Le fenua se veut exemplaire face au réchauffement climatique


PAPEETE, le 2 juillet 2015 - En prélude à la réunion des leaders polynésiens qui se tiendra le 15 et le 16 juillet prochain au fenua, quarante-cinq institutionnels, experts et chercheurs ont planché sur la vulnérabilité des îles basses face aux effets du changement climatique. Ils ont livré diverses recommandations.

Pendant trois jours, 45 institutionnels, experts et chercheurs ont échangé sur la question de la vulnérabilité des îles basses polynésiennes face au changement climatique. Organisé par la Polynésie, l'État, l'Institut des récifs coralliens du Pacifique (IRCP), l'École pratique des hautes études et l'Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR), ce symposium visait deux objectifs : préparer la conférence des dirigeants polynésiens qui aura lieu le 15 et 16 juillet prochain en Polynésie et nourrir le plan Climat énergie du Pays (volet recherche et îles basses des Tuamotu). Á l'issue des rencontres, jeudi après-midi, les porte-paroles ont fait état des urgences, des nouveautés scientifiques et des recommandations.

Les études montrent que les atolls ne perdent pas de surface, ils sont résilients face à la montée des eaux. C'est-à-dire qu'ils sont capables de retrouver un état "normal" après avoir subi une perturbation. Aucun indicateur ne prévoit d'augmentation significative des cyclones aux vues des modèles de climat actuels dans le bassin polynésien. En revanche, la salinisation et la contamination des nappes phréatiques est bien réelle et constitue un problème majeur pour les populations des atolls. Ce phénomène devrait s'accentuer avec la diminution des précipitations annoncée. Par ailleurs, une augmentation des températures de l'air de 0,3°C ces dix dernières années et de l'eau de 0.25°C ces vingt dernières années a bien été observée. L'extension géographique de la ciguatera est confirmée.

Partant de ces observations, il a été décidé de favoriser la résilience de l'écosystème récifal en réduisant la perturbation par l'homme, de mettre en place et développer des aires marines et littorales protégées ou bien encore de créer une plateforme multi-acteurs d'observation, de suivi et d'étude intégrée. "C'est la première fois qu'une question est posée à l'échelle planétaire" a résumé Françoise Gaill, directrice de recherches au CNRS. "Cette notion de plateforme multi-acteurs qui nous amènerait à aborder le problème de différents point de vue, pourrait servir d'exemple à plus grande échelle."

Les atolls vont bien mais…

Virginie Duvat est professeure de géographie à la Rochelle. Elle a contribué à la rédaction du chapitre "Petites îles" dans le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Ses recherches portent principalement sur l'évolution de plusieurs atolls des Tuamotu. "L'une des questions que nous nous posons est, dans le cadre du réchauffement climatique : la surface des îles se réduit-elle? ", rapporte Virginie Duvat. Ses travaux montrent que non, les atolls ne disparaissent! "Ce sont des systèmes vivants qui se nourrissent du corail. Celui-ci donne les matériaux, les vagues transportent les sédiments et rechargent les îles. Tant que les récifs coralliens sont en bonne santé, les atolls se portent bien. Ils grandissent au fur et à mesure que l'eau monte." En Polynésie française, les récifs vont bien, ils continuent à alimenter les atolls. Les Paumotu peuvent donc rester sur leur terre, pour l'instant. "Mais", insiste Virginie Duvat "cela ne signifie pas que tout va bien, que le réchauffement climatique n'a pas d'impact et qu'il n'y a pas d'urgence à agir. Cela signifie que les impacts ne sont pas ceux que l'on pensait." De ce fait, à l'échelle internationale, il devient urgent de changer de stratégies. "Tant que l'on considérait que les atolls disparaissaient, on agissait de deux façons. D'une part on évacuait les gens, d'autre part on construisait des digues." Or les habitants des atolls peuvent rester chez eux et la construction des digues cassent le processus d'alimentation en sable des atolls. Les nouvelles données doivent encourager à de nouvelles politiques comme par exemple trouver des espèces de cocotiers ou de nacres plus résistantes à la salinisation car ce phénomène, lui, est bien réel.


Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 2 Juillet 2015 à 18:28 | Lu 1309 fois