et moins dramatiques.
Quelles ont été les erreurs commises par Louise Peltzer à votre avis ?
Je ne peux pas me permettre de parler d’erreurs. Elle est restée présidente plus de 6 ans, donc elle a beaucoup plus fait pour le campus, et pour l’université, dans ses rapports avec le privé, dans l’insertion professionnelle… Après, effectivement, peut-être y a-t-il eu un phénomène d’usure du pouvoir. C’est difficile de ne pas prendre au fil du temps de mauvaises habitudes, c’est quelque chose qui guette tous ceux qui ont un peu de pouvoir. Mais je ne pense pas qu’on puisse parler d’erreur. Ce qui lui est reproché par les collègues, c’est plus un mode de fonctionnement interne que les orientations prises. Globalement, je ne pense pas qu’on puisse tirer un bilan négatif de ce qu’on peut appeler « les années Peltzer ».
Et les accusations de plagiat à son encontre ? Elles ont été largement commentées dans le milieu universitaire. Cela n’a pas causé de tort à l’UPF ?
Cette période a été délicate pour moi, je rappelle que j’étais le vice-président de l’UPF. Je ne veux pas trop revenir là-dessus. Bien sûr, j’ai dû me désolidariser à un moment, car ce n’était plus trop tenable. Mais cette polémique était surtout symptomatique de la détérioration des relations humaines. Cette histoire de plagiat a été montée en épingle, même si je ne la récuse pas.
Croyez-vous, comme Louise Peltzer a pu le dire pour sa défense, que le fait qu’elle soit une femme, et une Polynésienne, lui a porté préjudice ?
Non, pas du tout. Louise Peltzer a été très, très bien élue, la première et la deuxième fois. Là, on allait sur un terrain un peu dangereux.
Vous n’avez pas peur tout de même que l’année passée ne laisse des traces ?
Elle a forcément laissé des traces. Mais je crois qu’il y a un espoir. Il faut concilier ceux qui étaient satisfaits de la situation antérieure, et ceux qui ne l’étaient pas. Mon rôle est maintenant de faire progresser cette université, de la rendre plus performante, plus conviviale. Je souhaite remettre du lien et de la compréhension mutuelle. Je crois avoir été élu pour ça. Et c’est d’ailleurs la condition sine qua non pour réussir. Si on continue avec des coups que l’on se donne et que l’on se rend, on ne pourra pas faire face aux réformes et aux améliorations que l’on doit apporter. L’Université de Polynésie française est un petit monde, ça a ses inconvénients – on voit tout et on sait tout - , et ça a aussi ses avantages. Je connais bien les universités françaises, et je pense que c’est une erreur pour un Polynésien d’aller faire, par exemple, son droit en France, alors que la filière existe ici. A la Sorbonne, dans un amphi de 500 personnes, il n’y a pas de relations humaines comme on en a ici.
L’un de vos enjeux est d’améliorer le faible taux de réussite à l’UPF. Comment allez-vous procéder ?
Tout d’abord je rappelle que le faible taux de réussite à l’Université n’est pas spécifique à la Polynésie française. Les taux de réussite en première année sont en baisse dans toute la France, et cela prouve qu’il y a un problème global. Bien entendu, on l’a déjà dit, nous avons beaucoup de bacs pro et de bacs techniques, ce sont des gens qui ne sont pas prêts pour des études académiques classiques. La maîtrise insuffisante de la langue française est aussi un handicap. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut rien faire, et au contraire. Il faut montrer aux étudiants qu’ils sont là pour travailler, même s’ils ont de grandes libertés. On a souhaité dès cette rentrée mettre en place le contrôle continu intégral : des évaluations plus nombreuses, dans les cours et les TD (travaux dirigés), afin de diminuer l’absentéisme en première année, car c’est la première cause d’échec. On va aussi être exigeants avec le corps enseignant, qui devra être disponible pour ces étudiants qui ont besoin de nous. On a déjà mis en place le tutorat, l’enseignant référent… Mais souvent ce sont les bons élèves qui en bénéficient. Dans le prochain plan quadriennal, d’autres mesures sont prévues.
Tout d’abord je rappelle que le faible taux de réussite à l’Université n’est pas spécifique à la Polynésie française. Les taux de réussite en première année sont en baisse dans toute la France, et cela prouve qu’il y a un problème global. Bien entendu, on l’a déjà dit, nous avons beaucoup de bacs pro et de bacs techniques, ce sont des gens qui ne sont pas prêts pour des études académiques classiques. La maîtrise insuffisante de la langue française est aussi un handicap. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut rien faire, et au contraire. Il faut montrer aux étudiants qu’ils sont là pour travailler, même s’ils ont de grandes libertés. On a souhaité dès cette rentrée mettre en place le contrôle continu intégral : des évaluations plus nombreuses, dans les cours et les TD (travaux dirigés), afin de diminuer l’absentéisme en première année, car c’est la première cause d’échec. On va aussi être exigeants avec le corps enseignant, qui devra être disponible pour ces étudiants qui ont besoin de nous. On a déjà mis en place le tutorat, l’enseignant référent… Mais souvent ce sont les bons élèves qui en bénéficient. Dans le prochain plan quadriennal, d’autres mesures sont prévues.
Vous parlez du très polémique contrat quadriennal présenté par Louise Peltzer. L’avez-vous modifié ?
Non. D’abord parce que j’aurais eu mauvaise conscience à le faire. Nous commençons à avoir les retours d’une agence indépendante d’évaluation, qui va venir nous rendre visite en septembre, et qui va rendre un rapport sur ce plan. En fonction de leur réponse, nous allons engager un dialogue avec le ministère. Certaines choses, je l’espère, vont rester, comme l’évaluation en début d’année. Mais c’est, et nous l’avons toujours dit, un projet de contrat, donc beaucoup de choses vont changer. Nous sommes par exemple ouverts sur la question de la licence d’anglais, qui ne fermera que si nos évaluateurs l’approuvent. Nous avions aussi prévu une « année blanche », mais nous allons peut-être changer notre fusil d’épaule. On laissera les étudiants s’inscrire dans la filière de leur choix, mais ceux qui auront moins de 8 de moyenne ne pourront pas continuer. Nous avons prévu pour eux des formations diplômantes. Et nous allons mettre l’accent sur les filières qui permettront aux jeunes de trouver un emploi, en partenariat avec le patronat.
Qu’espérez-vous pour l’UPF ?
Nous avons une mission. Moi j’ai connu la Polynésie sans université, et je sais ce que c’était. J’y ai été l’un des premiers enseignants, et je sais ce que ça a coûté de la construire. J’espère que tous les enseignants, chercheurs, et étudiants sont, comme moi, fiers de travailler dans cette université. Il faut améliorer nos faiblesses, lister nos défauts, mais ne passons pas notre temps à nous flageller.
Non. D’abord parce que j’aurais eu mauvaise conscience à le faire. Nous commençons à avoir les retours d’une agence indépendante d’évaluation, qui va venir nous rendre visite en septembre, et qui va rendre un rapport sur ce plan. En fonction de leur réponse, nous allons engager un dialogue avec le ministère. Certaines choses, je l’espère, vont rester, comme l’évaluation en début d’année. Mais c’est, et nous l’avons toujours dit, un projet de contrat, donc beaucoup de choses vont changer. Nous sommes par exemple ouverts sur la question de la licence d’anglais, qui ne fermera que si nos évaluateurs l’approuvent. Nous avions aussi prévu une « année blanche », mais nous allons peut-être changer notre fusil d’épaule. On laissera les étudiants s’inscrire dans la filière de leur choix, mais ceux qui auront moins de 8 de moyenne ne pourront pas continuer. Nous avons prévu pour eux des formations diplômantes. Et nous allons mettre l’accent sur les filières qui permettront aux jeunes de trouver un emploi, en partenariat avec le patronat.
Qu’espérez-vous pour l’UPF ?
Nous avons une mission. Moi j’ai connu la Polynésie sans université, et je sais ce que c’était. J’y ai été l’un des premiers enseignants, et je sais ce que ça a coûté de la construire. J’espère que tous les enseignants, chercheurs, et étudiants sont, comme moi, fiers de travailler dans cette université. Il faut améliorer nos faiblesses, lister nos défauts, mais ne passons pas notre temps à nous flageller.