Le couvre-feu métropolitain étendu à la Polynésie


Paris, le 22 octobre 2020 - Le Premier ministre Jean Castex a étendu jeudi le couvre-feu pour freiner l'épidémie de coronavirus à 38 nouveaux départements et à la Polynésie française, à partir de vendredi minuit.

Selon le Premier ministre, le taux d'incidence, c'est-à-dire le nombre de cas confirmés de Covid-19 pour 100.000 habitants, a progressé de 40% en une semaine, pour atteindre 251 sur le territoire national (547 en hausse et Tahiti et Moorea). Et le taux de reproduction du virus induit un doublement du nombre de cas tous les 15 jours. "Cette progression de l'épidémie nous conduit à étendre le couvre-feu à 38 départements et à la Polynésie" a annoncé le Premier ministre. Avec 54 départements et la Polynésie française sous couvre-feu, 46 millions de Français sont concernés dès ce week-end.

"Le couvre-feu s'appliquera de 21 heures à 6 heures sur l'ensemble du territoire des départements concernés et, normalement, pour une durée de six semaines", a-t-il ajouté en précisant que la mesure prenait effet dès ce vendredi minuit.

Alors que le Conseil scientifique a déjà prévenu que "les mois d'hiver seront difficiles", l'exécutif a adopté en Conseil des ministres un projet de loi pour prolonger l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 16 février 2021 inclus. Nécessitant un vote au Parlement, ce texte sera examiné dès ce week-end à l'Assemblée. L'exécutif entend aussi pouvoir appliquer des mesures de restrictions de circulation, de rassemblements ou d'ouvertures des établissements au moins jusqu'au 1er avril 2021, sur tout ou partie du territoire et en fonction de la situation épidémique, selon le même projet de loi.

Jean Castex a averti que "le mois de novembre" serait "éprouvant" et que "le nombre de morts" allait "continuer d'augmenter" en raison de la deuxième vague de l'épidémie de coronavirus.

"Clairement, les semaines qui viennent seront dures, nos services hospitaliers vont être mis à rude épreuve", a souligné le Premier ministre en ajoutant que "les nouveaux cas d'aujourd'hui sont les malades hospitalisés de demain et malheureusement parfois les morts d'après-demain".

Les éléments de l'annonce de Jean Castex

Avec 54 départements et la Polynésie française sous couvre-feu, 46 millions de Français sont concernés dès ce week-end.
"GRAVE
"La situation est grave" en France, où "la circulation du virus atteint un niveau extrêmement élevé", a averti le Premier ministre.

COUVRE-FEU 
Le couvre-feu sera étendu vendredi soir à 38 nouveaux départements, soit "54 départements au total, ainsi qu'à un territoire d'outre-mer", la Polynésie, et touchera ainsi 46 millions de Français.
Cette interdiction des sorties et des déplacements de 21 heures à 6 heures s'appliquera à l'ensemble du territoire des départements concernés et "normalement" pour une durée de six semaines, selon le Premier ministre.

VERBALISATIONS
Les forces de l'ordre ont effectué depuis samedi dernier 32 033 contrôles et prononcé 4 777 verbalisations pour non respect du couvre-feu. 
Le non respect du couvre-feu est puni d'une amende de 16 000 Fcfp (135 euros) et jusqu’à 447 500 Fcfp (3.750 euros) en cas de récidive. 

"EPROUVANT"
Jean Castex a averti que "le mois de novembre" serait "éprouvant" et que "le nombre de morts" allait "continuer d'augmenter" en raison de la deuxième vague de l'épidémie de coronavirus.
"Les semaines qui viennent seront dures, nos services hospitaliers vont être mis à rude épreuve", selon le Premier ministre.
Il a mis en garde contre des "mesures beaucoup plus dures" si l'épidémie n'est pas jugulée par le couvre-feu. "Il est encore temps de l'éviter mais il ne nous reste plus beaucoup de temps".

APPLICATION 
L'application de traçage de contact StopCovid, controversée et très peu utilisée depuis sa sortie le 2 juin, est relancée dès jeudi sous une nouvelle forme et rebaptisée "TousAntiCovid".
"Nous avons besoin de vous, (...) téléchargez-la !" a lancé le secrétaire d'Etat au numérique Cédric O, parce qu'elle "n'est utile que si nous sommes très nombreux à le faire".
TousAntiCovid sera désormais référencée dans toute la communication officielle comme un geste barrière supplémentaire contre l'épidémie. Ses premières fonctionnalités "seront enrichies toutes les deux semaines", a affirmé Cédric O, notamment avec l'intégration de l'attestation de sortie ou les registres d'enregistrement des restaurants.
Sa fonction reste d'avertir ses utilisateurs lorsque ceux-ci ont croisé, dans les deux dernières semaines, à moins d'un mètre et pendant plus de 15 minutes, un autre utilisateur contaminé par le coronavirus - et qui l'a déclaré dans le système.

AIDE ECONOMIQUE
Etant donné que l'extension du couvre-feu aura des "conséquences économiques lourdes", les mesures de soutien économique seront "étendues à l'ensemble des départements basculant sous régime du couvre-feu", a promis Jean Castex. Il a notamment cité le fonds de solidarité, les exonérations de cotisations sociales et le prolongement de prêts garantis par l'Etat. Pour aider les entreprises particulièrement touchées, comme celle de la restauration ou de l'événementiel, le gouvernement a notamment renforcé l'accès au fonds de solidarité et les montants alloués chaque mois aux entreprises.
"Les mesures que nous prenons - le fonds de solidarité pour les entreprises, les exonérations - avec les annonces faites par le chef du gouvernement ce soir, c'est entre 1,3 et 1,5 milliard d'euros par mois", a déclaré le ministre délégué aux comptes publics Olivier Dussopt sur BFM Business, dans la foulée de l'extension du couvre-feu annoncée par le Premier ministre. M. Dussopt a estimé qu'il fallait toutefois "faire attention à ce que ce ne soit pas des dépenses durables et pérennes", même si certaines pourraient être prolongées début 2021, en cas de persistance des mesures de restrictions. 

CULTURE
En France et dans les départements d'Outre-mer, les acteurs du spectacle vivant et du cinéma vont recevoir respectivement 85 millions et 30 millions d'euros d'aides supplémentaires pour traverser la crise sanitaire, a annoncé la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. "Chacun a besoin, nous avons besoin de culture, et peut-être encore plus durant cette crise qui a affecté notre capacité à nous rassembler", a affirmé Mme Bachelot.

Rédigé par AFP le Jeudi 22 Octobre 2020 à 06:06 | Lu 19161 fois