Le départ de Louise Peltzer demandé par la grande majorité des enseignants de l'UPF


La situation devient délicate pour la présidente de l’Université Louise Peltzer, qui serait désormais désavouée par la plupart des 91 enseignants de l’UPF. Plusieurs sources concordantes ont confirmé à Tahiti Infos qu’une pétition demandant sa démission aurait recueilli les signatures d’une très grande majorité des professeurs, maîtres de conférences, et contractuels de l’Université. Le document pourrait être présenté lors du Conseil d’administration de l’UPF, jeudi matin.

Dans cette pétition rédigée « sans agressivité » selon ceux qui l’ont lue, les enseignants prennent acte de la situation tendue qui règne à l’Université, et demandent l’élection d’une nouvelle direction. Le texte reste volontairement vague sur les causes de ces tensions, mais l’affaire de plagiat est pourtant bel et bien au cœur du problème.

Depuis quelques mois, la présidente de l’UPF est embarrassée par les révélations d’un « Collectif pour la défense de la déontologie de la recherche ». Ce collectif dénonce le plagiat dont se serait rendue coupable Louise Peltzer dans son ouvrage « Des langues et des hommes », paru en 2000 et qui présente de troublantes similitudes avec l’ouvrage d’Umberto Eco : « A la Recherche de la langue parfaite dans la culture européenne ».

Un simple « oubli de guillemets » a argué pour se défendre la présidente de l’Université, sans convaincre les enseignants. « Au-delà de votre personne, c’est la réputation de votre établissement et celle de la recherche universitaire qui est en jeu » lui oppose le collectif en janvier 2011. Ses membres attendent alors une démission, que Louise Peltzer refuse de donner, malgré le rappel à l’ordre officiel de la ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse, en février.


PELTZER LACHEE PAR SA « GARDE RAPPROCHEE »

Mais les soutiens de la présidente se raréfient avec le temps. Aujourd’hui, c’est sa propre « garde rapprochée » qui aurait rédigé la pétition lui demandant de quitter son poste. Pour l’instant, ces personnes ne souhaitent pas être nommées : elles attendent le conseil d’administration de jeudi pour se faire connaître. La démission de Louise Peltzer n’y est pour l’instant pas inscrite à l’ordre du jour. Celle-ci devrait toutefois elle-même aborder l’affaire lors d’une allocution introductive, comme elle l’a fait mardi lors de la réunion du Conseil Scientifique. Mais elle devrait sans surprise écarter l’hypothèse d’une démission, comme elle l’a fait au micro de Tahiti Infos, mardi. « Moi je ne suis pas politique, j’ai été élue pour diriger cette université et je le ferai jusqu’en 2013 », a-t-elle déclaré.

Reste à savoir si le CA la poussera à démissionner. Il doit démarrer demain à 8H. Devraient y siéger la totalité de ses membres : 12 enseignants, 5 représentants étudiants, 2 ministres (parmi lesquels celui de l’éducation, Moana Greig) et des représentants de la société civile. Comme il n’existe pas de « motion de défiance » au sein de ce conseil, le seul moyen de « démissionner » Louise Peltzer serait la démission de la majorité de ses membres pour convoquer de nouvelles élections. Une hypothèse improbable, selon un observateur qui note que le CA se « tirerait une balle dans le pied » en prenant le risque de faire revenir l’opposition « historique » au sein du conseil.

Faute de solution immédiate, les enseignants pourraient donc jouer le pourrissement de la situation en refusant de siéger au conseil d’administration dans les mois à venir, ce qui reviendrait à bloquer le fonctionnement de l’Université, et à forcer Louise Peltzer à la démission.

Rédigé par Florence O'KELLY le Mercredi 30 Mars 2011 à 11:00 | Lu 3556 fois