Sao Paulo, Brésil | AFP | samedi 24/01/2015 - En plein été austral, ce qui semblait être une menace est devenue réalité: l'eau commence à manquer dans le centre de Sao Paulo, la riche mégapole du Brésil frappée par une grave sécheresse qui menace aussi l'approvisionnement en électricité.
Tiago Guimaraes a été prévenu à son travail que l'immeuble où il vit au centre-ville n'avait plus une goutte d'eau. Il a pu prendre une douche au gymnase avant de rentrer chez lui.
"Mardi, c'était la première fois qu'on a manqué d'eau. Mercredi nous n'en n'avons pas eu non plus, après c'est revenu mais jusqu’à quand?", raconte cet architecte de 34 ans né dans l’État de Ceara, dans le nord-est aride du Brésil.
"Là-bas, nous avons connu une crise hydrique dans les années 90 et on a toujours essayé d'économiser l'eau. J'ai acheté un réservoir de 140 litres d'eau pour ne pas en manquer", ajoute-t-il.
Dans le quartier huppé des Jardins, dans le centre de Sao Paulo, un petit restaurant pâtit du manque d'eau: on n'y lave plus le plancher tous les jours et le matin il faut attendre plusieurs minutes pour que l'eau sorte des robinets. La nuit, elle est coupée.
"Cela a commencé récemment et cela s'est aggravé rapidement", raconte le propriétaire, Antonio Custodio.
Horizon sombre
La région métropolitaine de Sao Paulo et l'intérieur de l’État subissent depuis des mois la pire sécheresse des 80 dernières années, avec des coupures d'eau durant plusieurs jours.
Le manque de pluies a touché les grands barrages pour l'eau potable qui fournissent l'État de Sao Paulo où vivent 40 millions de personnes.
Les cinq barrages du système de Cantareira par exemple ont leur niveau de stockage au minimum depuis longtemps.
D'autres barrages importants pour la production d'électricité, situés dans le sud-est du Brésil, comme Rio, sont en situation critique.
"Depuis 2012 nous avons des pluies en deçà de la normale mais cela a empiré depuis l'été (austral) 2014", affirme Bianca Lobo, météorologiste du consultant Climatempo.
"Et cette année les pluies resteront inférieures à la normale et empêcheront la récupération des barrages", prévient-elle.
Les experts se plaignent que le gouvernement de Sao Paulo n'ait pas rationné l'eau en 2014 et ait tardé à informer de la situation.
Ce n'est que la semaine dernière que le gouverneur, Geraldo Alckmin, a reconnu que Sao Paulo faisait déjà face au rationnement. Un peu avant, il avait augmenté le tarif de l'eau pour tenter de réduire la consommation.
Les autorités tablent sur le fait que cette saison des pluies - d'octobre à avril - sera suffisante pour rétablir le niveau des barrages.
"Les autorités sont plus optimistes que n'importe quel météorologiste", ironise Mme Lobo.
Menace pour l'énergie
Les centrales hydroélectriques sont la principale source d'énergie du Brésil, un pays de plus de 200 millions d'habitants. La production de tout le pays se concentre dans le sud et le sud-est où se trouvent les grands centres industriels.
Lundi, une coupure d'électricité a touché une dizaine d’États dont Sao Paulo, Rio de Janeiro et Brasilia.
D'après l'Opérateur national du système électrique (ONS), la coupure a été due à une hausse de la demande, en raison de la chaleur, et de failles dans la transmission.
Jeudi, plus d'un million de personnes sont restées sans eau dans la banlieue de Sao Paulo après une panne de courant qui a affecté les pompes de distribution.
"Ici, jamais personne n'a pensé que l'eau allait manquer. Le problème avec la production d'énergie est que c'est un système très dépendant des pluies", explique Edson Carlos, président de l'Institut privé Trata Brasil, dédié à la protection des ressources hydriques.
Le spécialiste critique aussi le gâchis élevé d'eau potable dans tout le pays, avec notamment un réseau d'égouts obsolète qui perd plus de 30% d'eau.
Jeudi, l'usine hydroélectrique de Paraibuna (État de Rio) a dû être débranchée en raison du bas niveau d'eau de son réservoir.
Les autorités rejettent la possibilité d'un rationnement énergétique mais récemment le ministre du secteur, Eduardo Braga, a appelé la population à réduire sa consommation, invoquant même la protection divine: "Nous devons compter que Dieu nous envoie un peu d'humidité et de pluie".
Tiago Guimaraes a été prévenu à son travail que l'immeuble où il vit au centre-ville n'avait plus une goutte d'eau. Il a pu prendre une douche au gymnase avant de rentrer chez lui.
"Mardi, c'était la première fois qu'on a manqué d'eau. Mercredi nous n'en n'avons pas eu non plus, après c'est revenu mais jusqu’à quand?", raconte cet architecte de 34 ans né dans l’État de Ceara, dans le nord-est aride du Brésil.
"Là-bas, nous avons connu une crise hydrique dans les années 90 et on a toujours essayé d'économiser l'eau. J'ai acheté un réservoir de 140 litres d'eau pour ne pas en manquer", ajoute-t-il.
Dans le quartier huppé des Jardins, dans le centre de Sao Paulo, un petit restaurant pâtit du manque d'eau: on n'y lave plus le plancher tous les jours et le matin il faut attendre plusieurs minutes pour que l'eau sorte des robinets. La nuit, elle est coupée.
"Cela a commencé récemment et cela s'est aggravé rapidement", raconte le propriétaire, Antonio Custodio.
Horizon sombre
La région métropolitaine de Sao Paulo et l'intérieur de l’État subissent depuis des mois la pire sécheresse des 80 dernières années, avec des coupures d'eau durant plusieurs jours.
Le manque de pluies a touché les grands barrages pour l'eau potable qui fournissent l'État de Sao Paulo où vivent 40 millions de personnes.
Les cinq barrages du système de Cantareira par exemple ont leur niveau de stockage au minimum depuis longtemps.
D'autres barrages importants pour la production d'électricité, situés dans le sud-est du Brésil, comme Rio, sont en situation critique.
"Depuis 2012 nous avons des pluies en deçà de la normale mais cela a empiré depuis l'été (austral) 2014", affirme Bianca Lobo, météorologiste du consultant Climatempo.
"Et cette année les pluies resteront inférieures à la normale et empêcheront la récupération des barrages", prévient-elle.
Les experts se plaignent que le gouvernement de Sao Paulo n'ait pas rationné l'eau en 2014 et ait tardé à informer de la situation.
Ce n'est que la semaine dernière que le gouverneur, Geraldo Alckmin, a reconnu que Sao Paulo faisait déjà face au rationnement. Un peu avant, il avait augmenté le tarif de l'eau pour tenter de réduire la consommation.
Les autorités tablent sur le fait que cette saison des pluies - d'octobre à avril - sera suffisante pour rétablir le niveau des barrages.
"Les autorités sont plus optimistes que n'importe quel météorologiste", ironise Mme Lobo.
Menace pour l'énergie
Les centrales hydroélectriques sont la principale source d'énergie du Brésil, un pays de plus de 200 millions d'habitants. La production de tout le pays se concentre dans le sud et le sud-est où se trouvent les grands centres industriels.
Lundi, une coupure d'électricité a touché une dizaine d’États dont Sao Paulo, Rio de Janeiro et Brasilia.
D'après l'Opérateur national du système électrique (ONS), la coupure a été due à une hausse de la demande, en raison de la chaleur, et de failles dans la transmission.
Jeudi, plus d'un million de personnes sont restées sans eau dans la banlieue de Sao Paulo après une panne de courant qui a affecté les pompes de distribution.
"Ici, jamais personne n'a pensé que l'eau allait manquer. Le problème avec la production d'énergie est que c'est un système très dépendant des pluies", explique Edson Carlos, président de l'Institut privé Trata Brasil, dédié à la protection des ressources hydriques.
Le spécialiste critique aussi le gâchis élevé d'eau potable dans tout le pays, avec notamment un réseau d'égouts obsolète qui perd plus de 30% d'eau.
Jeudi, l'usine hydroélectrique de Paraibuna (État de Rio) a dû être débranchée en raison du bas niveau d'eau de son réservoir.
Les autorités rejettent la possibilité d'un rationnement énergétique mais récemment le ministre du secteur, Eduardo Braga, a appelé la population à réduire sa consommation, invoquant même la protection divine: "Nous devons compter que Dieu nous envoie un peu d'humidité et de pluie".