Le handicap invité à prendre la barre


Tahiti, le 25 mai 2024 – Ce samedi, l'association italienne Lo Spirito di Stella et son catamaran ont débarqué à Tahiti, au quai de Paofai, pour une escale de deux semaines. Actuellement en plein tour du monde, ces derniers parcourent les océans en offrant la possibilité aux personnes en situation de handicap de naviguer à leurs côtés de manière active. En effet, sur le bâtiment, tout le monde met la main à la pâte.
 
Le projet est ambitieux : créer un équipage mêlant personnes valides et en situation de handicap afin de réaliser un tour du monde en catamaran. C'est en tout cas la mission que s'est donnée l'association italienne Lo Spirito di Stella lorsqu'elle a quitté la ville de Gênes, en Italie, il y a déjà un an et demi. Et pour la petite histoire, cela fait 20 ans que cette association et son navire parcourent la Méditerranée et l'Atlantique afin de faire profiter au public handicapé des joies de la navigation à voile. À l'origine du projet, un certain Andrea Stella, un navigateur italien qui a perdu l'usage de ses jambes suite à une fusillade. Blessé mais pas vaincu, ce dernier a créé l'association Lo Spirito di Stella afin de poursuivre sa passion et la partager avec les personnes à mobilité réduite. Aujourd'hui, l'association travaille à démocratiser les structures adaptées au public handicapé.
“Ce navire et cette expédition nous permettent de répandre la philosophie de notre association qui est : Rien n'est impossible, même pour les personnes en situation de handicap, si l’on réfléchit de la bonne façon et que l'on construit les opportunités pour chacun”, explique Tullio Picciolini, capitaine du navire pour ce tronçon de l'expédition. “Nous sommes tous au même niveau sur ce navire, que l'on soit valide ou en situation de handicap. Ce bateau a été pensé pour qu'il n'y ait pas de barrières physiques ou d'ordre organisationnel. Les personnes à mobilité réduite doivent pouvoir circuler facilement dans chaque compartiment du bâtiment. Chaque membre de l'équipage est actif et participe à la gestion de la voile, de la barre, mais également à la lecture des cartes, ou encore à la cuisine. Nous pouvons accueillir huit personnes en tant qu'équipage, personnes valides et en situation de handicap confondues. C'est un bateau qui allie confort et haut niveau de sécurité, avec un seul niveau. Pour se rendre dans les cabines, il y a des rampes électriques qui peuvent soutenir les chaises roulantes électriques lourdes. Ces cabines, ainsi que les commodités, sont bien entendu adaptées aux personnes à mobilité réduite.”
En escale à Tahiti jusqu'au 2 juin, l'équipage compte bien aller à la rencontre ou accueillir à son bord les associations locales qui se consacrent au handicap : “C'est la raison d'être de ce navire et de notre association. Nous sommes amarrés au quai de Paofai et les gens peuvent venir nous voir pour une visite à bord du navire. Le but c'est vraiment de sensibiliser les gens au fait que toutes les structures peuvent être adaptées au public handicapé. Si c'est possible à bord d'un navire, c'est possible partout ailleurs !”

Andrea Quarta,

Athlète handisport de voile et membre de l'équipage

 
C'est une chance incroyable pour les personnes en situation de handicap ou à mobilité réduite. Déjà, à la base, être en mer est une chose exceptionnelle mais ça l'est davantage sur ce navire qui est adapté au public handicapé et notamment en chaise roulante. Je reviens régulièrement sur ce bateau pour effectuer des traversées. […] L'objectif de ce projet c'est justement de montrer que si on arrive à faire des choses adaptées pour les personnes en situation de handicap et à mobilité réduite sur un navire, il devrait donc être possible de le faire dans les infrastructures de tous les jours. Il faut abattre toutes ces barrières architecturales qui limitent le déplacement de ces personnes à mobilité réduite. Partout où nous sommes allés en escale, j'ai vu l'intérêt que portent les gens à notre navire et donc à ce message que nous essayons de transmettre. […] L'objectif également de ce projet c'est de faire venir des personnes qui n'ont pratiquement pas d'expérience dans la voile, et de les former à l'aide de l'équipage à ces choses là. Ne pas seulement faire une promenade en mer mais vraiment les faire participer, c'est-à-dire manœuvrer le bateau. Peu importe que l'on soit valide ou non, ici tout le monde est logé à la même enseigne.”
 


Rédigé par Wendy Cowan le Dimanche 26 Mai 2024 à 18:53 | Lu 856 fois