Le combat contre l'illettrisme continue


L'analyse des tests réalisés par les jeunes lors des Journées Défense et citoyenneté (JDC) a montré que 6% des jeunes de 17 ans avaient un profil de suspicion d'illettrisme.
PAPEETE, le 18 septembre 2019. Pour les personnes touchées par l'illettrisme, c'est un combat au quotidien pour écrire une liste de course, rédiger un chèque… Pour lutter contre l'illettrisme, le Pays a notamment mis en place depuis trois ans la Mission de lutte contre le décrochage scolaire. L'accent doit être mis au primaire sur le vocabulaire a souligné ce mardi le directeur adjoint de l'éducation et des enseignements lors d'une conférence.

À la différence de l'analphabétisme, l'illettrisme touche des personnes qui ont généralement été scolarisées, mais qui éprouvent des difficultés de lecture, d'écriture, de calcul, de raisonnement et de compréhension de textes. Ce phénomène concerne des salariés, des demandeurs d'emploi et des jeunes sortis du système scolaire sans maîtriser la langue. Cela ne se remarque pas forcément au quotidien, mais ces personnes sont en situation d'échec dès qu'il s'agit de lire et écrire. Elles rencontrent des difficultés pour trouver ou retrouver un emploi, évoluer dans leur profession, quand elles changent de poste... Elles sont aussi confrontées au quotidien à des difficultés pour lire et comprend ce qui est écrit sur le carnet de liaison de leur enfant, une ordonnance médicale, un mode d'emploi…
Il est difficile de savoir combien de personnes sont touchées par l'illettrisme en Polynésie française car la plupart du temps les personnes concernées développent des capacités de dissimulation et de contournement.
Pour essayer d'y voir plus clair, le ministère de l'Education a épluché les résultats des tests réalisés par les jeunes lors des Journées Défense et citoyenneté (JDC), ex-Journée d'appel et de préparation à la Défense, destinée à les informer sur leurs droits et devoirs en tant que citoyens.

6% d'illettrisme chez les 17 ans
Les résultats ont montré que 6% des jeunes de 17 ans avaient un profil de suspicion d'illettrisme. Mais ces chiffres sont à prendre avec des pincettes selon le ministère de l'Education. "Le taux réel est est très probablement inférieur dans la réalité car ces tests sont souvent pris à la légère comme le montrent les réponses fantaisistes et les comportements lors des JDC", a souligné un représentant du ministère de l'Education ce mardi lors d'une conférence organisée dans le cadre de la journée nationale d'action contre l'illettrisme. L'objectif est de surveiller dans les prochaines années l'évolution de ce chiffre pour voir si le travail réalisé en amont a été efficace ou non.
Serge Segura, directeur adjoint de l'éducation et des enseignements, a lui présenté les résultats des tests réalisés en CE1, à 7 ans, et en CM2, avant l'entrée au collège. "Entre 2012 et 2018, il y a eu des progrès significatifs pour les élèves de CE1. Pour le français, on est passé de 39 % à 28 % de résultats insatisfaisants et on est passé de 21 à 28% de savoirs maîtrisés", a détaillé Serge Segura. "En CM2, la courbe est à peu près la même entre 2012 et 2018. On est passé de 41% d'items non réussis à 31%. Dans le même temps, on est passé de 18 % à 30 % des items maitrisés". Une progression toute relative : "la marge de progression est encore énorme", reconnaît Serge Segura. Les tests en mathématiques ont aussi montré en CE1 et CM2 une progression entre 2012 et 2018.

Serge Segura explique que l'accent doit être mis au primaire sur le vocabulaire pour "augmenter la maîtrise des connaissances lexicales". L'objectif est que les enfants connaissent précisément la signification des mots, leurs synonymes… Le directeur adjoint de l'éducation et des enseignements recommande ainsi que les enfants reprennent l'habitude d'utiliser un dictionnaire : "Son usage a été délaissé mais il faut revenir aux fondamentaux".




Epreuve réussie pour la Mission de lutte contre le décrochage scolaire

Esron Turina est aujourd'hui élève au centre des métiers d'art. Un parcours rendu possible grâce à la Mission de lutte contre le décrochage scolaire.
"Quand je suis arrivé ici à la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS), je ne voulais pas retourner à l'école", se souvient Esron Turina. La MLDS a été mise en place, début 2015, à la Direction générale de l’éducation et des enseignements (DGEE) à Pirae.
La MLDS a pour but de réduire le nombre d’élèves sortant du système scolaire sans diplôme, au travers d’actions de prévention, ce dès le primaire, et en continuité avec le secondaire. Ce dispositif prend notamment en charge les élèves décrocheurs de plus de 16 ans, en vue d'un raccrochage et/ou d'une qualification reconnue, pour une insertion sociale et professionnelle durable. Esron Turina est d'abord venu pour accompagner son frère. Finalement, cela a été "une année formidable". "On a appris beaucoup de choses sur la confiance en soi, la culture…", explique celui qui est actuellement élève au centre des métiers d'art avant de résumer : "J'ai bien fait de passer ici en fait."
Une antenne de la MLDS a ouvert cette rentrée au sein du lycée de Taiarapu. La Mission de lutte contre le décrochage s'adresse aux jeunes atteignant au moins 16 ans avant la fin de l'année civile d'inscription. La MLDS est la dernière main tendue par le système éducatif, après que toutes les autres mesures ont échoué. Ce n'est en aucun cas une voie d'orientation ou un élément de parcours ordinaire.



Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 18 Septembre 2018 à 14:11 | Lu 1117 fois