Washington, Etats-Unis | AFP | jeudi 09/09/2021 - Les années de recherche de Drew Weissman ont contribué à la création des vaccins anti-Covid à ARN messager, injectés dans les bras de millions de personnes.
Mais le scientifique, récompensé jeudi du Breakthrough Prize de 2022 avec sa collègue de longue date Katalin Kariko, ne se repose pas sur ses lauriers. L'immunologue de l'université de Pennsylvanie travaille déjà à un nouveau projet: créer un vaccin contre tous les coronavirus.
"Il y a eu trois pandémies ou épidémies (de coronavirus) au cours des 20 dernières années", justifie-t-il à l'AFP.
"Il faut partir du principe qu'il y en aura d'autres. On s'est dit qu'on pouvait soit attendre la prochaine épidémie ou pandémie de coronavirus, et passer un an et demi à créer un vaccin. Soit en créer un maintenant et l'avoir à disposition ou même s'en servir maintenant", détaille le chercheur.
L'homme de 62 ans et son équipe se sont lancés dans ce projet au printemps dernier. Ils ont pour le moment publié deux études, aux résultats prometteurs.
En pleine pandémie, de nombreuses personnes ont été familiarisées au principe des vaccins à ARN messager: ils se concentrent sur une petite partie du virus -- dans le cas du SARS-CoV-2, la protéine dite "Spike" -- et visent à injecter dans l'organisme des brins d'instructions génétiques, appelés ARN messager, ordonnant au corps de fabriquer cette protéine. Inoffensive en elle-même, cette "spicule" du coronavirus est ensuite détectée par le système immunitaire qui va produire des anticorps.
L'objectif est désormais d'entraîner nos systèmes immunitaires à réagir à des parties du virus qui ne mutent pas aussi vite que la spicule.
Ayant exercé en tant que médecin presque toute sa vie, Drew Weissman assure que son rêve, depuis qu'il a commencé ses études de médecine, "était de créer quelque chose qui aide les gens". Il confie avoir été "profondément heureux" de voir que les vaccins dont il a posé les jalons ont sauvé des vies.
Révolutionner la médecine
Si la technologie de l'ARN messager bénéficie aujourd'hui d'une attention considérable, M. Weissman se souvient d'une époque où ce domaine était un véritable désert scientifique.
"Nous avons commencé à travailler ensemble en 1998, sans beaucoup de financements ni d'entrées dans le monde des revues scientifiques", raconte-t-il au sujet de sa collaboration avec Katalin Kariko.
En 2005, ils parviennent à trouver une façon de modifier l'ARN synthétique pour l'empêcher de provoquer une réaction inflammatoire massive constatée dans des expériences auprès d'animaux.
"Juste avant la publication de notre étude, j'ai dit +Nos téléphones ne vont pas arrêter de sonner+", se souvient-il. "Mais on attendu près de nos téléphones pendant cinq ans... et ils n'ont jamais sonné!"
Puis, ils franchissent un nouveau palier, en réussissant à placer leur précieux ARN dans des "nanoparticules lipidiques", un enrobage qui leur évite de se dégrader trop vite et facilite leur entrée dans les cellules. Leurs résultats sont rendus publics en 2015.
Ces deux percées ont été utilisées dans les vaccins anti-Covid de Pfizer et Moderna.
Si le scientifique assure avoir vu venir le problème de l'inégalité de l'accès aux vaccins notamment dans les pays pauvres, il admet avoir été étonné par le niveau de méfiance à l'égard des injections observé dans les pays riches.
"Les personnes conservatrices anti-science et anti-gouvernement nous ont complètement pris de court. Je ne m'attendais tout simplement pas à ce que ce groupe se positionne contre les vaccins", regrette-t-il.
Au-delà des vaccins, la technologie de l'ARN messager est aussi mise en avant pour son potentiel à révolutionner la médecine à tous les niveaux.
Désormais, l'équipe du Dr Weissman travaille à l'utilisation de l'ARN pour développer une thérapie génique en une seule injection afin de corriger l'anomalie à l'origine de la drépanocytose, une maladie génétique de l'hémoglobine. Elle frappe disproportionnellement les personnes originaires d'Afrique subsaharienne.
D'importants défis techniques restent à relever pour s'assurer que le traitement soit capable de modifier correctement les gènes et qu'il soit sûr, mais les chercheurs ont bon espoir.
Mais le scientifique, récompensé jeudi du Breakthrough Prize de 2022 avec sa collègue de longue date Katalin Kariko, ne se repose pas sur ses lauriers. L'immunologue de l'université de Pennsylvanie travaille déjà à un nouveau projet: créer un vaccin contre tous les coronavirus.
"Il y a eu trois pandémies ou épidémies (de coronavirus) au cours des 20 dernières années", justifie-t-il à l'AFP.
"Il faut partir du principe qu'il y en aura d'autres. On s'est dit qu'on pouvait soit attendre la prochaine épidémie ou pandémie de coronavirus, et passer un an et demi à créer un vaccin. Soit en créer un maintenant et l'avoir à disposition ou même s'en servir maintenant", détaille le chercheur.
L'homme de 62 ans et son équipe se sont lancés dans ce projet au printemps dernier. Ils ont pour le moment publié deux études, aux résultats prometteurs.
En pleine pandémie, de nombreuses personnes ont été familiarisées au principe des vaccins à ARN messager: ils se concentrent sur une petite partie du virus -- dans le cas du SARS-CoV-2, la protéine dite "Spike" -- et visent à injecter dans l'organisme des brins d'instructions génétiques, appelés ARN messager, ordonnant au corps de fabriquer cette protéine. Inoffensive en elle-même, cette "spicule" du coronavirus est ensuite détectée par le système immunitaire qui va produire des anticorps.
L'objectif est désormais d'entraîner nos systèmes immunitaires à réagir à des parties du virus qui ne mutent pas aussi vite que la spicule.
Ayant exercé en tant que médecin presque toute sa vie, Drew Weissman assure que son rêve, depuis qu'il a commencé ses études de médecine, "était de créer quelque chose qui aide les gens". Il confie avoir été "profondément heureux" de voir que les vaccins dont il a posé les jalons ont sauvé des vies.
Révolutionner la médecine
Si la technologie de l'ARN messager bénéficie aujourd'hui d'une attention considérable, M. Weissman se souvient d'une époque où ce domaine était un véritable désert scientifique.
"Nous avons commencé à travailler ensemble en 1998, sans beaucoup de financements ni d'entrées dans le monde des revues scientifiques", raconte-t-il au sujet de sa collaboration avec Katalin Kariko.
En 2005, ils parviennent à trouver une façon de modifier l'ARN synthétique pour l'empêcher de provoquer une réaction inflammatoire massive constatée dans des expériences auprès d'animaux.
"Juste avant la publication de notre étude, j'ai dit +Nos téléphones ne vont pas arrêter de sonner+", se souvient-il. "Mais on attendu près de nos téléphones pendant cinq ans... et ils n'ont jamais sonné!"
Puis, ils franchissent un nouveau palier, en réussissant à placer leur précieux ARN dans des "nanoparticules lipidiques", un enrobage qui leur évite de se dégrader trop vite et facilite leur entrée dans les cellules. Leurs résultats sont rendus publics en 2015.
Ces deux percées ont été utilisées dans les vaccins anti-Covid de Pfizer et Moderna.
Si le scientifique assure avoir vu venir le problème de l'inégalité de l'accès aux vaccins notamment dans les pays pauvres, il admet avoir été étonné par le niveau de méfiance à l'égard des injections observé dans les pays riches.
"Les personnes conservatrices anti-science et anti-gouvernement nous ont complètement pris de court. Je ne m'attendais tout simplement pas à ce que ce groupe se positionne contre les vaccins", regrette-t-il.
Au-delà des vaccins, la technologie de l'ARN messager est aussi mise en avant pour son potentiel à révolutionner la médecine à tous les niveaux.
Désormais, l'équipe du Dr Weissman travaille à l'utilisation de l'ARN pour développer une thérapie génique en une seule injection afin de corriger l'anomalie à l'origine de la drépanocytose, une maladie génétique de l'hémoglobine. Elle frappe disproportionnellement les personnes originaires d'Afrique subsaharienne.
D'importants défis techniques restent à relever pour s'assurer que le traitement soit capable de modifier correctement les gènes et qu'il soit sûr, mais les chercheurs ont bon espoir.