Le compostage, LA solution "magique" pour réduire ses déchets de 2/3


Karel Luciani est maître composteur.
Papeete, le 21 novembre 2018 - Réduire ses déchets quotidiens de 62%. Ce chiffre semble énorme et pourtant c'est tout à fait possible. Pour cela, il suffit de se mettre au compostage. Karel Luciani nous explique comment faire son compost soi-même. C'est facile, c'est pas cher et c'est écolo.


"Tout ce qui vient de la nature, retourne à la nature", explique Karel Luciani en prenant une poignée de compost riche en sels nutritifs dans sa main. Le Tahitien, biologiste au départ, a suivi une formation de compostage en métropole il y a plusieurs années. Passé maître dans cet art, Karel Luciani est habilité par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise d'énergie (l'Ademe) à dispenser des ateliers sur cette pratique de compostage.
Processus naturel de décomposition des matières organiques (feuilles, herbes, épluchures…) par des micro-organismes du sol (bactéries, champignons, vers…), l'intérêt du compost est multiple. Il permet de faire baisser de façon très conséquente les déchets ménagers d'un foyer. A titre indicatif, en Polynésie, les matières compostables représentent 62% des déchets des bacs gris (30% de petits déchets verts, 17% de restes de repas et 15% de papiers souillés et cartons souillés)*. Cette pratique participe à la protection de l’environnement. Elle réduit les coûts de collecte et de traitement pour les collectivités et permet en quelques mois d'obtenir un produit de qualité, qui mélangé à la terre, fertilise le sol.

ALTERNER DES COUCHES

Pour créer votre compost, vous pouvez acheter une boîte dans les magasins de jardinage et de bricolage, mais il est également tout à fait possible de le faire à partir d'un vieux baril, d'un fût ou même dans une vieille poubelle sans fond et de les recouvrir. "Par contre, je ne conseille pas trop de faire un trou dans la terre, car les déchets vont alors manquer d'oxygène", explique Karel Luciani. Reste ensuite à lui trouver une petite place dans le jardin ou la cour, plutôt à l'ombre et abritée pour éviter les aléas du climat.
Mais avant d'être un composteur confirmé, il vous faudra apprendre ces quelques règles d'or pour réussir, à savoir : Diversifier les apports, maintenir une humidité suffisante et aérer.
Et ça y est, c'est parti, vous pouvez maintenant faire vos premiers pas en tant que composteur ! Il suffit alors de récolter vos épluchures de patates, vos coquilles d'œufs, les marcs de café et même la peau de vos agrumes… dans un petit récipient puis de les jeter dans votre compost.
Ensuite, vous verserez par-dessus un apport équivalent de vieux morceaux de Sopalin ou de rouleaux de papier toilette, des cartons, du papier (sauf des magazines) ou encore des feuilles, des petites branches de votre jardin. "Je conseille de les mettre par couche, un peu comme on fait pour les lasagnes. Il faut alterner entre les couches de matières vertes, plus humides, comme les épluchures, etc., … et les matières brunes, plus sèches comme les feuilles, le carton. Il est important que l'air circule dans le compost, car les micro-organismes sont vivants, ils ont besoin d'oxygène. Il ne faut pas trop le tasser et cela fonctionne mieux si on met des petits morceaux. Tout est une question de modération", insiste Karel Luciani.

CELA NE SENT PAS MAUVAIS

Matière brune + matière humide donne le compost.
Mais parfois, il peut arriver que votre apprentissage dans l'art du compostage se heurte à quelques complications comme par exemple une mauvaise odeur. "Dans ce cas-là, c'est sûrement parce qu'il est trop humide, il faut alors rajouter une couche de matière verte. Il faut également faire attention, car il peut y avoir des cent-pieds. Si le compost prend bien, il n'y aura même pas besoin de le retourner ou de l'arroser ", précise Karel Luciani.
Ensuite, si tout se passe bien, il ne vous restera plus qu'à récolter le "fruit" de votre compost. Selon le laps de temps, vous obtiendrez soit un compost "jeune" (à moitié décomposé), sorte de paillage ou bien un compost "mûr", (totalement décomposé) qui rendra votre sol plus fertile pour faire pousser votre thym ou votre petit potager par exemple.


*sources Petit guide polynésien du compostage domestique. Ademe, Fenua Ma.

Le compost fini, est riche en sels nutritifs.
Les déchets à composter

Matières vertes
• Épluchures, restes de fruits et légumes hors graines
• Marc de café, filtres, sachets de thé et infusion
• Coquilles d’œufs
• Gazon, mauvaise herbe (non grainée)
• Fleurs fanée, Tailles de haie (petites)
• Reste de repas (hors os), viande, poisson, pain rassis.


Matières brunes
• Feuilles mortes, herbe sèche
• Serviettes et mouchoirs en papier, morceaux de papier, essuie-tout (non imprimé)
• Ecorces d'arbres broyées, branchages de petite taille
• sciures et copeaux de bois
• Cendre de bois éteinte

La technique du lombricompostage en appartement
La principale différence avec le compostage classique est qu’il n’y a pas de fermentation. Le " ombricompostage " ou "vermicompostage " est un processus de transformation de la matière organique, essentiellement des déchets de cuisine, par les vers et les micro-organismes disposés dans un récipient, le lombricomposteur. Il est en général composé de plusieurs éléments (plateaux) et compartimenté en étages. Les plateaux sont percés de trous pour permettre aux vers de circuler entre les différents niveaux. Les résidus de la cuisine sont déposés dans le panier du haut. Ils sont transformés par les vers en lombricompost en 3 à 5 mois. Un engrais liquide, le lombrithé, est récolté ensuite à l’étage inférieur grâce à un robinet.

Atelier d'initiation au compostage
Karel Luciani
Les samedi de 10 à 12 heures
Tarifs : 2500 francs/personne. 2000 francs à partir d'un groupe de trois.
62 Rue Édouard Ahnne à Papeete (Proche du collège La Mennais)
Tél : 89 50 18 15
Page facebook : Compost

Rédigé par Pauline Stasi le Mercredi 21 Novembre 2018 à 14:13 | Lu 4953 fois