Le monde de la glisse en éveil pour Tahiti awakens


Léa Hahn a présenté en avant-première mardi son film Tahiti awakens, tourné en 2019 où elle met en lumière bodyboarders et surfers locaux.
Tahiti, le 25 janvier 2023 – Le film Tahiti awakens, présenté en avant-première à la Maison de la culture mardi soir, a fait vibrer la communauté des riders du fenua. La jeune réalisatrice Léa Hahn y présente des images spectaculaires des surfers et bodyboarders locaux lors des grosses houles qui ont touché Tahiti en 2019, avec en trame de fond de puissants messages de protection de l'océan.
 
“On est sur un petit nuage”. C'est par ces mots que Léa Hahn, la jeune réalisatrice du film Tahiti awakens résume son état d'esprit au lendemain de la première projection de son documentaire au grand théâtre de la Maison de la culture. 50 minutes d'images impressionnantes des plus belles houles qui ont frappé Tahiti en 2019 et les prouesses des surfers et bodyboarders locaux unis par l'océan. La salle et ses 800 places, pleine à craquer, en disait long sur l'attente et l'envie de la communauté locale de la glisse de se retrouver. C'était d'ailleurs l'un des principaux objectifs de Léa : “Ça soude les gens de rassembler autant de personnes autour de valeurs comme celles-ci. C'était ça l'objectif du film : que tout le monde se retrouve, que la communauté de surfers et bodyboarders sente qu'on est unis. L'émotion principale elle est là”.
 
Et la communauté a répondu présente, y compris le gratin du surf local, que l'on retrouve à l'écran, qui était dans la salle... Tikanui Smith tout juste revenu de Hawaii, Matahi Drollet, Mihimana Braye, Kauli Vaast, Tshany Tessier, Ariihoe Tefaafana ou encore Tahurai Henry pour ne citer qu'eux.
 
À l'écran, les images au plus près de la mythique vague de Teahupo'o ou d'autres spots de la côte Est, s'enchaînent, toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Les interviews des riders, commentant leurs exploits et leurs sensations, offrent au spectateur une réelle proximité et une meilleure compréhension de qui anime ces “enfants de l'océan” à prendre autant de risques. Au-delà des interviews, les messages de protection de la nature et de l'océan viennent donner une dimension supplémentaire au documentaire. Et fait rare, bodyboarders et surfers sont mis en lumière de la même façon, tous unis par leur passion de la glisse, un traitement égalitaire qu'on retrouve aussi sur l'affiche du film. Et l'accueil du public a été des plus enthousiastes si l'on en croit l'ambiance pendant la projection et les acclamations et applaudissements à son issue.

Le grand théâtre affichait complet mardi. L'événement était attendu de longue date par la communauté des surfers de Tahiti.
Trois ans de travail
 
Ce film est le fruit d'un travail de trois ans. Débuté en 2019 à deux cameramen (Léa et Manea Fabisch), le projet du film sera finalement porté par Léa seule. “Parfois je me suis demandée 'Est-ce que je lâche ou pas, parce que c'est trop gros ?'. Ça représente beaucoup de sacrifices, beaucoup de hauts et de bas. Les bas par exemple c'est le manque de moyens (...). J'ai décidé de me lancer mais sans équipe, je n'avais pas les moyens de me payer un monteur. C'est un travail énorme, je suis passée par le tri des images, le prémontage, le montage, l'écriture des scénarios… et quand je me suis lancée, le Covid est arrivé. Deux ans durant lesquels je devais réaliser les interviews des riders sur terre... tout cela a dû être mis en stand-by. Du coup après ces deux ans, il a fallu se réimprégner de l'ambiance du film, de l'énergie du projet pour pouvoir être réinspiré.” Une expérience qui a marqué la jeune réalisatrice. “J'ai beaucoup appris, c'était fatigant, ça prend de l'énergie mais quand tu vois tous les gens réunis, tu sais pourquoi t'as fait ça…”
 
Quand on la questionne sur ses projets, elle n'hésite pas une seconde : “J'ai plein de projets, mais en tous cas, je ne me relancerais pas dans un film de 50 minutes sans une vraie équipe derrière moi !”

Léa Hahn : “Croire en ses rêves, même si ça paraît titanesque”

©Manea Fabisch
Née à Tahiti, Léa Hahn est la première photographe-vidéaste aquatique locale de l’extrême. Elle raconte comment elle est arrivée sur le lineup de Teahupoo :

“Pendant mes études à l'ISEPP, j'ai eu une énorme remise en question sur ce que je voulais faire plus tard. Je suis artiste à côté, je chante… la réalisation me passionne depuis petite… je me suis dit que l'audiovisuel pourrait rassembler tout ça. Pendant ma deuxième année d'études, j'ai reçu un appel de Thierry Donard, réalisateur de la Nuit de la glisse, que je suis depuis que je suis toute petite, qui m'a dit ‘Il y a un ami à toi qui m'a dit que tu étais cameraman, j'en cherche un, c'est bien ton métier ?’ J'ai répondu 'Oui, oui, oui c'est mon métier', alors que je n'avais presque jamais touché de caméra de ma vie ! Du coup, je suis partie sur son tournage. C'est là que j'ai découvert les cameramen aquatiques et que j'ai voulu faire ça. Je me suis dit, je rentre à la maison, je m'achète un caisson et je m'entraîne. Il faut croire en ses rêves, même si ça paraît titanesque et qu'on manque de tout…”

Rédigé par Julie Barnac le Mercredi 25 Janvier 2023 à 16:21 | Lu 2411 fois