Le débarcadère de Takume en travaux


Le nouveau débarcadère devrait être livré à la fin de l'année.
TAKUME, le 6 septembre 2018 - Cela fait plusieurs mois que le débarcadère de Takume est en réfection. Les habitants attendent avec impatience la fin du chantier, surtout que les échanges avec l'extérieur ne sont pas évidents par mauvais temps. Le tāvana de cet atoll aimerait rallonger la piste aéroportuaire pour accueillir les ATR 42.

Le chantier a démarré au début de l'année. Huit mois plus tard, il suit son cours malgré quelques retards. "Ils sont obligés de travailler par rapport aux marées et aux matériaux qui ne sont pas adaptés au contact de la mer", souligne Bruno Faatoa, tāvana de Takume.

Dans le projet de réfection du débarcadère, il est prévu de construire "deux murs de chaque côté qui feront 3,70 mètres de hauteur, le premier fera 270 mètres de longueur et le second mesurera 80 mètres de long", explique Bruno Faatoa.

Une configuration qui permettra de protéger également les habitants de l'atoll, "parce qu'au mois d'octobre, lorsqu'il y a des vents qui viennent du Nord-Ouest, on ne peut plus accéder à notre débarcadère. Les goélettes sont obligées de passer par le côté Sud-Sud-Est, pour franchir le récif afin de servir la population."

Pour l'heure, les équipes sur place ont "rehaussé le quai, élargi l'entrée de la passe, et ils ont tracé un chenal", rajoute l'élu de Takume. En tout, le pays aura investi entre 400 et 450 millions de francs pour ces travaux.

Un investissement nécessaire pour les habitants de Takume, surtout que les échanges entre l'atoll et l'extérieur sont assez restreints. Seules deux goélettes se rendent sur cet atoll, et côté transport aérien, Takume est desservi par un beechcraft qui ne peut accueillir que 6 à 8 personnes. "Nous sommes obligés de nous battre pour avoir une place". Autre possibilité, le bateau pour se rendre à Raroia, à leurs risques et périls. "On se rappelle qu'en décembre, quatre personnes à bord de leur bateau ont été portées disparues pendant quatre jours. En mars, un autre bateau a chaviré, et en juillet, deux personnes se rendaient à Raroia pour récupérer des membres de la famille. Un des deux est tombé à l'eau et il a eu les jambes déchiquetées avec l'hélice du bateau. Il a été évasané dimanche dernier sur la France", raconte Bruno Faatoa.

L'élu de Takume souhaiterait également que la piste actuelle soit rallongée pour permettre aux ATR 42 de se poser. "La piste actuelle mesure 980 mètres, nous avons un petit dénivelé à la fin de piste côté Sud de 160 mètres. Si on pouvait rajouter ces 160 mètres, construire un mur de protection, et repousser de 100 mètres sur le récif, qu'on appelle le "Pacocota". On pourrait avoir facilement 260 mètres de rallongement." Avant de conclure : "Avec l'étude qui a été faite en 2013, ce projet représenterait 550 millions de francs. Maintenant, il faudra faire une nouvelle étude et je ne sais pas combien cela va coûter."

On compte aujourd'hui 200 habitants à Takume, "et lorsque les étudiants reviennent sur l'atoll, nous sommes en gros 250."


LA PAROLE À

Bruno Faatoa
Élu de Takume

"J'ai demandé au pays de nous aider pour l'extension de la piste de Takume"


"L'objectif est de le rénover parce qu'il était vraiment dans un mauvais état. On ne pouvait plus y accéder. Ça peut apporter un nouveau souffle chez nous. Aujourd'hui, on est en train de sensibiliser tous les jeunes qui sont à Papeete et qui n'ont pas de travail, à revenir sur l'atoll. Actuellement, on a deux goélettes qui passent chez nous, le Maris Stella et le Nukuhau. Nous avons une piste d'aviation pour un Beechcraft avec deux touchers par mois. J'ai demandé au pays de nous aider pour l'extension de la piste de Takume. Le 22 septembre, une personne de l’Équipement viendra voir et éventuellement projeter une étude pour agrandir notre piste d'aviation.
Takaroa et Takapoto, à l'époque de Napoléon Spitz, ont eu une dérogation du pays pour que l'ATR puisse se poser là-bas. Donc, je vais voir avec mon tāvana, Félix Tokoragi, si on peut avoir également une dérogation pour qu'Air Tahiti puisse passer chez nous. J'appelle au bon sens d'Air Tahiti pour ne pas fermer la piste d'aviation de Takume, sinon, on va à un suicide collectif de ma population, puisque beaucoup prennent leurs bateaux pour se rendre à Raroia, malgré le mauvais temps.
"



Rédigé par Corinne Tehetia le Jeudi 6 Septembre 2018 à 14:15 | Lu 1631 fois