Le moratoire sur l'exploitation des grands fonds soumis à Tarahoi


Tahiti, le 07 décembre 2022 – Les représentants à l'assemblée doivent examiner vendredi le projet de délibération relatif au moratoire sur l'exploitation minière des grands fonds marins voulu par Édouard Fritch.

Parmi la trentaine de textes qui doivent être examinés par les représentants lors de l'avant-dernière séance de la session budgétaire à l'assemblée, qui débutera ce jeudi, figure le moratoire sur l'exploitation minière des grands fonds marins, au menu de la séance de vendredi. Annoncée depuis plusieurs mois par le président Édouard Fritch, cette mesure avait été prise de vitesse par la déclaration récente du Président de la République, Emmanuel Macron, lors de la COP27 en novembre dernier en Égypte. "La France soutient l'interdiction de toute exploitation des grands fonds marins", avait annoncé le chef de l'État. Une position qui à l'époque avait favorablement surpris certains observateurs et ONG environnementales, et qui rejoignait celle de plusieurs pays, et notamment États insulaires du Pacifique, parmi lesquels la Polynésie française.
 
Alors que les menaces sont déjà nombreuses, "les océans sont confrontés à un nouveau danger : l'exploitation minière en eau profonde", peut-on lire dans l'exposé des motifs du projet de délibération inscrit à l'ordre du jour de la séance de cette semaine. Le Pays souhaite s'inscrire dans une stratégie d'acquisition de connaissances "avant d'envisager toute idée d'exploiter les ressources sous-marines". Des connaissances qui doivent porter sur "la biologie, l’endémisme, l'écologie et la connectivité des espèces et des écosystèmes d’eau profonde", mais aussi sur "la géologie", en "incluant les connaissances traditionnelles des populations locales". Si le Conseil économique, social, environnemental et culturel avait donné un avis favorable au projet de délibération sur ce moratoire, il avait en revanche souligné l'absence de durée pour celui-ci. "Ce qui peut donner le sentiment d'un immobilisme des pouvoirs publics". Ce à quoi le Pays répond dans son texte : le moratoire durera le temps qu'il faudra, notamment pour évaluer les impacts et les risques environnementaux que pourrait entraîner l'exploitation des grands fonds.
 
Le président du Pays Édouard Fritch a lui-même a déposé un amendement pour que soit rajouté, dans la liste des accords multilatéraux sur l'environnement cités dans le moratoire, la résolution 1803 de l'assemblée générale des Nations unies du 14 décembre 1962 "Souveraineté permanente sur les ressources naturelles", suite à la demande du groupe Tavini à l'assemblée. Le Tavini, dont la position sur l'exploitation minière des grands fonds marins, en août dernier, était restée ambigüe. Alors que le leader du parti indépendantiste voyait dans l'exploitation minière des grands fonds marins une manne financière, le député Moetai Brotherson brandissait quant à lui l'argument écologique pour dire non à cette exploitation. Deux positions difficilement conciliables. Reste à savoir laquelle l'emportera côté indépendantiste, ce vendredi, lors du vote à Tarahoi.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Mercredi 7 Décembre 2022 à 11:12 | Lu 967 fois