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Le noni : un miracle économique encore à confirmer


Le noni : un miracle économique encore à confirmer
PAPEETE, jeudi 17 octobre 2013. La promesse d’une exportation de 4 000 tonnes de noni/an de Polynésie française vers la Chine, conclue la semaine dernière avec la délégation chinoise en visite à Tahiti, n’a ni enthousiasmé ni inquiété ceux qui se sont déjà lancés dans des projets industriels avec le noni. Si le noni (ou le nono comme on devrait le nommer ici) était le fruit d’un miracle économique, ce n’est pas en Polynésie française qu’il faut venir chercher les sources de cette success story. Tout avait pourtant commencé comme dans une véritable saga.

En 1993, deux biochimistes américains découvrent les bienfaits du noni de Tahiti. Ils viennent sur place, convainquent des agriculteurs locaux de se lancer dans une production de ces fruits et lancent en 1996, leur jus de noni (pur à 89%). Le succès commercial du jus Tahitian Noni (devenu une marque déposée) est immédiat. C’est le jackpot, pour les cinq membres fondateurs de la société Tahitian Noni International - devenue Morinda bioactives. Le chiffres d’affaires du groupe Morinda installé dans l’Utah, près de Salt Lake City, grimpe de 6,28 millions US dollars en 1996 à 467 millions US dollars, sept ans plus tard. Au début des années 2000, le noni tahitien se vend bien : plus de 8 000 tonnes de fruits ou de purée de ces fruits sont exportées. Mais l’euphorie ne dure guère. Les exportations ne sont plus qu’à 4 000 tonnes en 2006, puis à 2 000 tonnes en 2008.

En 2011, Morinda est contrainte de licencier une trentaine de ses salariés qui travaillent sur le site de Mataiea, à Tahiti. Les effectifs des salariés de l’EURL Morinda, société polynésienne, filiale du groupe américain ne sont aujourd’hui plus que de 14 personnes. En 2005, lorsque le noni était encore sur sa courbe ascendante, Morinda projetait de construire sa quatrième usine de transformation de purée de noni tahitien en jus, en Chine, pour aborder ce marché émergent et prometteur (après celles des Etats-Unis, d’Allemagne, du Japon). Mais la crise économique mondiale a contrarié ce business plan. «Ce projet d’implantation d’une usine de mise en bouteille en Chine a pris du retard.. Désormais cette implantation va se faire. La Chine c’est le nouvel eldorado» précise Tamatoa Cowan, directeur financier de Morinda à Tahiti. Dans ce contexte, pas étonnant de voir débarquer à Tahiti des industriels chinois désireux –eux aussi- de venir acheter le noni si prisé par les consommateurs asiatiques. «Cela fait dix ans qu’on entend parler des Chinois qui viendraient acheter les fruits deux fois plus chers que le prix normal. Ici on regarde ces industriels chinois avec précaution». Ce qui préoccupe le directeur financier de Morinda à Mataiea c’est avant tout le maintien de sa production locale. «On ne peut pas descendre plus bas ou alors c’est la société qui ferme».


L’usine de fabrication de jus de noni de Royal Tahiti Noni à Moorea (Haapiti).
L’usine de fabrication de jus de noni de Royal Tahiti Noni à Moorea (Haapiti).
Royal Tahiti Noni : du jus de noni «all made in Fenua»

Basée à Moorea depuis 2000, la Royal Tahiti Noni exporte en moyenne annuellement entre 100 et 150 tonnes de jus de noni (pur et bio) essentiellement vers l’Allemagne, la Belgique, la France, le Japon, Taïwan et la Corée. Ici on plante du noni (10 000 arbres à Moorea), on fabrique le jus dans l’usine de Haapiti et on exporte : le produit est entièrement traité de A à Z en Polynésie française. Cinq personnes travaillent à temps plein pour cette société qui fait participer également 115 producteurs/agriculteurs de noni. Le choix du produit biologique opéré par le directeur général Vatea Quesnot est important, «sinon je pense que je ne serai plus là aujourd’hui. Nos produits sont beaucoup plus chers que ceux qui viennent de Fidji ou du Vanuatu. Le kilo de noni est à 12 Fcfp là bas, chez nous il est à 60 Fcfp». Chez Royal Tahiti Noni, la crise est également passée par là, très doucement au départ, plus sensible tout récemment. L’année 2013 marque même une baisse significative des ventes, pour la première fois.

Le noni : un miracle économique encore à confirmer

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 17 Octobre 2013 à 16:46 | Lu 4508 fois