Somersby, Australie | AFP | mercredi 04/05/2021 - Le précieux miel de manuka, au nom maori, peut-il provenir d'un autre pays que la Nouvelle-Zélande? La réponse est non pour une partie des apiculteurs néo-zélandais, premiers producteurs mondiaux de ce produit très prisé. Mais leurs concurrents australiens ne l'entendent pas de cette oreille.
Ana Martin et Sven Stephan ont acheté l'an dernier un terrain à Somersby, à une centaine de kilomètres au nord de Sydney, pour y installer une cinquantaine de ruches à flanc de colline. Il est planté de Leptospermum scoparium, un arbuste dont les fleurs sont butinées par les abeilles, donnant ce fameux miel de manuka.
"Être apiculteur, c'est un travail qui vous occupe sept jours sur sept. Et les bénéfices sont très limités. Avec le manuka en revanche, les marges sont bien plus importantes", explique Ana Martin à l'AFP.
Le couple d'apiculteurs, qui exploite quelque 300 ruches réparties sur 400 km le long de la côte de la Nouvelle-Galles-du-Sud, commercialise son miel directement sur les marchés et, de plus en plus, via Internet.
A l'issue de cette première saison à Somersby, le couple a récolté 2,5 tonnes de miel de manuka, précise l'apicultrice.
Vanté par des célébrités telles que l'actrice Gwyneth Paltrow et le joueur de tennis Novak Djokovic pour ses vertus anti-inflammatoires et anti-bactériennes, ce miel couleur foncée peut se vendre plusieurs centaines d'euros le kilo.
Envolée
La pandémie de Covid-19 a fait exploser la demande, propulsant les exportations néo-zélandaises de miel à un niveau record en 2019/20, principalement grâce au miel de manuka (76% de ces exportations).
Une envolée dont ont également bénéficié les apiculteurs australiens, qui produisent aussi, en quantités plus modestes, cette précieuse substance. L'arbuste Leptospermum scoparium, présent en Nouvelle-Zélande, est aussi une espèce endémique en Australie.
Mais le développement de ce miel en Australie pourrait être coupé net. Un groupement d'apiculteurs néo-zélandais a lancé plusieurs recours, notamment en Chine, aux Etats-Unis et dans l'Union européenne, pour déposer le terme manuka et en obtenir l'usage exclusif.
"Manuka est un terme maori. Dans l'esprit du consommateur, c'est un certificat d'origine néo-zélandaise", fait valoir John Rawcliffe, porte-parole de Unique Manuka Factor Association.
"Par ailleurs les apiculteurs australiens appellent +manuka+ toutes les variétés de Leptospermum australien (plus de 80). C'est trompeur et ça ne correspond pas au produit vendu. C'est comme si on décidait d'appeler +citrons+ tous les types d'agrumes pour en tirer un prix plus élevé", fait-il valoir.
Des revendications balayées par Paul Callander, président de l'Australian Manuka Honey Association. "La composition chimique de notre miel est la même que celle du miel néo-zélandais", dit-il.
En outre, il "est prouvé que l'Australie produit du miel de manuka depuis au moins les années 1840", ajoute-t-il. De fait, le nom courant de l'arbuste butiné pour donner ce miel est également manuka en Tasmanie et dans l'Etat du Victoria (sud-est de l'Australie).
Contrefaçons
Autre motif d'inquiétude côté australien, les démarches juridiques des apiculteurs néo-zélandais sont soutenues financièrement par le gouvernement de ce pays. Les Australiens, qui ont décidé de faire appel de ces recours devant la justice britannique et néo-zélandaise, se défendent seuls.
"Nous ne renoncerons jamais à employer le terme manuka. Cela prendrait des années de familiariser les consommateurs avec un nouveau terme, et cela nous coûterait des millions de dollars", explique Paul Callander.
Le ministre australien du Commerce, Dan Tehan, a récemment proposé à son homologue néo-zélandais d'organiser un "sommet trans-Tasman" pour que les deux pays coopèrent au lieu de s'opposer.
Pour sa part, John Rawcliffe n'est pas contre mais la question de l'utilisation du terme manuka n'est pas négociable à ses yeux.
Une position que déplorent Ana Martin et Sven Stephan. "Nous pouvons tous gagner plus d'argent si nous nous défendons ensemble et élaborons un processus de certification commun. Actuellement, il y a dix fois plus de miel de manuka vendu dans le monde qu'il n'en est produit! La quantité des contrefaçons est énorme! Qui plus est, les Américains ont aussi commencé récemment à produire du miel de manuka. C'est là qu'est la vraie menace", avertit l'apiculteur.
Tous les apiculteurs néo-zélandais ne défendent pas cette démarche pour obtenir une appellation d'origine. Comvita, le plus grand producteur de miel de pays, est associé depuis 2016 à l'australien Capilano, pour produire et commercialiser ensemble du miel de manuka… en Australie.
Reste que pour la Nouvelle-Zélande, les enjeux sont considérables. Malgré des volumes dix fois moins importants que ceux exportés par la Chine, la Nouvelle-Zélande est devenue en 2020 le premier exportateur mondial de miel en valeur, avec des ventes cumulées estimées à 251 millions d’euros.
Ana Martin et Sven Stephan ont acheté l'an dernier un terrain à Somersby, à une centaine de kilomètres au nord de Sydney, pour y installer une cinquantaine de ruches à flanc de colline. Il est planté de Leptospermum scoparium, un arbuste dont les fleurs sont butinées par les abeilles, donnant ce fameux miel de manuka.
"Être apiculteur, c'est un travail qui vous occupe sept jours sur sept. Et les bénéfices sont très limités. Avec le manuka en revanche, les marges sont bien plus importantes", explique Ana Martin à l'AFP.
Le couple d'apiculteurs, qui exploite quelque 300 ruches réparties sur 400 km le long de la côte de la Nouvelle-Galles-du-Sud, commercialise son miel directement sur les marchés et, de plus en plus, via Internet.
A l'issue de cette première saison à Somersby, le couple a récolté 2,5 tonnes de miel de manuka, précise l'apicultrice.
Vanté par des célébrités telles que l'actrice Gwyneth Paltrow et le joueur de tennis Novak Djokovic pour ses vertus anti-inflammatoires et anti-bactériennes, ce miel couleur foncée peut se vendre plusieurs centaines d'euros le kilo.
Envolée
La pandémie de Covid-19 a fait exploser la demande, propulsant les exportations néo-zélandaises de miel à un niveau record en 2019/20, principalement grâce au miel de manuka (76% de ces exportations).
Une envolée dont ont également bénéficié les apiculteurs australiens, qui produisent aussi, en quantités plus modestes, cette précieuse substance. L'arbuste Leptospermum scoparium, présent en Nouvelle-Zélande, est aussi une espèce endémique en Australie.
Mais le développement de ce miel en Australie pourrait être coupé net. Un groupement d'apiculteurs néo-zélandais a lancé plusieurs recours, notamment en Chine, aux Etats-Unis et dans l'Union européenne, pour déposer le terme manuka et en obtenir l'usage exclusif.
"Manuka est un terme maori. Dans l'esprit du consommateur, c'est un certificat d'origine néo-zélandaise", fait valoir John Rawcliffe, porte-parole de Unique Manuka Factor Association.
"Par ailleurs les apiculteurs australiens appellent +manuka+ toutes les variétés de Leptospermum australien (plus de 80). C'est trompeur et ça ne correspond pas au produit vendu. C'est comme si on décidait d'appeler +citrons+ tous les types d'agrumes pour en tirer un prix plus élevé", fait-il valoir.
Des revendications balayées par Paul Callander, président de l'Australian Manuka Honey Association. "La composition chimique de notre miel est la même que celle du miel néo-zélandais", dit-il.
En outre, il "est prouvé que l'Australie produit du miel de manuka depuis au moins les années 1840", ajoute-t-il. De fait, le nom courant de l'arbuste butiné pour donner ce miel est également manuka en Tasmanie et dans l'Etat du Victoria (sud-est de l'Australie).
Contrefaçons
Autre motif d'inquiétude côté australien, les démarches juridiques des apiculteurs néo-zélandais sont soutenues financièrement par le gouvernement de ce pays. Les Australiens, qui ont décidé de faire appel de ces recours devant la justice britannique et néo-zélandaise, se défendent seuls.
"Nous ne renoncerons jamais à employer le terme manuka. Cela prendrait des années de familiariser les consommateurs avec un nouveau terme, et cela nous coûterait des millions de dollars", explique Paul Callander.
Le ministre australien du Commerce, Dan Tehan, a récemment proposé à son homologue néo-zélandais d'organiser un "sommet trans-Tasman" pour que les deux pays coopèrent au lieu de s'opposer.
Pour sa part, John Rawcliffe n'est pas contre mais la question de l'utilisation du terme manuka n'est pas négociable à ses yeux.
Une position que déplorent Ana Martin et Sven Stephan. "Nous pouvons tous gagner plus d'argent si nous nous défendons ensemble et élaborons un processus de certification commun. Actuellement, il y a dix fois plus de miel de manuka vendu dans le monde qu'il n'en est produit! La quantité des contrefaçons est énorme! Qui plus est, les Américains ont aussi commencé récemment à produire du miel de manuka. C'est là qu'est la vraie menace", avertit l'apiculteur.
Tous les apiculteurs néo-zélandais ne défendent pas cette démarche pour obtenir une appellation d'origine. Comvita, le plus grand producteur de miel de pays, est associé depuis 2016 à l'australien Capilano, pour produire et commercialiser ensemble du miel de manuka… en Australie.
Reste que pour la Nouvelle-Zélande, les enjeux sont considérables. Malgré des volumes dix fois moins importants que ceux exportés par la Chine, la Nouvelle-Zélande est devenue en 2020 le premier exportateur mondial de miel en valeur, avec des ventes cumulées estimées à 251 millions d’euros.