Le haut-commissaire en visite à Paea


Anna Nguyen et Éric Spitz lors de la présentation des deux futurs forages de Papehue et Vaitupa. Crédit : Tom Larcher
Tahiti, le 27 mars 2024 - Suite à une invitation d'Antony Géros, tāvana de Paea, le haut-commissaire Éric Spitz et la tāvana hau Anna Nguyen se sont rendus, ce mercredi, dans cette commune de l'ouest de Tahiti dans le cadre d'une visite officielle. Au programme, visite des projets en cours et à venir et un focus sur la situation de la potabilité de l'eau dans la commune. Une problématique récurrente à Paea, qui devrait être résolue d'ici la fin de l'année.
 
Paea est une commune de classe moyenne qui tente de rivaliser avec ses voisines géantes”, déclarait le tāvana Antony Géros, ce mercredi, à l'occasion de la réception des membres de l'État dans sa mairie, la “White House de Tahiti”, glissait-il en rigolant. Oui, mais “c'est une commune qui a un vrai potentiel et qui pourrait se hisser parmi les plus grandes de la Polynésie”, rétorquait le haut-commissaire Éric Spitz.
 
Dans cette commune de 13 000 habitants dotée d'une jeunesse montante, les projets d'aménagement foisonnent. “On a besoin d'un petit coup de pouce pour faire avancer nos dossiers ”, ajoutait Antony Géros à l'occasion de la deuxième visite d'un haut-commissaire à Paea pendant la durée de son mandat. Au total, “on dénombre 38 projets sur la commune de Paea”, expliquait le tāvana. Dans cette commune où “43% de la population de Paea vit dans des quartiers défavorisés”, disait le haut-commissaire, des projets visant à améliorer la qualité de vie des habitants et à dynamiser l'attrait de la commune vis-à-vis du tourisme voient le jour. Cette visite, c’était aussi l'occasion pour le haut-commissaire de constater l'avancement des travaux soutenus “à hauteur de près d'un milliard de francs Pacifique par l'État”, disait Éric Spitz, mais aussi d'entendre les nouvelles doléances du tāvana de Paea qui désire mettre en place de nouveaux projets.
 
Bientôt de l'eau 100% potable
 
La visite s'est donc divisée en cinq lieux où sont entrepris des travaux d'aménagement dans plusieurs domaines, dont deux concernaient la potabilité de l'eau et son assainissement. Une problématique qui a la peau dure dans la commune, précisait Éric Spitz. “L'eau est un problème ancien à Paea.” En effet, les deux captages d'eau de Vaitupa et Papehue permettaient de distribuer de l'eau potable aux habitants de la commune, mais ils se retrouvaient vite saturés quand venaient des fortes pluies, et la filtration de l'eau n'y était plus aussi efficace. D'autant plus que certaines infrastructures montrent des traces d'usure et du matériel doit être remplacé. Résultat, cette fameuse eau “chocolat”, une eau turbide qui coule du robinet dès qu'il se met à pleuvoir.

Les travaux du forage de Papehue, un des nouveaux forage qui devrait garantir la distribution d'eau potable à Paea. Crédit : Tom Larcher
Tant que la potabilité de l'eau n'est pas totalement acquise, c'est bien entendu un projet prioritaire pour la commune de mettre en place les ouvrages nécessaires”, insistait Antony Géros. Pour y remédier, deux chantiers de forage ont vu le jour à Vaitupa et Papehue. Des forages censés prendre le relai sur les captages d'eau déjà existants lorsque les pluies se manifesteraient. “Les études ont démarré en 2015 et on a poursuivi en termes d'ouvrage effectif en 2020. Aujourd'hui, les forages sont réalisés, on est désormais passé à la troisième étape : commander les pompes”, disait le tāvana. À terme, une fois les structures de captage existantes rénovées et ces deux nouveaux forages inaugurés et raccordés aux infrastructures en place, le dispositif devrait pouvoir supporter la demande en eau potable de toute la commune. Et apparemment, c'est pour bientôt, annonçait le tāvana. “On devrait recevoir les pompes pour le mois de juillet/août, de manière qu'en septembre/octobre prochain, on puisse commencer à lâcher de l'eau potable dans toute la commune.”
 
Valoriser les espaces
 
La suite de la visite s'est articulée autour de deux problématiques : l'amélioration de la qualité de vie des habitants et la valorisation de l'attrait touristique de la commune, bien en deçà de son potentiel selon les acteurs municipaux. Améliorer la condition de vie de ses habitants, ça passe d'abord par la valorisation de quelques terrains inutilisés ou, en tout cas, qu'on pourrait utiliser à meilleur escient. Comme ce terrain tout proche des écoles et du collège de Paea où la mairie projette la construction d'une cuisine centrale. Un lieu qui permettrait par exemple de nourrir les élèves de la zone, entre autres. Pour l'instant, le terrain est un dépotoir à déchets verts, mais aussi moins verts, expliquait la déléguée à cette mission. “Il y a 4 000 mètres cubes de déchets identifiés, on a demandé un diagnostic de la pollution du sol par des bureaux d'études spécialisés.” Ce diagnostic, qui devrait prendre trois mois, en dira plus sur la faisabilité du projet.
 
Autre terrain à valoriser, l'espace Laguesse dans le secteur Tiapa. Une zone qui sert actuellement à stocker les va'a de la commune de Paea et qui héberge un skate park que le temps n'a pas épargné. Là aussi s'est posée la question de la valorisation. Pour ce faire, le personnel de la mairie a mené une enquête auprès des habitants du quartier, petits et grands, pour savoir ce qu'ils aimeraient avoir sur ce terrain à deux pas de chez eux. Le tāvana, lui, aimerait aussi y réserver un espace pour les maraîchers et artisans enclavés dans les servitudes de la commune. Une manœuvre qui permettrait de créer une activité économique concentrée qui ferait également office de point de passage pour les touristes en vadrouille.

Rédigé par Tom Larcher le Mercredi 27 Mars 2024 à 17:57 | Lu 1602 fois