Le goût des cinq sens de Tiffany Guedon


TAHITI, le 26 janvier 2022 - Art culinaire - Étudiante en 2e année de bachelor à l’Institut Paul Bocuse, Tiffany Guedon se rapproche doucement de ses rêves à savoir ouvrir un jour un restaurant à Tahiti et, dans l’idéal, un autre au Japon. Et puis, la cuisine qu’elle définit comme l’art des cinq sens, combine ses trois passions.

Elle peut travailler de 6h30 le matin jusqu’à 23h30 et peut passer jusqu’à 4h30 en cuisine lorsqu’elle est en apprentissage mais, malgré le rythme, Tiffany Guedon se sent à sa place en 2e année de bachelor en Management internationale des arts culinaires à l’Institut Paul Bocuse. Cet institut, fondé en 1990 par le chef Paul Bocuse (1926-2018) et l’homme d’affaires Gérard Pélisson, qui en est le président actuel, est une école de management des arts culinaires, de l’hôtellerie et de la restauration. Elle est à dimension internationale, accueillant près de 70 nationalités sur ses campus. Tiffany Guedon est la première polynésienne à y faire ses armes. Un autre Polynésien vient d’y entrer cette année où il est actuellement en première année.

L’année à l’institut est divisée en semestre. “L’un pour la théorie et un l’autre principalement pour la pratique et apprentissage”, détaille Tiffany Guedon. En fin d’année, les étudiants sont mis en situation professionnelle et “bien sûr nous avons des examens techniques de cuisine et des partielles de théorie”.

Dextérité, rigueur et plaisir

En théorie, les matières diffèrent un peu selon les années d’études. Tiffany Guedon a démarré notamment avec du management, de la nutrition, de la science du goût. En deuxième année, il était plutôt question de comptabilité, d’apprentissage du chinois. Cela dit, la nutrition était toujours de mise. “En pratique nous avons plusieurs semaines en apprentissage cuisine et pâtisserie et des semaines en mise en pratique professionnelle dans le bar, l’économat et les cinq restaurants de l’institut : un éphémère, un gastronomique, un étoilé et deux pour les étudiants." “On nous demande de fournir une grande quantité de travail que ce soit en théorie ou dans la pratique. Malgré cela, ce sont les études les plus amusantes, intéressantes et enrichissantes que j’ai vécues. On y apprend la dextérité, la rigueur et le plaisir d’être en cuisine.”

Tiffany Guedon a fait son stage de première année 2021 au Hei à Tahiti. Cette année, elle a été prise pour faire un échange de cinq mois dans une école partenaire de l’institut, l’université de Woosong Solbridge en Corée du sud. "J’y serai dès le 3 février pour revenir vers fin juin. Ayant ensuite un mois avant la rentrée, je ferai un CDD dans un restaurant japonais.” Vues les opportunités que lui offre l’école, elle compte bien faire son dernier stage au Japon, ce pays qu’elle affectionne tant, ou bien ailleurs en Asie.


La cuisine une passion de plus

Tiffany Guedon, est allée à l’école maternelle Ui tama à Paofai. Elle a passé ses années de primaire à l’école Paofai, puis a suivi les cours du collège de Tipaerui et du lycée Paul Gauguin. À 17 ans, elle a fait une année de césure au Japon. “J’étais dans une école et une famille d’accueil 100% japonaise. Mais de ce fait, j’ai passé mon bac général S dans l’année de mes 18-19 ans, en 2020."

Elle explique son année passée au Japon car depuis toute petite, elle est passionnée par le pays du soleil levant. “J’ai dû apprendre le japonais par moi-même pour pouvoir me débrouiller seule là-bas. Le but de cet échange était de découvrir la vie normale d’une lycéenne japonaise. C’est pour cela que j’étais dans une famille et dans une école japonaises ne parlant pas anglais. J’y suivais des cours tout à fait classique pour mon âge de mathématiques… ”. Elle a saisi l’occasion pour, en plus, découvrir et s’initier à la gastronomie locale en se promenant “dans les quatre coins du pays”. Tiffany Guedon apprécie la cuisine asiatique et en particulier la japonaise car “je trouve que c’est une cuisine raffinée, qui met en valeur chaque élément et ingrédient de l'assiette”.


Avant de découvrir la cuisine, Tiffany Guedon était passionnée de dessin, de manga et d’animation. Ensuite, elle a découvert le sport, et en particulier la musculation et la course. “Depuis la cuisine s’est rajoutée à mes passions.”

Chez elle, il n’y a pas de restaurateur ou de passionné de gastronomie. “Même ma mère depuis petite déteste cuisiner, elle n’a pas le temps.” La seule et vraie personne qui passe au quotidien du temps aux fourneaux c’est sa grand-mère, “la mère de famille”. Elle cuisine pour tous. “Et chacun vient chercher ses plats en fin de journée !” Un modèle pour Tiffany Guedon. “Elle m'impressionnera toujours. Étant chinoise ses plats le sont souvent eux aussi.”

Ouvrir un restaurant à Tahiti

Tiffany Guedon pense que son cursus est le seul qui lui permettra d’atteindre ses objectifs. “De plus la cuisine combine mes trois passions. Pour moi, c’est l’art des cinq sens. On doit faire appel à notre ouïe, odorat, goût, toucher et vue. Comme j’aime dessiner, j’aime que mes assiettes ressemblent à un tableau ou un dessin. Travailler en cuisine permet chaque jour de découvrir, de se renouveler et d’évoluer."

Après le lycée, elle a hésité entre l’École Ferrandi, une grande école hôtelière qui forme l’élite de la gastronomie et du management hôtelier et l’Institut Paul Bocuse. “Mais lors de mes entretiens le feeling n'est pas vraiment passé avec Ferrandi. L’institut Paul Bocuse fait son choix en se basant sur ta personne et ta passion et non tes connaissances générales.” Tiffany Guedon, avec le recul, n’est pas déçue. “C’est une super école qui nous offre d'énormes opportunités. De plus en troisième année il y a une spécialisation japon qui normalement me permettrait d'aller étudier au Japon”, se réjouit-elle.

Elle engrange de l’expérience, s’ouvre à tous les horizons. Elle nourrit ses connaissances jour après jour. Elle aimerait pouvoir ouvrir mon propre restaurant à Tahiti et, si possible, un jour en ouvrir un autre au Japon pour pouvoir réaliser son rêve de vivre au Japon. Mais avant tout cela, elle prévoit de travailler dans plusieurs restaurants de différents pays pour “prendre de l’expérience et en apprendre plus sur les gastronomies du monde. Quant au reste, aux autres projets, je les garde encore secrets. ”

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 26 Janvier 2022 à 17:51 | Lu 3537 fois