Le débat sur la mosquée de Tahiti s’invite à l’assemblée de Polynésie


PAPEETE, vendredi 18 octobre 2013. Un ordre du jour supplémentaire a été accepté dans le programme des textes prévus à l’examen des représentants de l’assemblée de Polynésie ce vendredi matin et a concerné «la tentative d’ouverture d’un lieu musulman de prière à Papeete» selon la formulation choisie par Charles Fong Loi, 4e adjoint au maire de Papeete, en charge de l’urbanisme également représentant de l’assemblée de Polynésie française. La communication du jour du représentant Tahoeraa est revenue sur les différentes étapes intervenues dans le courant de la semaine au sujet cette salle de prière depuis la révélation par la presse locale -et notamment le site Internet Tahiti Infos dès lundi soir de l’existence de cette mosquée.

Selon l’élu de la majorité Tahoeraa, «l’émotion forte pousse à apporter des clarifications». Et l’adjoint en charge de l’urbanisme de Papeete de préciser : «j’ai dû intervenir sur l’ouverture de ce centre islamique de Tahiti». Prévenu par les médias, Charles Fong Loi a découvert en prenant des informations auprès du bailleur que la destination réelle des locaux situés au premier étage du N°11, rue Gauguin utilisés par le Centre islamique de Tahiti, fait uniquement mention d’un usage de bureaux, alors que le locataire veut affecter cet espace à un lieu de prière «qui a vocation à accueillir du public». Dès lors, il incombe à ce locataire d’obtenir une autorisation particulière, en tant qu’ERP (établissement recevant du public).

La mairie de Papeete a donc signifié au locataire de respecter les obligations d’urbanisme en vigueur et de faire un dossier complet. En attendant, les lieux sont interdits au public «jusqu’à la mise en conformité». Au-delà du traitement technique et administratif de cette affaire qui a ému la population, Charles Fong Loi ajoute qu’il a eu à faire au «comportement d’un individu qui cherche à s’imposer (…) Une attitude que je considère comme provocatrice (…) Je ne peux que constater que cette personne qui se prétend Imam ne présente pas toutes les garanties de transparence et d’honnêteté intellectuelle» et rappelait la détermination des élus «à s'opposer à de tels comportements».

Dans les rangs de l’assemblée, les attitudes des élus divergent. Pour l’UPLD, Antony Géros explique que s’agissant, dans le cas présent, d’une compétence dévolue à la mairie, le débat n’a pas lieu d’être au sein de l’assemblée de Polynésie. Il admet toutefois qu’il faut «un rapport et aller plus loin sur la question du culte chez nous». A Ti’a Porinetia s’était déjà exprimé à deux reprises au travers des médias sur cette question. Teva Rohfritsch explique qu’il ne souhaite «pas ouvrir un débat sur l’islam. Nous devons garder notre tradition d’accueil. Mais il ne s’agit pas non plus, au nom de la laïcité, d’accepter tout et n’importe quoi dans notre pays». Teura Iriti pour le Tahoeraa, elle au contraire souhaite qu’il y ait débat au sein de l’assemblée sur ce sujet, «car nous sommes les représentants du peuple».

A la tribune gouvernementale, Bruno Marty le ministre en charge des questions d’urbanisme prend le micro en commençant par un «Allah akbar» qui fait sourire l’assistance. Puis il rappelle que : oui la mosquée est un ERP (établissement recevant du public) de catégorie 5 qui doit respecter certains équipements de sécurité et normes d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Il signale au passage que le temple de Mahatea qui sera inauguré dimanche a reçu son certificat de conformité. Au sujet de la mosquée de Papeete, il rappelle que «ni le maire, ni le service de l’urbanisme n’ont été saisis de ce dossier» en amont alors que la réglementation impose que les demandes pour les ERP soient déposées, selon le Code de l’aménagement de la Polynésie, un mois avant la date d’ouverture souhaitée.

Le mot de la fin est revenu à Oscar Temaru sur les bancs de l’UPLD déclarant avec ironie et s’adressant aux membres de la majorité : «ce Monsieur français, il est venu chez lui ! La Polynésie, c’est la France et en France il y a des mosquées… Alors, on raconte quoi là ? Le 17 mai dernier, il y a déjà eu un référendum international à New York de la part de 189 pays pour l’accession de notre pays à l’indépendance (…) Vous dites que vous êtes français, j’espère que lorsque ce pays sera indépendant, vous allez tous partir en France et que vous allez nous foutre la paix».


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Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 18 Octobre 2013 à 14:28 | Lu 4625 fois