Le nombre de malades du cancer divulgué


La représentante UPLD, Éliane Tevahitua, avait interpellé par écrit le ministre de la Santé, Jacques Raynal, en août dernier.
PAPEETE, le 11 janvier 2018. Le ministre de la Santé, Jacques Raynal, a transmis à l'UPLD le nombre de malades polynésiens selon le type de cancers depuis 1992. Ces données chiffrées étaient attendues par les malades du nucléaire et ceux qui se battent pour leur indemnisation.

En août dernier, la représentante UPLD, Éliane Tevahitua, avait interpellé par écrit le ministre de la Santé, Jacques Raynal, afin de connaître le nombre annuel de ressortissants atteints des 21 maladies radio-induites, de juillet 1966 à ce jour.

Cette question écrite étant restée sans réponse, la représentante UPLD avait décidé de la poser de nouveau, mais cette fois de façon orale dans l'hémicycle en ajoutant qu'elle souhaitait également connaître le nombre de personnes atteintes par sept autres maladies, dont les tumeurs bénignes du cerveau, maladies cardiovasculaires…

Mi-décembre, Jacques Raynal lui avait apporté une réponse partielle en mettant en avant " les difficultés techniques soulevées par la CPS dans la production de chiffres sur les pathologies qui nous intéressent". Il rappelait ainsi que " La CPS ne détient pas de dossier médical individuel mais enregistre les dépenses prises en charge par journées comptables. La durée de conservation des pièces comptables est de 5 ans." L’estimation des dépenses pour la période antérieure à 1992 doit être réalisée à partir des informations disponibles dans le système d’information de la Caisse de prévoyance sociale de la Polynésie française.

Le 28 décembre, Jacques Raynal a adressé une réponse plus complète à la représentante UPLD. Le courrier détaille le nombre de cancers selon leur type depuis 1992, avant la création de la protection sociale généralisée jusqu'à 2017. Le document fourni par le ministre de la Santé détaille le nombre de cas existants par cancer, ce qu'on appelle la prévalence, et le nombre de nouveaux cas annuels, ce qu'on appelle l'incidence. Le ministre de la Santé n'y a joint aucun commentaire.

"On se doutait bien qu'il y avait autant de cancers. Ces chiffres ne font que confirmer ce que l'on subodorait déjà", souligne la représentante Eliane Tevahitua. La réponse a mis du temps avant de venir mais le ministre a fourni les réponses que j'attendais à ma question écrite et orale."

Ce tableau de chiffres bruts est surtout intéressant à comparer avec les données des autres pays. Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le taux de leucémie et autres cancers du sang dans la population mondiale se situe entre 2 et 4 pour 100 000 habitants. A la lecture, de ce tableau, on voit ainsi qu'en 1995, 10 nouveaux cas de leucémie étaient enregistrés en Polynésie. On peut noter qu'il y a eu jusqu'à 16 cas déclarés en 2011 et 15 cas en 1997, 2003 et 2012. En 2016, il y a eu encore 13 nouveau cas. En 2017, il y a eu six nouveaux cas. Alors que la population de la Polynésie a oscillé entre 219 521 en 1996 et 275 918 en 2017.

Par cette question, l'UPLD souhaite déterminer le nombre de personnes qui ont souffert ou souffrent de maladies radio-induites en Polynésie française depuis 1966. "Ce sont des données objectives", souligne Eliane Tevahitua. "Mais ces chiffres ne donnent qu'un aperçu du problème des maladies radio induites puisque ce sont les cas qui ont été diagnostiqués. Mais à côté vous pouvez avoir des cas de cancer par exemple, dans les îles éloignées qui n'ont pas été suivies médicalement et pourtant ce sont des personnes qui sont décédées d'un cancer. Ce n'est pour moi que la face émergée de l'iceberg."

Ces données chiffrées vont donc sans aucun doute être rappelés à la ministre des Outre-mer qui arrivera le 21 janvier prochain au fenua. Lors de son séjour, il était déjà notamment prévu d'évoquée la création d'un institut d'archives, d'information et de documentation sur le CEP". Une promesse faite par François Hollande lors de son déplacement dans le Pacifique. Pour la représentante, " C'est bien qu'il y ait un lieu de mémoire mais ce n'est pas suffisant. Il faut plus que cela. Une réparation par rapport aux dommages subi par le peuple ma'ohi et qu'il n'y a pas que le peuple ma'ohi il y a aussi des gens qui sont venus travailler ici."

En février 2016, peu avant la venue de François Hollande, alors, président de la République, la représentante UPLD Eliane Tevahitua avait estimé que pour 7 789 patients atteints de cancers radio-induits, déjà plus de 54 milliards de francs ont été dépensés. "Cette augmentation des dépenses des cancers radio-induits est insoutenable. C'est à la France de les assumer", mettait en avant la représentante UPLD.
Entre 1966 et 1996, 193 essais nucléaires (atmosphériques, de sécurité et souterrains) ont été réalisés en Polynésie française.

Données fournies par le ministre de la Santé.




Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 11 Janvier 2018 à 17:15 | Lu 5736 fois