Le festival qui va jazzer


Tahiti, le 27 septembre 2022 – La deuxième édition du Tahiti Soul Jazz festival se tiendra du jeudi 29 septembre au samedi 1er octobre à l'hôtel InterContinental Tahiti. Trois jours aux rythmes de la Nouvelle-Orléans grâce aux artistes invités, mais aussi placés sous le signe de l'écoresponsabilité. Le festival est également l'occasion de nombreuses rencontres culturelles, entre les artistes polynésiens et ceux de la Nouvelle-Orléans, mais aussi avec le public et les collégiens.
 
Après une première édition réussie en 2019, le Tahiti Soul Jazz festival revient pour une deuxième édition, à partir de ce jeudi. Jusqu'à samedi, les différents artistes invités vont prendre place sur la scène du motu de l'hôtel InterContinental Tahiti. Cette année, la directrice artistique du festival, la chanteuse franco-américaine China Moses, a choisi de mettre à l'honneur la Nouvelle-Orléans. Une “évidence”, selon elle, car la ville est le berceau du jazz et là-bas comme au fenua, la musique est omniprésente, “tout le monde joue d'un instrument”.
 
Tahiti entretient également un lien fort avec la culture jazz. “La dernière boîte de jazz, dans les années 1980, s'appelait New Orleans”, rappelle l'organisateur du festival, Fred Dubuis de 2DZ Productions. “Tous les musiciens de Tahiti, au début dans les années 1960, faisaient du jazz. Il y en a d'ailleurs plein qui sont partis jouer aux États-Unis.” Et pour renouer avec cette tradition du jazz, on retrouvera donc sur scène, durant trois jours, le New Orleans Jazz Orchestra (NOJO), qui fêtera ses vingt ans à Tahiti et qui est devenu la référence des big bands. Il se produira dans le cadre de trois formations : le NOJO brass band, le NOJO Seven et le NOJO Soul. Il y aura également la chanteuse-compositrice Gabrielle Cavassa, “l'étoile montante du jazz aux États-Unis” qui a notamment été lauréate en 2021 du concours international de jazz Sarah Vaughan, ou encore l'artiste de soul, funk et R&B Erica Falls, qui était la chanteuse du groupe Galactic avant de poursuivre sa carrière en solo. Plusieurs artistes polynésiens seront également présents. Michel Poroi ouvrira le festival, accompagné des guitaristes Silvio Cicero et Mataitai Tetuanui. Il rendra un hommage à son ami Daniel Benoît, disparu en 2021 et avec qui il avait débuté sa carrière dans les années 1970. Vendredi, Teiva LC, la voix soul polynésienne, présentera un répertoire soul, R&B et funk. Et samedi, le festival se refermera avec le Big band du conservatoire, qui rendra hommage, au cours de la soirée, à Hans Faatauira, professeur de percussions du conservatoire, lui aussi décédé en 2021. “Il y aura une composition originale de Fred Rossoni et une mise en lumière de choses que seulement Hans savait faire. Et il nous manque !”, confie China Moses.

Un festival de rencontres

Le Tahiti Soul Jazz n'est pas simplement un festival de musique mais “est construit sur des valeurs d'échange et de partage” entre artistes d'une part, mais aussi avec le public et les élèves des établissements scolaires. Lors de la soirée de clôture, le Big band du conservatoire partagera donc la scène avec tous les artistes présents lors du festival, mais présentera également une création, fruit de son travail avec le New Orleans Jazz Orchestra au cours de leur résidence d'artistes. Plusieurs master class sont également organisées gratuitement au Conservatoire artistique de la Polynésie. Le public pourra découvrir, ce mercredi de 15 heures à 16h15, le thème de la voix dans le jazz avec la chanteuse Gabrielle Cavassa, et jeudi, de 16h30 à 17h45, il sera question de l'histoire des rythmes de la Nouvelle-Orléans avec le batteur et directeur artistique du NOJO, Adonis Rose. Enfin, mercredi matin, les musiciens du Brass band NOJO rencontreront les élèves des classes à horaires aménagés Musique du collège Maco-Tevane.
 
Autre valeur fondamentale du festival : l'écoresponsabilité. Le festival se veut donc vertueux avec une attention toute particulière portée sur le recyclage en visant le zéro déchet, et un service de restauration qui propose des plats avec des produits locaux, en circuit court. Vendredi et samedi, plus de 40 acteurs de l'environnement (associations, institutionnels et privés), prendront part au village de l'environnement, organisé dans la cocoteraie de l'InterContinental.

China Moses, directrice artistique du Tahiti Soul Jazz festival : “Ça m'est venu comme une évidence”

China Moses avec Adonis Rose, du NOJO.
Vous avez un lien particulier avec la Nouvelle-Orléans ?
“La Nouvelle-Orléans, c'est la ville dans laquelle ma mère a décidé d'habiter il y a six ou sept ans. C'est le berceau du jazz. C'est la première ville où les esclaves noirs avaient le droit de jouer de leurs instruments. Historiquement, pour moi en tant que noire américaine, c'est beaucoup. Et c'est un endroit magique aux États-Unis, c'est une ville et une culture vraiment à part. Je suis tombée amoureuse de leur culture, de leur accueil et de la diversité musicale qu'il y a là-bas. Quand on a commencé à travailler sur la deuxième édition du festival, ça m'est venu comme une évidence, parce que la Nouvelle-Orléans est aussi une ville très résiliente. Il y a des gens qui ont tout perdu dans l'ouragan Katrina. Ils ont une histoire avec la nature très forte et je sais qu'ici aussi, il y a un lien très fort avec la nature. Et la musique est omniprésente ici : tout le monde chante et c'est la même chose à la Nouvelle-Orléans. Donc pour moi, c'est normal de faire le lien entre ces deux cultures et j'espère qu'un jour, on réussira à jumeler Tahiti avec la Nouvelle-Orléans.”
 
En tant que directrice artistique, c'est important de faire venir des artistes qui ne sont pas forcément connus au fenua ?
“C'est extrêmement important pour moi de faire venir des artistes qui ne sont pas connus de nom. Il y a une chose qui me frustre avec les festivals internationaux, c'est qu'on voit souvent les mêmes noms, alors qu'on sait très bien qu'il y a de nombreux artistes qui ont tout autant de talent que ces grands noms, voire plus parfois. Et je ne veux pas que ce festival soit bâti juste sur le nom des stars. Je pense que ce festival doit être bâti sur la base du village environnemental et sur le fait que la musique est de qualité. La musique, c'est dans notre sang, donc ce talent-là et cet amour-là doivent être sublimés pour moi. C'est ça qui fait un vrai bon festival.”

Adonis Rose, directeur artistique du New Orleans Jazz Orchestra : “La musique est universelle. On n'a pas besoin de mots pour communiquer”

Quand on vous a proposé de venir jouer à Tahiti avec le NOJO, vous n'avez pas hésité ?
“Pas du tout. J'étais excité par l'opportunité d'exporter la musique et la culture de la Nouvelle-Orléans à Tahiti. Et je suis China Moses dans tout ce qu'elle veut faire ! Quand elle m'a parlé du festival, elle m'a partagé ce qu'elle voulait accomplir ici, un projet de croisement culturel entre le conservatoire, la culture polynésienne avec des artistes locaux et la culture de la Nouvelle-Orléans. J'ai trouvé que c'était une super idée. Elle m'a donné une date et je l'ai tout de suite inscrite dans mon calendrier. C'était il y a deux ans !”
 
Vous tournez énormément mais le grand public ne vous connait pas forcément. Est-ce un challenge ?
“Non je ne pense pas, parce que la musique est universelle. Peu importe où l'on va, on peut jouer devant des personnes qui n'ont jamais entendu parler de nous ou qui ne parlent pas la même langue, mais c'est pour cela qu'on apporte la musique partout dans le monde. C'est universel, on n'a pas besoin de mots pour communiquer avec les gens.”
 
Le festival propose de nombreuses rencontres, avec les musiciens locaux, lors des master class au conservatoire ou dans les écoles. Comment abordez-vous cela ?
“J'adore enseigner. J'adore m'impliquer auprès des communautés locales et j'adore partager ma culture et ce que nous faisons musicalement. Je suis toujours prêt à travailler avec les jeunes, particulièrement quand il s'agit d'aider les gens à comprendre la musique. C'est un échange donc nous voulons venir apprendre des choses et amener nous aussi quelque chose.”

Le village de l'environnement

L'écoresponsabilité est dans l'ADN du Tahiti Soul Jazz festival. “Les événements sont très peu vertueux à Tahiti”, confie Fred Dubuis, l'organisateur du festival. “Le B.A-ba, c'est de donner l'exemple, c'est pourquoi on a voulu faire un vrai festival écoresponsable.” Dans cette optique, de nombreuses actions seront mises en place afin de contribuer à améliorer les comportements, parmi lesquelles la mise en place de couverts recyclables et des gobelets consignés et réutilisables ou encore un service de restauration avec des produits locaux, de saison et en circuit court. Après la première édition, le festival s'était d'ailleurs vu décerner la Tortue d'or 2019 dans la catégorie “manifestations publiques” pour sa démarche écoresponsable et ses performances en matière de tri.
Le festival a aussi l'ambition de donner de la visibilité aux acteurs locaux qui s'engagent dans une démarche écoresponsable. Aussi, le village de l'environnement, qui sera ouvert au public vendredi, de 14 heures à 19 heures, et samedi, de 9 heures à 13 heures et 16 heures à 19 heures, accueillera plus de 40 participants (associations, institutionnels et entreprises privées) acteurs de l'environnement. Le public pourra découvrir leurs différents projets. Il y aura également des ateliers cuisine et de bouturage de corail, ainsi que des dégustations de produits et un foodtruck avec des produits vegan et locaux. Enfin, un café philo sera organisé. Durant trois tables rondes, les institutions seront invitées à discuter avec les associations de thématiques comme la sobriété heureuse ou comment agir collectivement.

Le programme

Jeudi 29 septembre, 18 heures
- Michel Poroi Trio (Tahiti) avec Silvio Cicero et Mataitai Tetuanui
- Gabrielle Cavassa Quartet (Nouvelle-Orléans) 

Vendredi 30 septembre, 18 heures
- Teiva LC (Tahiti)
- Nojo Brass Band (Nouvelle-Orléans)
- Erica Falls (Nouvelle-Orléans) 

Samedi 1er octobre
- Nojo Seven (Nouvelle-Orléans)
- Big band du conservatoire (Tahiti) & guests 

Sur le motu de l'hôtel InterContinental Tahiti. Tarifs par soirée : 3 500 Fcpf (cat. 3), 5 000 Fcfp (cat. 2) et 7 000 Fcfp (cat. 1) ; Pass trois jours : 9 000 Fcfp (cat. 3), 12 000 Fcfp (cat. 2) et 18 000 Fcfp (cat. 1). Les billets sont en vente chez iStore, Smart Store et en ligne sur www.ma-billetterie.pf.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Mardi 27 Septembre 2022 à 18:57 | Lu 855 fois