Tahiti, le 18 décembre 2019 – L'IEOM a publié son dernier rapport sur la balance des paiements de la Polynésie française. Une publication qui met notamment en avant certains déséquilibres en matière de biens et services en lien avec la structure même de l'économie polynésienne.
La balance des biens, qui matérialise l'écart entre les importations et les exportations de marchandises est largement déficitaire en Polynésie française et s'élève désormais à -167,6 milliards de Fcfp, alors que celle des services est excédentaire de 72,2 milliards de Fcfp.
La balance des biens, qui matérialise l'écart entre les importations et les exportations de marchandises est largement déficitaire en Polynésie française et s'élève désormais à -167,6 milliards de Fcfp, alors que celle des services est excédentaire de 72,2 milliards de Fcfp.
Des exportations en berne
Le déficit accru de la balance des biens est principalement dû à la « vigueur de la demande intérieure » des ménages et des entreprises « dans un contexte économique porteur » mais également du fait d’exportations limitées à 15,8 milliards de Fcfp. Ces dernières se « tassent » en 2018 du fait de « mauvaises performances dans le secteur de la perliculture » (-8,1%), un secteur qui représente à lui seul deux tiers des exportations, et de l'huile du coprah (-25,6%). Des mauvaises performances que les exportations en hausse de poisson, noni et vanille ne peuvent compenser.
Dépendance à la France et aux hydrocarbures
Les chiffres publiés par l'IEOM témoignent aussi d'une double dépendance de l'économie polynésienne à la France et aux besoins en hydrocarbures. Même au cœur du Pacifique Sud, « la Polynésie française est principalement tournée vers l’Union européenne qui concentre 65% de ses transactions courantes et 40% de ses importations et exportations cumulées en 2018 » et « la France demeure son premier partenaire (56% des transactions courantes) ». Une importance à laquelle contribuent notamment les services consommés par l’État. L'IEOM note ainsi que les dépenses de fonctionnement et d'investissement de l’État « confortent la place de la France comme premier partenaire de la Polynésie française ». Les importations d'hydrocarbures proviennent, quant à elles, de Singapour et de Corée du Sud qui représentent ainsi 13% de la valeur des marchandises importées. Une proportion en hausse du fait de l'augmentation du prix du pétrole et qui est désormais supérieure à celle relative aux importations en provenance de Chine (12%).
Une balance sauvée par le tourisme
La balance excédentaire de services est portée notamment par l'industrie touristique malgré un repli net en matière de services de transport (-19,9%). Un repli dû au poids croissant du fret maritime international opéré par des armateurs étrangers mais aussi, et surtout, à « une concurrence accrue entre les compagnies aériennes résidentes et non résidentes, surtout depuis l’arrivée de deux nouvelles compagnies non résidentes » (French Bee et United Airlines). Une concurrence qui a eu pour autre conséquence une augmentation de 11,5% des dépenses des résidents polynésiens ayant séjourné à l’étranger s'établissant désormais à 17,9 milliards de Fcfp. Cette évolution est « la résultante de l’amélioration des revenus des ménages qui favorise leur consommation, notamment de voyages, et de la diversification de l’offre de transport aérien en termes de destinations (…) et de produits ». Des polynésiens qui ne font pas que voyager mais qui investissent aussi de plus en plus hors de Polynésie dans des biens immobiliers (+68,8% entre 2017 et 2018).