Yaura Sasa
PORT-MORESBY, jeudi 26 janvier 2012 (Flash d’Océanie) – Le gouvernement du Premier ministre papou Peter O’Neil a annoncé jeudi, dans la soirée (GMT+10), la fin d’une mutinerie conduite par le Colonel en retraite Yaura Sasa, qui s’était proclamé jeudi matin chef de l’armée papoue à la suite d’une prise de contrôle apparente du QG de l’armée, dans la capitale Port-Moresby.
Dans la soirée, M. O’Neil, arrivé au pouvoir le 2 août 2011 en remplacement de Sir Michael Somare, a déclaré que le commandant en chef des forces armées, le Général de brigade Francis Agwi, qui avait été assigné à résidence par les mutins, avait désormais été libéré des mutins ouvertement favorables au retour de Sir Michael à la tête du gouvernement.
Selon M. O’Neil, l’armée régulière « et par conséquent (mon) gouvernement ont repris le plein contrôle du QG » et le groupe de soldats à l’origine de cette prise de contrôle du QG de l’armée, avaient été transférés « dans une autre caserne », où, selon lui, le cas de leur meneur, le Colonel Yaura Sasa (qui déclarait avoir été nommé Commandant en chef de l’armée papoue par Sir Michael Somare), était désormais « traité ».
« Nous allons maintenant ouvrir une enquête concernant les doléances de ces soldats et nous les résoudrons », a-t-il ajouté sur les ondes de la radio nationale.
Quelques heures plus tôt, un premier groupe d’une quinzaine de soldats mutins avait été arrêté.
« (Le Colonel Sasa) n’est pas soutenu par la grande majorité de l’armée et ses actes équivalent à de la haute trahison, ce qui est passible de la peine de mort », avait averti plus tôt dans la journée le vice-Premier ministre de M. O’Neil, Belden Namah, tout en donnant « trois heures » aux soldats rebelles pour se rendre sans condition.
Dessertes aériennes verrouillées
Tout au long de la journée de jeudi, par ailleurs, la compagnie aérienne domestique Air Niugini, invoquant des « raisons de sécurité échappant à son contrôle » et faisant référence à des ordres en provenance du gouvernement (O’Neil), a par ailleurs annoncé jeudi dans la journée d’importantes annulations dans son plan de vol et de dessertes, principalement sur l’île principale de Nouvelle-Guinée et en particulier à destination de la province de Wewak, circonscription où est élu M. Somare, mais aussi à destination de la seconde ville du pays, Lae et de Vanimo, la zone frontalière qui jouxte la partie occidentale de l’île la plus grande du monde : la province indonésienne d’Irian Jaya.
Ces destinations sont aussi le site des principales casernes et garnisons de l’armée papoue.
Outre des accès au QG de l’armée sous bonne garde, les comptes rendus sur place, notamment ceux émanant de la radio nationale, décrivent une situation « calme » dans le reste de la capitale papoue.
Toutefois, de nombreuses entreprises auraient préféré fermer leurs portes dans la capitale.
L’Australie réagit et appelle ses ressortissants à la plus grande vigilance
Plus tôt dans la journée, par ailleurs la Première ministre australienne Julia Gillard, interrogée au sujet de la crise papoue, avait exhorté les militaires papous à la plus grande retenue, en particulier dans les affaires politiques de leur pays.
« L’armée n’a pas sa place dans les affaires politiques de la Papouasie-Nouvelle-Guinée », a-t-elle déclaré dans un communiqué jeudi.
En réaction à ces évolutions, le gouvernement australien avait exhorté jeudi les parties prenantes à « résoudre la situation au plus vite afin que la chaîne de commandement au sein de l’armée (papoue) puisse être rétablie », a déclaré le ministère australien des affaires étrangères.
Le gouvernement australien, très rapidement, a mis à jour ses conseils aux ressortissants résidant à Port-Moresby ou désireux de s’y rendre, en recommandant de limiter au strict minimum les déplacements dans la capitale jusqu’à nouvel ordre.
Un ancien commandant en chef des forces papoues dans les années 1990, le général de brigade Jerry Singirok, a estimé pour sa part jeudi que la crise actuelle et ses implications militaires, était la conséquence de l’attitude des politiques et de cette rivalité au sommet entre MM. O’Neil et Somare.
Interrogé par Radio Australie, il a par ailleurs appelé de ses vœux une nouvelle convocation urgente du Parlement afin de clarifier la situation au plan constitutionnel et judiciaire.
Le général Singirok avait lui-même mené une mutinerie en 1997 pour expurger les hommes d’une société paramilitaire privée, Sandline, dont le gouvernement de l’époque dirigé par Sir Julilus Chan, avait loué les services pour mater un conflit sécessionniste sur l’île de Bougainville.
Défendre la Constitution
Jeudi dans la journée, au cours d’une conférence de presse, le Colonel Yaura Sasa, ancien attaché militaire en Indonésie (en 2003), avait affirmé qu’il se considérait, avec ses hommes, comme le garant de la Constitution et de l’appareil judiciaire, qui ont été mises à mal au cours des dernières semaines, lorsqu’une décision de la Cour Suprême de remettre en selle Sir Michael Somare au poste de Premier ministre n’a pas été respectée.
Son successeur, Peter O’Neil, qui se considère lui aussi le Premier ministre légitime de ce pays après son élection au Parlement le 2 août 2011, a mis en avant depuis une légitimité fondée sur le vote du Parlement et appuyée par une majorité des fonctionnaires, y compris ceux de la police et de l’armée.
Le Gouverneur Général, représentant officiel de la Reine Elizabeth II d’Angleterre, chef de l’État dans ce pays du Commonwealth, avait d’abord observé le verdict de la Cour en réinstallant M. Somare, puis s’était ravisé, sous la pression du Parlement et du clan O’Neil.
Depuis, M. Somare n’a eu de cesse de dénoncer une Constitution qu’il estimé bafouée et « foulée du pied ».
Le non-respect des décisions de justice et de la Constitution n’avait pas entraîné de réactions particulières, ni du Commonwealth, ni des proches pays voisins comme l’Australie (ancienne puissance de tutelle) ou la Nouvelle-Zélande.
Le non-respect de la décision de la cour Suprême, début décembre 2011, avait toutefois déjà été perçu dans certains milieux comme une manière de putsch constitutionnel.
« Ma tâche est de rétablir l’intégrité et le respect de la Constitution et de la justice (…) J’en appelle maintenant au Chef de l’État le Gouverneur Général, Sir Michael Ogio pour qu’il acte (la décision de la cour Suprême) et donne effet au poste de Sir Michael en tant que Premier ministre », a lancé jeudi le Colonel, qui demande aussi la convocation d’un séance extraordinaire du Parlement et de ses 109 députés au cours des jours à venir pour qu’ils « remettent de l’ordre » dans les affaire constitutionnelles du pays.
Un posture similaire a été observée ces dernières années, dans la région, à plusieurs reprises, de la part de l’armée des îles Fidji, où pas moins de quatre coups d’État sont survenus depuis le premier, conduit en mai 1987 par un certain Colonel Sitiveni Rabuka, au nom de la suprématie indigène.
L’actuel Premier ministre des îles Fidji, le Contre-amiral Franck Bainimarama, par ailleurs commandant en chef de l’armée fidjienne, a souvent invoqué, pour expliquer son dernier putsch du 5 décembre 2006, la notion de « doctrine de nécessité » et le fait que les forces armées fidjiennes se considéraient toujours comme « le dernier rempart » face à des situations qu’elles jugeraient néfastes à leur pays.
Impasse constitutionnelle toujours pas résolue
MM. Somare et O’Neil se considèrent tous deux comme les premiers ministres légitimes de ce pays mélanésien de près de sept millions d’habitants.
M. O’Neil, élu le 2 août 2011 par le Parlement, a été désavoué en décembre 2011 par une décision de la cour Suprême.
Cette dernière avait estimé que la procédure de constatation de vacance du poste de Premier ministre (concernant M. Somare et son absence prolongée à Singapour après y avoir subi deux opérations à cœur ouvert, courant avril 2011), clairement indiquée dans la Constitution, n’avait pas été respectée et que par conséquent, Sir Michael Somare était toujours le chef légitime de l’exécutif papou.
Mais malgré cette nouvelle confrontation ravivée par la Cour Suprême, M. O’Neil était finalement parvenu à maintenir son assise au pouvoir, malgré les tentatives de M. Somare (75 ans et considéré comme le père de l’indépendance du pays) de reprendre les rênes après plusieurs mois (avril-octobre 2011) d’hospitalisation à Singapour.
Au plus fort de la crise constitutionnelle et parlementaire qui s’en était suivie, la police et l’armée avaient affiché une certaine neutralité, refusant de prendre parti pour l’un ou l’autre.
pad
Dans la soirée, M. O’Neil, arrivé au pouvoir le 2 août 2011 en remplacement de Sir Michael Somare, a déclaré que le commandant en chef des forces armées, le Général de brigade Francis Agwi, qui avait été assigné à résidence par les mutins, avait désormais été libéré des mutins ouvertement favorables au retour de Sir Michael à la tête du gouvernement.
Selon M. O’Neil, l’armée régulière « et par conséquent (mon) gouvernement ont repris le plein contrôle du QG » et le groupe de soldats à l’origine de cette prise de contrôle du QG de l’armée, avaient été transférés « dans une autre caserne », où, selon lui, le cas de leur meneur, le Colonel Yaura Sasa (qui déclarait avoir été nommé Commandant en chef de l’armée papoue par Sir Michael Somare), était désormais « traité ».
« Nous allons maintenant ouvrir une enquête concernant les doléances de ces soldats et nous les résoudrons », a-t-il ajouté sur les ondes de la radio nationale.
Quelques heures plus tôt, un premier groupe d’une quinzaine de soldats mutins avait été arrêté.
« (Le Colonel Sasa) n’est pas soutenu par la grande majorité de l’armée et ses actes équivalent à de la haute trahison, ce qui est passible de la peine de mort », avait averti plus tôt dans la journée le vice-Premier ministre de M. O’Neil, Belden Namah, tout en donnant « trois heures » aux soldats rebelles pour se rendre sans condition.
Dessertes aériennes verrouillées
Tout au long de la journée de jeudi, par ailleurs, la compagnie aérienne domestique Air Niugini, invoquant des « raisons de sécurité échappant à son contrôle » et faisant référence à des ordres en provenance du gouvernement (O’Neil), a par ailleurs annoncé jeudi dans la journée d’importantes annulations dans son plan de vol et de dessertes, principalement sur l’île principale de Nouvelle-Guinée et en particulier à destination de la province de Wewak, circonscription où est élu M. Somare, mais aussi à destination de la seconde ville du pays, Lae et de Vanimo, la zone frontalière qui jouxte la partie occidentale de l’île la plus grande du monde : la province indonésienne d’Irian Jaya.
Ces destinations sont aussi le site des principales casernes et garnisons de l’armée papoue.
Outre des accès au QG de l’armée sous bonne garde, les comptes rendus sur place, notamment ceux émanant de la radio nationale, décrivent une situation « calme » dans le reste de la capitale papoue.
Toutefois, de nombreuses entreprises auraient préféré fermer leurs portes dans la capitale.
L’Australie réagit et appelle ses ressortissants à la plus grande vigilance
Plus tôt dans la journée, par ailleurs la Première ministre australienne Julia Gillard, interrogée au sujet de la crise papoue, avait exhorté les militaires papous à la plus grande retenue, en particulier dans les affaires politiques de leur pays.
« L’armée n’a pas sa place dans les affaires politiques de la Papouasie-Nouvelle-Guinée », a-t-elle déclaré dans un communiqué jeudi.
En réaction à ces évolutions, le gouvernement australien avait exhorté jeudi les parties prenantes à « résoudre la situation au plus vite afin que la chaîne de commandement au sein de l’armée (papoue) puisse être rétablie », a déclaré le ministère australien des affaires étrangères.
Le gouvernement australien, très rapidement, a mis à jour ses conseils aux ressortissants résidant à Port-Moresby ou désireux de s’y rendre, en recommandant de limiter au strict minimum les déplacements dans la capitale jusqu’à nouvel ordre.
Un ancien commandant en chef des forces papoues dans les années 1990, le général de brigade Jerry Singirok, a estimé pour sa part jeudi que la crise actuelle et ses implications militaires, était la conséquence de l’attitude des politiques et de cette rivalité au sommet entre MM. O’Neil et Somare.
Interrogé par Radio Australie, il a par ailleurs appelé de ses vœux une nouvelle convocation urgente du Parlement afin de clarifier la situation au plan constitutionnel et judiciaire.
Le général Singirok avait lui-même mené une mutinerie en 1997 pour expurger les hommes d’une société paramilitaire privée, Sandline, dont le gouvernement de l’époque dirigé par Sir Julilus Chan, avait loué les services pour mater un conflit sécessionniste sur l’île de Bougainville.
Défendre la Constitution
Jeudi dans la journée, au cours d’une conférence de presse, le Colonel Yaura Sasa, ancien attaché militaire en Indonésie (en 2003), avait affirmé qu’il se considérait, avec ses hommes, comme le garant de la Constitution et de l’appareil judiciaire, qui ont été mises à mal au cours des dernières semaines, lorsqu’une décision de la Cour Suprême de remettre en selle Sir Michael Somare au poste de Premier ministre n’a pas été respectée.
Son successeur, Peter O’Neil, qui se considère lui aussi le Premier ministre légitime de ce pays après son élection au Parlement le 2 août 2011, a mis en avant depuis une légitimité fondée sur le vote du Parlement et appuyée par une majorité des fonctionnaires, y compris ceux de la police et de l’armée.
Le Gouverneur Général, représentant officiel de la Reine Elizabeth II d’Angleterre, chef de l’État dans ce pays du Commonwealth, avait d’abord observé le verdict de la Cour en réinstallant M. Somare, puis s’était ravisé, sous la pression du Parlement et du clan O’Neil.
Depuis, M. Somare n’a eu de cesse de dénoncer une Constitution qu’il estimé bafouée et « foulée du pied ».
Le non-respect des décisions de justice et de la Constitution n’avait pas entraîné de réactions particulières, ni du Commonwealth, ni des proches pays voisins comme l’Australie (ancienne puissance de tutelle) ou la Nouvelle-Zélande.
Le non-respect de la décision de la cour Suprême, début décembre 2011, avait toutefois déjà été perçu dans certains milieux comme une manière de putsch constitutionnel.
« Ma tâche est de rétablir l’intégrité et le respect de la Constitution et de la justice (…) J’en appelle maintenant au Chef de l’État le Gouverneur Général, Sir Michael Ogio pour qu’il acte (la décision de la cour Suprême) et donne effet au poste de Sir Michael en tant que Premier ministre », a lancé jeudi le Colonel, qui demande aussi la convocation d’un séance extraordinaire du Parlement et de ses 109 députés au cours des jours à venir pour qu’ils « remettent de l’ordre » dans les affaire constitutionnelles du pays.
Un posture similaire a été observée ces dernières années, dans la région, à plusieurs reprises, de la part de l’armée des îles Fidji, où pas moins de quatre coups d’État sont survenus depuis le premier, conduit en mai 1987 par un certain Colonel Sitiveni Rabuka, au nom de la suprématie indigène.
L’actuel Premier ministre des îles Fidji, le Contre-amiral Franck Bainimarama, par ailleurs commandant en chef de l’armée fidjienne, a souvent invoqué, pour expliquer son dernier putsch du 5 décembre 2006, la notion de « doctrine de nécessité » et le fait que les forces armées fidjiennes se considéraient toujours comme « le dernier rempart » face à des situations qu’elles jugeraient néfastes à leur pays.
Impasse constitutionnelle toujours pas résolue
MM. Somare et O’Neil se considèrent tous deux comme les premiers ministres légitimes de ce pays mélanésien de près de sept millions d’habitants.
M. O’Neil, élu le 2 août 2011 par le Parlement, a été désavoué en décembre 2011 par une décision de la cour Suprême.
Cette dernière avait estimé que la procédure de constatation de vacance du poste de Premier ministre (concernant M. Somare et son absence prolongée à Singapour après y avoir subi deux opérations à cœur ouvert, courant avril 2011), clairement indiquée dans la Constitution, n’avait pas été respectée et que par conséquent, Sir Michael Somare était toujours le chef légitime de l’exécutif papou.
Mais malgré cette nouvelle confrontation ravivée par la Cour Suprême, M. O’Neil était finalement parvenu à maintenir son assise au pouvoir, malgré les tentatives de M. Somare (75 ans et considéré comme le père de l’indépendance du pays) de reprendre les rênes après plusieurs mois (avril-octobre 2011) d’hospitalisation à Singapour.
Au plus fort de la crise constitutionnelle et parlementaire qui s’en était suivie, la police et l’armée avaient affiché une certaine neutralité, refusant de prendre parti pour l’un ou l’autre.
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