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Le lagoonarium de Moorea démonté


Tahiti, le 5 mai 2021 – A la suite d'une récente mise en demeure du Pays, Matahi Pambrun et les employés du lagoonarium de Moorea démontent depuis quelques jours les structures installées sur le motu de l'île soeur. Treize ans après la décision de justice imposant ce départ du site et surtout après deux accidents récents, le porteur du projet se dit dépité.
 
Depuis deux jours, Matahi Pambrun ainsi que les employés du lagoonarium démontent toutes les structures qui sont installées sur le platier tout près du motu Ahi à Afareaitu. Ce démontage, ils ne le font pas de gaieté de coeur mais y sont contraints. En effet, il y a deux semaines, ils ont reçu un courrier émanant des services de l'équipement leur demandant de remettre les lieux en l'état et de démonter les installations du lagoonarium. Une décision prise treize ans après le jugement du tribunal administratif intervenu en 2008 et imposant aux occupants du motu de libérer les lieux.
 
Matahi Pambrun se dit "surpris et triste". "Je pense que ces politiques n'ont pas toujours conscience du courage qu'il faut pour monter une entreprise. Cela demande beaucoup de courage, de sacrifice". Pour le jeune entrepreneur, ce n'est néanmoins pas un hasard si le Pays a finalement décidé de mettre en application la décision de justice après les deux accidents survenus ces dernières années. En effet, en 2018 une touriste sexagénaire s'était noyée lors d'une excursion sur le site et en 2019 un enfant de 9 ans avait été mordu par un requin. Le lagoonarium était donc en sursis, mais son occupant reste amer. "On y pense tous les jours. Cela nous a touché psychologiquement. Mais est-ce qu'on peut résumer 20 ans d'entreprenariat à ces deux accidents ?" La sœur de Matahi Pambrun, qui travaille sur le site, met en avant le fait que "le lagoonarium est classé numéro 1 de Tripadvisor. On a reçu énormément de touristes, des personnes âgées qui tout de suite quand elles étaient dans l'eau se sentaient légères. C'est une sorte de thérapie au final. Cela me désole".
 

"Nous exécutons une décision de justice"

"Les décisions de justice, nous, on les applique", s'explique le ministre de l'Equipement, René Temeharo. "Après, l'éventualité future de la destination de ces lieux ? Il y a quand même des procédures au niveau du tourisme, donc il faut monter des dossiers. Repartir à zéro éventuellement. Je pense qu'il y a matière à le faire." Le ministre estime que la fermeture de l'exploitation actuelle du motu, faite sans autorisation, ne signifie pas que le site ne sera plus exploité à l'avenir. "Ce n'est pas parce que nous intervenons pour fermer l'activité actuelle qu'elle est fermée totalement non. Il faut qu'il y ait une reprise éventuelle par d'autres prestataires on n'en sait rien. Mais en tout les cas, nous, nous exécutons une décision de justice."
 
De son côté, Matahi Pambrun se défend en expliquant avoir déposé quatre demandes d'autorisation d'occupation du domaine maritime. Toutes refusées. "Cela fait 25 ans que je suis là, je connais chaque caillou, chaque poisson", affirme-t-il dépité. "On aura survécu à la crise du Covid mais pas à l'administration". Le jeune homme assure pourtant qu'il ne baissera pas les bras et qu'il a l'intention de refaire les choses dans les règles de l'art. "Cette autorisation on n'y croit pas, mais on va le faire. Ce genre de concessions, on les donne qu'aux grands hôtels, aux multinationales, aux grands investisseurs. Mais nous, les gens d'ici, on n'a pas droit à ce genre d'autorisation"


Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mercredi 5 Mai 2021 à 21:31 | Lu 11415 fois