Le drone inspiré du va'a invité à Tahiti


Le drone Sphyrna, inspiré de la pirogue polynésienne, a été développé par la start-up française Seaproven. Il pourrait bientôt nous rendre visite.
PAPEETE, le 5 décembre 2017 - C'est une innovation qui intéresse la Polynésie française. Une start-up française nommée Seaproven a créé un drone marin inspiré des pirogues polynésiennes. Autonome en plein océan, il permettrait d'assurer des services de surveillance et de recherche scientifique dans nos eaux… Vainqueur du prix HUS des technologies marines et présenté au vice-président Teva Rohfritsch, il a été invité au fenua par le vice-président en personne.

Voilà un drone qui a fait fureur aux dernière Assises de la mer en Métropole. Inspiré des pirogues traditionnelles polynésiennes, son design très familier au fenua lui confère une stabilité exceptionnelle en plein océan et la capacité de porter une tonne de matériel, en toute autonomie. Il se nomme Sphyrna, le nom scientifique de la famille des requins-marteaux, et est créé par la start-up française Seaproven.

Les lecteurs les plus assidus reconnaitront ce nom, puisque ce projet a été lauréat du HUS prize de l'année dernière, un concours organisé par l'association polynésienne Human Underwater Society offrant des billets d'avions vers Tahiti aux projets les plus innovants dans le domaine des technologies marines (voir encadré). Il avait à l'occasion gagné un billet vers la Polynésie.

Le vice-président teva Rohfritsch, accompagné de son conseiller Heifara Trafton, a rencontré Fabien Burigniot de Varenne, le fondateur de la start-up Seaproven et créateur d'un drone (en fond) inspiré des pirogues traditionnelles polynésiennes. Il l'a invité à Tahiti avec son invention.
Il a maintenant une nouvelle raison de l'utiliser : lors des assises de l'économie la mer qui se sont tenues au Havre en novembre, son drone a tapé dans l'œil de Teva Rohfritsch, vice-président du gouvernement de la Polynésie française, qui l'a invité en Polynésie.

Dans un communiqué, Fabien de Varenne précise ses projets pour la Polynésie. Pour l'instant il cherche au fenua des projets d'intérêt général où il pourrait expérimenter les capacités de son drone : "Nous avons lancé un appel à projet 02 Océan que vous trouverez sur notre site qui s'adresse à des organisations d'intérêt général, pour répondre à des besoins sur des missions, écologiques et/ou humanitaires pour laquelle l'acquisition de données est primordiale. Pour tout renseignement, contactez-nous sur notre site (seaproven.com) ou localement, adressez-vous à l’association (humanunderwatersociety.org). Nous travaillons également de façon plus confidentielle sur une exploitation du Sphyrna pour le transport inter-ile sous l'impulsion de la HUS."

Olivier Archambaud, fondateur de la Human Underwater Society

Quel est le lien entre la HUS et le créateur de ce drone ?
"L'association Human Underwater Society (HUS) a pour projet de créer en Polynésie un pôle de compétence dédiée aux technologies sous-marines. Cette idée a séduit Fabien Burigniot de Varenne qui a participé à notre concours HUS Prize 2017 récompensant les innovations en technologies marines et sous-marines, qu'il a remporté il y a presque un an. Il envisage désormais de venir délocaliser une partie de sa production sur le territoire, avec à la clé, des emplois, du transfert de technologie et surtout de la propriété industrielle high tech valorisée sur place. Je rappelle à cette occasion que la deuxième édition du HUS Prize avec le concours d'Air Tahiti Nui a démarré en octobre et que vous avez jusqu'à mi-février 2018 pour déposer vos dossiers."

Pourquoi avez-vous récompensé le Sphyrna avec votre HUS Prize l'année dernière ?
En terme de prospective d'usage tout d’abord, notre intérêt porte avant tout sur le potentiel de ce drone, pour mieux connaitre et surveiller l’espace sous-marin de nos océans. En Polynésie le défi est unique compte tenu de la taille de la ZME (Zone Maritime Exclusive). Le design de ce drone lui confère la capacité de transporter une tonne de capteurs et une grande autonomie, un excellent outil pour mesurer et surveiller de grandes zones, sur et sous l’eau. Nous pouvons imaginer par exemple que cet équipement participe à des campagnes de relevés bathymétriques, sédimentaires, ou même de biomasse en fonction des performances des matériels embarqués. Pour aller plus loin, nous pouvons également imaginer qu'il puisse travailler, monté avec des caméras 3D, en coordination avec d’autres équipements, tel qu'un véhicule téléguidé pour reconstituer des environnements sous-marins détaillés, à des fins de loisirs en réalités virtuels, ou à des fins professionnelles et scientifiques

Est-ce que ce projet à des chances de se réaliser ?
Justement, ce qui nous a séduits c'est le sérieux et la qualité de l’ingénierie, ainsi que leur capacité à délivrer un produit fini. Notons aussi le potentiel économique du projet, comme la possibilité d'aider au désenclavement des zones insulaires isolées ou de participer à la recherche de solution aux conséquences économiques et géographiques du changement climatique. Les thématiques de développement des populations insulaires et côtières font partie intégrante des missions statutaires de notre association. Enfin, le Sphyrna illustre bien le message que notre association véhicule sur le territoire, à savoir, que les savoir-faire du passé sont des sources d’inspirations inépuisables pour imaginer les solutions aux enjeux d’avenir. En l'état ce sont les performances hydrodynamiques du Va’a polynésien qui ont inspiré le design du Drone de Seaproven. Les polynésiens avaient donc des siècles d’avances en matière d’architecture navale.

Le projet de drone inspiré du va'a séduit largement. Sur cette photo voyez Fabien Burigniot de Varenne, CEO de Seaproven, accompagné de Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du cluster maritime français, et de Nicolas Hulot, le ministre de la transition énergétique.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 5 Décembre 2017 à 18:02 | Lu 4670 fois