Le dessin pour l'égalité des genres


Tahiti, le 26 août 2024 – Ce lundi, au lycée Samuel-Raapoto, s'est tenue l'ouverture de l'exposition nationale Dessine-moi l'égalité des genres proposée par l'association Cartooning for Peace. Organisé par le vice-rectorat, l'événement invite les lycéens à développer un sens critique sur la société et ses stéréotypes, ainsi que ses problématiques contemporaines telles que les inégalités salariales entre les genres ou encore le harcèlement.
 
Y arriverons-nous un jour ? Si l'égalité des genres est une évidence pour certains, pour d'autres, le combat reste entier. Héritage profond d'une société patriarcale et judéo-chrétienne, la problématique des inégalités hommes/femmes est d'autant plus présente en Polynésie française. Et puisque l'on change difficilement les représentations des publics plus âgés, le vice-rectorat s'atèle depuis deux ans maintenant à faire travailler l'esprit critique de la jeunesse polynésienne par le biais des expositions proposées par l'association internationale Cartooning for Peace. Composée de 280 dessinateurs et dessinatrices de presse à travers le monde, l'association lutte avec humour et dérision pour le respect des libertés et cherche par tous les moyens possibles à nourrir les débats autour de notions fondamentales. Et pour cette rentrée 2024-2025, l'association propose une exposition sur le thème Dessine-moi l'égalité des genres.
 
“Au travers de cette exposition, nous essayons de développer l'esprit critique de ces jeunes”, explique Gaëtan Le Lu, inspecteur de lettres et référant égalité filles et garçons au sein du vice-rectorat. “C'est d'ailleurs la marque de l'association Cartooning for Peace. Et puis il y a l'aspect éducatif aussi, où l'on cherche à travailler sur la thématique. Ce sont des expositions qui marchent auprès des jeunes. Nous avons souvent des retours des professeurs documentalistes, ou des professeurs eux-mêmes, qui disent que ça fait bouger les représentations des élèves. Aujourd'hui, sur ces différents kakémonos, on trouve des messages qui rappellent qu'une femme peut exercer des métiers dits masculins, ou encore que les violences conjugales sont un réel problème, ou bien qu'une identité sexuelle qui pose question n'en est pas un.”
 
Un discours adapté
 
Des thèmes qui parlent à ces adolescents, bien souvent témoins ou victimes de ce genre de problématique. Mais en fonction de leur classe, le discours s'adapte : “Bien souvent, le professeur documentaliste a pour mission de mettre en place un planning avec des activités pédagogiques de réflexions qui vont s'adapter aux différents niveaux des classes qu'il ou elle accueille”, affirme Gaëtan Le Lu. “On ne parle pas de la même manière à des élèves de seconde et des élèves de terminale. D'ailleurs, l'exposition sera également de passage dans certains collèges mais sera réservée aux classes de 4e et 3e.” Et pour cause, si certains dessins ont un ton comique, d'autres sont plus durs dans la manière d'évoquer certains sujets.
 
Pour autant, l'objectif demeure justement de lever les tabous, une nécessité selon Belinda Walker, proviseure du lycée Samuel-Raapoto, premier établissement à accueillir l'exposition cette année : “Ces thématiques sont importantes, d'abord pour le jeune en lui-même. On est toujours triste de voir encore cette discrimination et, quelques fois, cette maltraitance à l'égard d'une fille ou d'un garçon. Ce sont des choses qui se sont accentuées depuis l'arrivée des réseaux sociaux. Le cyberharcèlement existe, et c'est la raison pour laquelle l'établissement met en place des projets visant à la lutte et la sensibilisation contre le harcèlement ou toute autre problématique de ce genre.”

Thierry Terret, vice-recteur de la Polynésie française : “L'égalité des genres est une thématique essentielle”
“L'égalité des genres est une thématique essentielle, transversale et qui doit être travaillée de manière interdisciplinaire. Et dans cette thématique, on retrouve quatre aspects. Tout d'abord, on trouve des inégalités dans les orientations. Aujourd'hui, on sait que les filles sont davantage attirées par les filières littéraires alors qu'il n'y a aucune raison. Il faut arriver à casser ces orientations dissymétriques. La deuxième question est celle des stéréotypes. Qu’ils soient filles ou garçons, les jeunes sont porteurs de stéréotypes historiques et culturels. On doit donc apprendre à l'école à les décoder, à les décrypter, à les critiquer et les remettre en question. Le troisième aspect concerne les violences. On sait qu’en Polynésie, les violences intraconjugales s'enracinent dans les rapports qui existent entre les filles et les garçons. Et puis, dernier thème, il s'agit de l'ensemble des inégalités. Par exemple, les filles sont associées à des aspects esthétiques, ou encore on les renvoie très souvent à leur rôle social dans la famille. Il faut arriver à être lucide par rapport à tout cela.”



Rédigé par Wendy Cowan le Lundi 26 Aout 2024 à 17:50 | Lu 1498 fois