Tokyo, Japon | AFP | vendredi 04/01/2018 - "J'investis toutes mes économies dans le bitcoin": à l'instar de Mai Fujimoto, alias "Miss Bitcoin" sur les réseaux sociaux, de nombreux Japonais se sont entichés de la plus célèbre des crypto-monnaies, désormais reconnue comme un moyen de paiement légal dans le pays.
En décembre, un peu plus de 31% des transactions mondiales du bitcoin étaient libellées en yen, derrière le dollar (44%) mais loin devant le won sud-coréen (18%) et l'euro (6%), d'après jpbitcoin.com, site japonais compilant des données du secteur.
La part des investisseurs japonais sur ce marché s'est considérablement renforcée depuis l'interdiction l'an dernier des échanges de crypto-monnaies en Chine.
Tokyo a pris le chemin inverse. Une loi entrée en vigueur au printemps 2017 a reconnu le bitcoin et d'autres monnaies virtuelles comme des moyens de paiement légaux, tout en renforçant les exigences de transparence et de solidité financière des opérateurs du marché local.
Cette réglementation favorable a incité des groupes de services en ligne nippons déjà établis à se lancer sur ce nouveau créneau, tandis que des milliers de commerces du pays ont commencé à accepter des paiements en bitcoin, souvent pour faire du buzz dans les médias locaux.
"La participation de grandes compagnies, le sentiment de sécurité venant du feu vert du gouvernement et l'exposition médiatique ont vraiment amené des groupes de gens complètement nouveaux sur le marché" du bitcoin au Japon l'an dernier, résume Koji Higashi, 29 ans, spécialiste du secteur et lui-même investisseur dans la monnaie virtuelle.
- 'Miss Bitcoin' -
Mai Fujimoto, 32 ans, est quant à elle une adepte depuis 2012. "A l'époque je cherchais à créer une plateforme de dons en ligne pour l'éducation des enfants dans des pays en développement (...). Je me suis rendu compte à quel point c'était cher d'envoyer de l'argent à l'étranger", raconte-t-elle à l'AFP.
"Quand j'ai appris que je n'avais plus besoin de passer par les banques si j'utilisais des paiements en bitcoin, j'ai été vraiment impressionnée", ajoute l'entrepreneure.
"J'investis toutes mes économies dans le bitcoin et d'autres crypto-monnaies depuis près d'un an (...). Je n'ai plus d'épargne à la banque", dit-elle en riant.
Rien ne prédisait pourtant au bitcoin un tel succès auprès des Japonais, connus pour leur peu d'appétence pour le risque, leur prédilection pour l'épargne et les paiements en espèces.
Le premier élan du bitcoin au Japon avait d'ailleurs été brisé en 2014 par la retentissante faillite de la plateforme d'échanges tokyoïte MtGox. Son ancien dirigeant, le Français Mark Karpelès, est jugé depuis l'été dernier à Tokyo pour manipulation de données et détournement de fonds, des accusations qu'il réfute.
- Casse-tête fiscal -
"Beaucoup de Japonais sont très conservateurs en matière de risque. Mais d'un autre côté, nous avons du négoce de détail sur le marché des changes, et beaucoup de particuliers négocient des montants élevés sur ce marché", observe Yuzo Kano, PDG et co-fondateur de bitFlyer, aujourd'hui la principale plateforme de négoce du bitcoin au Japon.
Les nombreux spéculateurs nippons sur le marché des changes tendent à se reporter sur les crypto-monnaies comme le bitcoin, ont récemment estimé des analystes de Deutsche Bank dans une note.
Le contexte prolongé de taux d'intérêt très bas dans le pays, sous l'effet de la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque du Japon, incite aussi à chercher des investissements alternatifs plus rémunérateurs, ajoute M. Kano, ancien employé de Goldman Sachs et BNP Paribas.
Ce choix n'a rien de rationnel, mais provient plutôt d'un effet de suivisme, soutient cependant Koji Higashi. "+Tout le monde le fait maintenant et j'ai entendu dire qu'on fait beaucoup d'argent avec, donc je dois le faire aussi+", souligne-t-il pour résumer l'état d'esprit.
Mais une autre conséquence de la reconnaissance officielle des monnaies virtuelles au Japon pourrait calmer les ardeurs: tout profit tiré de transactions sur ces marchés sera considéré comme des revenus divers, soumis à un taux d'imposition élevé, de l'ordre de 55%.
"C'est un vaste enjeu qui agite en ce moment le milieu", selon M. Higashi. "Beaucoup d'investisseurs ont du mal à calculer le montant qui sera taxé", dit-il, prédisant "beaucoup de scandales d'évasion fiscale dans un futur proche".
etb/anb/juf
En décembre, un peu plus de 31% des transactions mondiales du bitcoin étaient libellées en yen, derrière le dollar (44%) mais loin devant le won sud-coréen (18%) et l'euro (6%), d'après jpbitcoin.com, site japonais compilant des données du secteur.
La part des investisseurs japonais sur ce marché s'est considérablement renforcée depuis l'interdiction l'an dernier des échanges de crypto-monnaies en Chine.
Tokyo a pris le chemin inverse. Une loi entrée en vigueur au printemps 2017 a reconnu le bitcoin et d'autres monnaies virtuelles comme des moyens de paiement légaux, tout en renforçant les exigences de transparence et de solidité financière des opérateurs du marché local.
Cette réglementation favorable a incité des groupes de services en ligne nippons déjà établis à se lancer sur ce nouveau créneau, tandis que des milliers de commerces du pays ont commencé à accepter des paiements en bitcoin, souvent pour faire du buzz dans les médias locaux.
"La participation de grandes compagnies, le sentiment de sécurité venant du feu vert du gouvernement et l'exposition médiatique ont vraiment amené des groupes de gens complètement nouveaux sur le marché" du bitcoin au Japon l'an dernier, résume Koji Higashi, 29 ans, spécialiste du secteur et lui-même investisseur dans la monnaie virtuelle.
- 'Miss Bitcoin' -
Mai Fujimoto, 32 ans, est quant à elle une adepte depuis 2012. "A l'époque je cherchais à créer une plateforme de dons en ligne pour l'éducation des enfants dans des pays en développement (...). Je me suis rendu compte à quel point c'était cher d'envoyer de l'argent à l'étranger", raconte-t-elle à l'AFP.
"Quand j'ai appris que je n'avais plus besoin de passer par les banques si j'utilisais des paiements en bitcoin, j'ai été vraiment impressionnée", ajoute l'entrepreneure.
"J'investis toutes mes économies dans le bitcoin et d'autres crypto-monnaies depuis près d'un an (...). Je n'ai plus d'épargne à la banque", dit-elle en riant.
Rien ne prédisait pourtant au bitcoin un tel succès auprès des Japonais, connus pour leur peu d'appétence pour le risque, leur prédilection pour l'épargne et les paiements en espèces.
Le premier élan du bitcoin au Japon avait d'ailleurs été brisé en 2014 par la retentissante faillite de la plateforme d'échanges tokyoïte MtGox. Son ancien dirigeant, le Français Mark Karpelès, est jugé depuis l'été dernier à Tokyo pour manipulation de données et détournement de fonds, des accusations qu'il réfute.
- Casse-tête fiscal -
"Beaucoup de Japonais sont très conservateurs en matière de risque. Mais d'un autre côté, nous avons du négoce de détail sur le marché des changes, et beaucoup de particuliers négocient des montants élevés sur ce marché", observe Yuzo Kano, PDG et co-fondateur de bitFlyer, aujourd'hui la principale plateforme de négoce du bitcoin au Japon.
Les nombreux spéculateurs nippons sur le marché des changes tendent à se reporter sur les crypto-monnaies comme le bitcoin, ont récemment estimé des analystes de Deutsche Bank dans une note.
Le contexte prolongé de taux d'intérêt très bas dans le pays, sous l'effet de la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque du Japon, incite aussi à chercher des investissements alternatifs plus rémunérateurs, ajoute M. Kano, ancien employé de Goldman Sachs et BNP Paribas.
Ce choix n'a rien de rationnel, mais provient plutôt d'un effet de suivisme, soutient cependant Koji Higashi. "+Tout le monde le fait maintenant et j'ai entendu dire qu'on fait beaucoup d'argent avec, donc je dois le faire aussi+", souligne-t-il pour résumer l'état d'esprit.
Mais une autre conséquence de la reconnaissance officielle des monnaies virtuelles au Japon pourrait calmer les ardeurs: tout profit tiré de transactions sur ces marchés sera considéré comme des revenus divers, soumis à un taux d'imposition élevé, de l'ordre de 55%.
"C'est un vaste enjeu qui agite en ce moment le milieu", selon M. Higashi. "Beaucoup d'investisseurs ont du mal à calculer le montant qui sera taxé", dit-il, prédisant "beaucoup de scandales d'évasion fiscale dans un futur proche".
etb/anb/juf