Le couple promettait un emploi à près de 150 personnes


PAPEETE, le 31 mars 2015. Un couple avait fait miroiter un emploi à près de 150 personnes en 2009. Hier, le tribunal correctionnel a condamné la femme à trois ans d’emprisonnement et son mari à deux ans d'emprisonnement. Un mandat d'arrêt a été délivré à leur encontre.


L'huissier de justice appelle un par un les noms des victimes. Au total, elles sont plus de 150. Ce mardi matin, elles étaient plus de 90 citées au tribunal, certaines ayant déjà été remboursées. Elles étaient là car, entre mai 2009 et octobre 2009, un couple de Faa'a, B.M. et G.P., leur a promis un emploi.

Le gouvernement d'alors venait juste d'annoncer
que les touristes étrangers pourraient dorénavant se marier au fenua. B.M. y a vu une opportunité de créer une société de prestation proposant baby-sitter, gardes du corps... aux touristes qui viendraient se marier. Mais il n'y a jamais eu de société créée. Malgré tout, elle a lancé les recrutements. Avec son mari, B.M. recevait les prétendants dans un grand hôtel de la Côte Ouest. Pour candidater, il fallait déposer un acte de naissance, une copie de sa carte d'identité et le relevé de son casier judiciaire puis déposer une somme allant de 5 000 à 70 000 Fcfp selon l'emploi visé.


Une somme à déposer selon le poste visé

Pour un poste de baby-sitter, il fallait déposer 5000 Fcfp et 20 000 Fcfp pour les gardes du corps. Recevoir dans cet hôtel de luxe permettait de donner du crédit aux propos de B.M. mais les frais de logement étaient couverts par les sommes déposées par les candidats aux postes. « Elle a développé une grande imagination pour faire croire que son projet était sérieux », a souligné la présidente du tribunal correctionnel. « Elle a ainsi mis en place des formations à la danse et au self-défense. »

Hier, le couple n'était pas présent à la barre du tribunal correctionnel. Il a fui à Vahitahi, atoll rattaché à la commune de Nukutavake, après que leurs 150 victimes aient découvert le pot aux roses.

Me Lamourette, l’avocat du couple, assure qu'elle reconnaît être « l'instigatrice. Elle croyait à son histoire, qu'il y aurait sûrement un riche chinois qui arrivait. Elle y croyait un peu ». En son nom, il a présenté des « excuses sincères » et exprimé « sa volonté d'indemniser les victimes ». L'oncle et une tante de B.M. l'ont aidée pour commencer à indemniser les victimes. Une grosse partie a ainsi déjà été remboursée.

S'il ne fait pas de doute sur la culpabilité de B.M.
même pour son avocat. Le conseil du couple a insisté sur le statut de « victime » du mari. Depuis que celui-ci s'est marié à cette femme, son argent sur son compte en banque a fondu comme neige au soleil. Pas moins de 12 millions de Fcfp se seraient ainsi volatilisés. « Il pensait que cette somme était utilisée pour le projet », a insisté le conseil.
Le procureur de la République a demandé « 18 mois d'emprisonnement au moins » à l'encontre de B.M. et « un an d'emprisonnement assorti éventuellement d'un sursis » contre son mari. Le tribunal a été plus sévère que les réquisitions du procureur de la République puisqu'il a condamné B.M. à trois ans d’emprisonnement avec mandat d'arrêt et son mari à deux ans d'emprisonnement avec mandat d'arrêt. Le mandat d'arrêt signifie que le tribunal a donné ordre aux gendarmes de rechercher le couple et de l'emmener à Nuutania.


Attention aux arnaques

Dans l'affaire du couple qui promettait des emplois aux salaires mirobolants, le procureur de la République a souligné que les personnes mises en cause sont des « gens manipulateurs et persuasifs » qui ont su abuser de la « crédibilité des victimes ». « Quand on cherche un travail, il faut se méfier d'un employeur qui demande un investissement financier », a-t-il souligné.
Ce mardi matin, au tribunal, deux autres affaires concernaient aussi des escroqueries. Dans l'un de ces dossiers, une jeune trentenaire prétendait devoir débourser près de 20 millions de Fcfp pour récupérer l'héritage de son grand-père à Hawaii. Pour donner de la crédibilité à ses propos, elle n'a pas hésité à modifier sa voix au téléphone et à se faire passer pour un capitaine de la police ou même à assurer que le procureur de la République était au courant de sa démarche. Elle a ainsi réussi à soutirer près de 20 millions de Fcfp à des personnes dont elle avait su devenir très proche. Absente elle aussi du tribunal hier, elle a été condamnée à deux ans d'emprisonnement avec mandat d'arrêt. Juste avant elle, une « mamie » venait d'être conduite escortée par des policiers à Nuutania. Elle usait de son état de « mamie » pour inspirer confiance avec sa complice à ses prochaines victimes. « Elle ne s'arrêtera jamais », avait mis en avant l'avocat de la partie civile énumérant ses méfaits et ses condamnations passés. La grand-mère a été ainsi condamnée à deux ans d’emprisonnement ferme avec mandat de dépôt à l'audience et sa complice à un an d'emprisonnement.


Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 31 Mars 2015 à 21:27 | Lu 2501 fois