Le fenua représenté au Cheonan world dance festival


Tahiti, le 28 août 2023 - Laina Yeou et sa troupe, Te Mana o Vaiahu, représenteront les couleurs du fenua au Cheonan world dance festival organisé par la Federation of international dance festivals (Fidaf) du 3 au 11 octobre prochains. Ils sont 30 artistes à relever le défi.
“À ma grande surprise la représentante locale de la Fidaf [Federation of international dance festivals, NDLR]m’a contactée en début d’année pour savoir si cela m’intéressait de participer au Cheonan world dance festival”, raconte Laina Yeou. La cheffe de troupe n’a pas hésité longtemps avant de se lancer dans l’aventure. Elle avait fondé la troupe Te Mana o Vaiahu en 2020 et ouvert son école de danse en 2021. Petite-fille de d’Elisabeth Taae épouse Henriot, elle danse depuis toujours. “C’est plus fort que moi, comme on dit. J’ai ça dans le sang” Pour elle, la participation au concours était une évidence.
 
La Fédération des Festivals Internationaux de Danse a été créée en 2012 à Cheonan en Corée et compte déjà des représentants dans plus de 70 pays à travers le monde. Elle invite, pour le Cheonan world dance festival, 30 troupes sélectionnées. “Il a fallu que je postule”, se souvient Laina Yeou. Elle a dû fournir un dossier complet, décrire son expérience, les spectacles déjà montés… “Il a aussi fallu que je justifie le fait de vouloir représenter la Polynésie et non la France.” Fin mars, la réponse est tombée. Positive. Une joie pour Laina Yeou qui a aussitôt commencé à monter un groupe de 30 danseuses, danseurs, musiciens, choristes, costumiers… 
 
En juin, la Fidaf a détaillé le planning des passages et les temps de représentations. Le 4 octobre, les candidats auront à assurer 10 minutes de scène. Les 5 et 6, ils auront, à l’occasion d’un défilé, trois minutes de show puis le 6 octobre, cinq minutes. En fonction des notes, une partie des groupes inscrits remportera une place en finale et devra proposer une chorégraphie encore différente de cinq minutes.
 
Les contraintes sont importantes. La scène, en superficie, correspond à la moitié de la surface de To’ata. “Ce qui est vaste pour seulement 30 personnes.” Des millions de personnes suivront le concours. Des spectateurs qui ne connaissent pas, ou peu la Polynésie, et qu’il va falloir séduire. S’il n’y a pas de thème affiché, les candidats vont devoir redoubler d’imagination, mais également de sensibilité pour faire la différence. “J’ai déjà participé à ce genre d’événement en tant que danseuse avec les Tamariki Poerani en 2017. Il s’agissait d’un concours organisé par le Conseil international des organisations de festivals de folklores et d’arts traditionnels. Mais là, ce n’est pas du tout la même envergure !”

"Créer de l'émotion"

Laina Yeou et sa troupe se présenteront en toute humilité. “Je vais partir du principe que le public ne connaît pas la Polynésie. Je vais chercher à rester traditionnelle, tout en performant. Il y a aura des mouvements traditionnels avec des portés ou sauts techniques par exemple.” Cela sera très dynamique, toujours en mouvement. “Mon objectif ? Que tout le monde comprenne les histoires que nous raconterons quels que soient leur culture, leurs codes et références. Quand j’imagine un spectacle, je cherche à créer de l’émotion.”
 
La Fidaf prend en charge le logement, les repas et transport tout au long du festival. Te Mana o Vaiahu a financé les billets d’avion et les dépenses liées aux costumes grâce à des levées de fonds : ventes de plats, ‘ori fitness, vente de tee-shirts. La troupe ne compte sur aucune subvention. 

"Continuer l'oeuvre de ma grand-mère"

La création de Te mana o Vaiahu est récente. Pour autant, Laina Yeou évolue discrètement dans l’univers de la danse depuis de très nombreuses années. Touche-à-tout, elle travaille depuis qu’elle a 13 ans. Devenue maman à 18 ans, elle a exercé de très nombreux métiers : animatrice de manège, vendeuse, responsable de vente, chauffeur-livreur… “J’ai une première partie de vie bien remplie”, plaisante-t-elle. 
 
Elle a changé de vie peu avant le Covid. “J’ai failli perdre ma fille. J’ai revu toutes mes priorités pour me concentrer sur elle.” Cette rupture a coïncidé avec une recherche identitaire. Elle s’est rapprochée de sa famille, et notamment de du groupe It’s nave, une tante et Roland Taoaroa, un oncle. Lesquels l’ont encouragée. “On m’a rapporté que sur son lit de mort, ma grand-mère a émis le vœu que l’on poursuivre son œuvre.” Laina Yeou est retournée à Maupiti, l’île de sa grand-mère. Elle s’y est reconnectée. “Je suis là où je dois être à présent.” L’histoire continue. 

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 28 Aout 2023 à 18:38 | Lu 1982 fois