BERTRAND GUAY / AFP
Nouméa, France | AFP | samedi 09/09/2022 - Le ministre délégué chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, est attendu dimanche en Nouvelle-Calédonie pour une visite de 5 jours destinée à renouer le dialogue, interrompu depuis le référendum d'autodétermination du 12 décembre dernier, contesté par les indépendantistes.
Pour sa première visite officielle en Calédonie, Jean-François Carenco entend "renouer les fils du dialogue", estimant qu'"il y a eu des impairs d'un côté comme de l'autre", a-t-il déclaré jeudi lors d'une conférence de presse à Paris.
Le dialogue entre l'État et les indépendantistes est rompu depuis le référendum du 12 décembre dernier, date rejetée par le FLNKS qui souhaitait qu'il se déroule après l'élection présidentielle. L'ensemble de la mouvance indépendantiste avait alors appelé ses partisans à la "non-participation", c'est-à-dire au boycott passif de ce troisième et dernier référendum du processus de décolonisation prévu par l'accord de Nouméa, signé en 1998.
Le "non" à l'indépendance l'avait alors emporté avec une écrasante majorité de 96,3%, mais une participation de seulement 44%, alors que celle-ci avait dépassé les 80% lors des deux précédents scrutins.
Les indépendantistes, qui ne reconnaissent pas ce scrutin qualifié de "référendum bidon", avaient eux-même fixé l'horizon de l'après-législatives pour reprendre le dialogue avec l'État, mais ce dernier a déjà raté par deux fois le rendez-vous. D'abord en juin, lorsque l'éphémère ministre des Outre-mer Yaël Braun-Pivet avait annulé son déplacement en Calédonie à la dernière minute. Scénario qui s'est reproduit un mois plus tard, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outremers, annonçant sa visite fin juillet avant de se rétracter.
"La Calédonie a besoin d'une France plus aimante et plus humble", reconnaît Jean-François Carenco, qui débutera son séjour par un déplacement aux Iles Loyauté et en province Nord, fiefs indépendantistes.
A l'Etat "d'inventer une solution"
Mais si les deux principales composantes du FLNKS, le Palika et l'Union calédonienne, ont confirmé cette semaine qu'ils rencontreraient le ministre, ils ont également réaffirmé qu'ils ne se rendraient pas à un Comité des signataires à l'automne à Paris, souhaité par Gérald Darmanin. Quant au contenu des discussions, "c'est à l'État, responsable de la situation, d'inventer une solution. Nous, nous ne parlerons que de l'accession à la pleine souveraineté et du droit à l'autodétermination", prévient Jean-Pierre Djaïwé, figure du Palika.
Le retour des indépendantistes autour de la table des négociations semble d'autant plus compromis que le FLNKS traverse actuellement une phase de turbulences, le Palika et l'UC étant en désaccord sur la place à accorder à l'Eveil océanien, parti communautaire qui défend les intérêts des nombreux Wallisiens et Futuniens installés sur le territoire.
Le FLNKS a par ailleurs décidé d'annuler son congrès du 17 septembre, seule instance en mesure de valider d'éventuelles décisions prises pendant la visite de Jean-François Carenco.
Les opposants à l'indépendance sont, pour leur part, pressés de passer à la vitesse supérieure pour "solder l'accord de Nouméa", qu'ils estiment caduc, et entériner un nouveau statut pour le territoire. Pour Calédonie ensemble, formation de centre-droit, "il y a urgence à retrouver tous ensemble le chemin du dialogue". Mais seul Le Rassemblement-Les Républicains, déclinaison locale de LR, pense encore "qu'il faut tenir le calendrier fixé".
L'ancien ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, avait en effet promis un "référendum de projet" pour juin 2023, afin de valider un nouveau cadre juridique du territoire. Mais rien ne permet de prédire quand les négociations pourront commencer et, sur certains sujets, les positions paraissent irréconciliables, notamment sur le corps électoral, restreint aux seuls citoyens calédoniens pour les élections des assemblées de province et du congrès. Restriction que les non-indépendantistes veulent à tout prix lever, tandis que les indépendantistes y sont farouchement attachés.
Prudent, Jean-François Carenco estime que le dialogue prendra "le temps qu'il faut", rappelant toutefois que "la Calédonie ne va pas bien dans l'incertitude" et qu'il y a "une urgence économique". Le territoire, déjà plongé dans le marasme économique avant la crise Covid, est aujourd'hui surendetté et, très dépendant des énergies fossiles, subit de plein fouet les conséquences de la hausse des cours de l'énergie.
Pour sa première visite officielle en Calédonie, Jean-François Carenco entend "renouer les fils du dialogue", estimant qu'"il y a eu des impairs d'un côté comme de l'autre", a-t-il déclaré jeudi lors d'une conférence de presse à Paris.
Le dialogue entre l'État et les indépendantistes est rompu depuis le référendum du 12 décembre dernier, date rejetée par le FLNKS qui souhaitait qu'il se déroule après l'élection présidentielle. L'ensemble de la mouvance indépendantiste avait alors appelé ses partisans à la "non-participation", c'est-à-dire au boycott passif de ce troisième et dernier référendum du processus de décolonisation prévu par l'accord de Nouméa, signé en 1998.
Le "non" à l'indépendance l'avait alors emporté avec une écrasante majorité de 96,3%, mais une participation de seulement 44%, alors que celle-ci avait dépassé les 80% lors des deux précédents scrutins.
Les indépendantistes, qui ne reconnaissent pas ce scrutin qualifié de "référendum bidon", avaient eux-même fixé l'horizon de l'après-législatives pour reprendre le dialogue avec l'État, mais ce dernier a déjà raté par deux fois le rendez-vous. D'abord en juin, lorsque l'éphémère ministre des Outre-mer Yaël Braun-Pivet avait annulé son déplacement en Calédonie à la dernière minute. Scénario qui s'est reproduit un mois plus tard, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outremers, annonçant sa visite fin juillet avant de se rétracter.
"La Calédonie a besoin d'une France plus aimante et plus humble", reconnaît Jean-François Carenco, qui débutera son séjour par un déplacement aux Iles Loyauté et en province Nord, fiefs indépendantistes.
A l'Etat "d'inventer une solution"
Mais si les deux principales composantes du FLNKS, le Palika et l'Union calédonienne, ont confirmé cette semaine qu'ils rencontreraient le ministre, ils ont également réaffirmé qu'ils ne se rendraient pas à un Comité des signataires à l'automne à Paris, souhaité par Gérald Darmanin. Quant au contenu des discussions, "c'est à l'État, responsable de la situation, d'inventer une solution. Nous, nous ne parlerons que de l'accession à la pleine souveraineté et du droit à l'autodétermination", prévient Jean-Pierre Djaïwé, figure du Palika.
Le retour des indépendantistes autour de la table des négociations semble d'autant plus compromis que le FLNKS traverse actuellement une phase de turbulences, le Palika et l'UC étant en désaccord sur la place à accorder à l'Eveil océanien, parti communautaire qui défend les intérêts des nombreux Wallisiens et Futuniens installés sur le territoire.
Le FLNKS a par ailleurs décidé d'annuler son congrès du 17 septembre, seule instance en mesure de valider d'éventuelles décisions prises pendant la visite de Jean-François Carenco.
Les opposants à l'indépendance sont, pour leur part, pressés de passer à la vitesse supérieure pour "solder l'accord de Nouméa", qu'ils estiment caduc, et entériner un nouveau statut pour le territoire. Pour Calédonie ensemble, formation de centre-droit, "il y a urgence à retrouver tous ensemble le chemin du dialogue". Mais seul Le Rassemblement-Les Républicains, déclinaison locale de LR, pense encore "qu'il faut tenir le calendrier fixé".
L'ancien ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, avait en effet promis un "référendum de projet" pour juin 2023, afin de valider un nouveau cadre juridique du territoire. Mais rien ne permet de prédire quand les négociations pourront commencer et, sur certains sujets, les positions paraissent irréconciliables, notamment sur le corps électoral, restreint aux seuls citoyens calédoniens pour les élections des assemblées de province et du congrès. Restriction que les non-indépendantistes veulent à tout prix lever, tandis que les indépendantistes y sont farouchement attachés.
Prudent, Jean-François Carenco estime que le dialogue prendra "le temps qu'il faut", rappelant toutefois que "la Calédonie ne va pas bien dans l'incertitude" et qu'il y a "une urgence économique". Le territoire, déjà plongé dans le marasme économique avant la crise Covid, est aujourd'hui surendetté et, très dépendant des énergies fossiles, subit de plein fouet les conséquences de la hausse des cours de l'énergie.