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Le documentaire Fier.e.s s'invite au Cesec


Le documentaire Fier.e.s s'invite au Cesec
Tahiti, le 21 février 2025 - Récemment récompensé au Festival international du film documentaire océanien, le film Fier.e.s, la voix du Pacifique s'est invité ce vendredi au Cesec afin de sensibiliser ses membres à la réalité de la communauté LGBTQ+ en Polynésie. Et si peu de ses membres ont fait le déplacement, sa présidente, Voltina Roomataaroa Dauphin, a assuré être prête à répondre à d'éventuelles saisines et à porter et transmettre ces idées et “cette voix” aux politiques.
 
Réalité visible mais encore inaudible, la cause LGBTQ+ peine encore à attirer pleinement l'attention des politiques. Pourtant, les appels de détresse sont nombreux. Une voix que le documentaire Fier.e.s, la voix du Pacifique a décidé de porter au grand public à l'occasion du 22e Festival international du film documentaire océanien (Fifo) du 31 janvier au 9 février dernier. Saisissant, éloquent, mais aussi déchirant, le documentaire invite à la réconciliation entre une minorité incomprise et une société maladroite, moqueuse et parfois tyrannique. Une voix qui semble avoir trouvé une oreille attentive auprès du Conseil économique, social, environnemental et culturel : “Ça m'a fait pleurer”, témoigne sa présidente, Voltina Roomataaroa Dauphin. “C'est déjà tellement dur pour eux de réussir à se trouver, à se confronter à leur corps et leur identité, et certains parents n'hésitent pas à leur faire des choses inadmissibles... Je n'arrive pas à comprendre cette attitude qui consiste à renier sa propre progéniture.”
 
Et si la quatrième institution du Pays n'a pas le pouvoir, ni la vocation, de prendre quelconque décision, sa présidente rappelle néanmoins sa raison d'être : “Au Cesec, nous avons besoin des idées. Mais pas des idées qui viennent d'en haut. Ce sont des idées de personnes, de groupes de personnes, d'une communauté. C'est à l'origine même de la mise en place de cette institution. Le politique décide mais le politique a aussi besoin des personnes qui sont en face de nous. Chacun a droit à la parole et nous, notre rôle, est de la transmettre.” Interrogée sur la légitimité d'un tel sujet, la présidente du Cesec est catégorique : “C'est important de traiter ce type de sujet car il s'agit de personnes. Nous sommes tous, avant toute chose, des personnes et nous appartenons à cette société. Si une question doit être posée au Cesec, ce dernier répondra. Et si elle n'est pas posée, il est tout à fait possible pour nous de recourir à une auto-saisine. Même si, il faut le reconnaître, il va falloir préparer les esprits de chacun, notamment au sein des membres de notre institution.” Et pour cause, alors que la projection du documentaire était ouverte à tous, dont les membres du Cesec, seuls quelques-uns ont pris le temps de se déplacer.  
 
Un détail pour Lalita, figure emblématique de la cause LGBTQ+, qui préfère mettre l'accent sur le retentissement du documentaire : “Cette semaine, je suis allée me promener dans la rue et je n'ai eu que des bons retours. Tout le monde a été touché par notre témoignage. Aujourd'hui, je peux le dire : Je suis ‘fier.e.s’ ! Dans le film, je n'étais pas nécessairement fière. Maintenant, je le suis. J'ai rencontré notre population, j'ai rencontré des mineurs transgenres de La Mennais, de Anne-Marie Javouhey, et je leur ai demandé comment ça se passe à l'école. Ils m'ont dit que les harcèlements ont beaucoup baissé grâce à ce documentaire.” Et également présent lors de cette projection, le représentant à l'assemblée Heinui Le Caill semble déjà envisager une suite à cette démarche : “Il faudrait que ce film soit diffusé à l'assemblée, que les représentants voient la société telle qu'elle est et telle qu'elle a évolué. J'en ferai la demande.”
 

Rédigé par Wendy Cowan le Vendredi 21 Février 2025 à 16:03 | Lu 1593 fois