Le cœur vert de Honolulu


Ce palmier géant (talipot palm) répond au nom scientifique de Corypha umbraculifera (Arécacées). Cet immense latanier est originaire d’Inde et du Sri Lanka.
Hawaii, le 2 octobre 2020 - Lorsque l’on est en vacances à Honolulu, on est vite un peu coincés entre le béton de Waikiki et celui, moins glamour, de Honolulu downtown. Il existe pourtant au cœur de la capitale hawaiienne une oasis de fraîcheur chargée d’histoire que Tahiti Infos vous invite à parcourir en images. Deux heures au calme ici valent largement deux heures à piétiner dans un shopping center…


Les touristes ne le savent pas forcément, mais officiellement, la ville de Honolulu gère cinq jardins botaniques exceptionnels :
- Koko Crater Botanical Garden est situé, comme son nom l’indique, dans le cratère Koko à l’est de Honolulu, le site se veut un sanctuaire pour les plantes de milieux secs, voire désertiques. Il est situé à une vingtaine de minutes en voiture de Waikiki, via la route passant par Hanauma Bay. Prévoir de l’eau, un chapeau, une ombrelle (le soleil tape fort et le vent est rare) et gare aux épines…

Au cœur de la “rain forest”

Une vue générale d’un coin fleuri du jardin, dominé par le béton du centre-ville. Un appartement en haut de cet immeuble ? Calme assuré !
- Ho’omaluhia Botanical Garden, tout au contraire, est un parc créé en 1982 consacré aux espèces tropicales de milieux humides (la “rainforest” des Anglo-Saxons). Le parc est situé sur la côte sud-est de l’île de Oahu, à vingt minutes de Honolulu centre.
- Le troisième est le Wahiawa Botanical Garden, dans la partie centrale de l’île de Oahu. C’est le joyau des jardins botaniques hawaiiens, consacré, depuis 1920, à la botanique ; un régal pour les amateurs de plantes endémiques, de fougères arborescentes, de palmiers et de plantes épiphytes. Il est implanté au centre de l’île, à plus d’une heure d’Honolulu.

Une oasis fondée en 1850

Le quatrième est le moins spectaculaire, le Lili’uokalani Botanical Garden, situé dans Honolulu, réservé aux plantes locales et sans grand intérêt (mal fréquenté en fin de journée qui plus est).

- Enfin notre perle d’aujourd’hui, le Foster Botanical Garden, en plein cœur de la bouillonnante Honolulu, entre autoroute et buildings de verre. Cette oasis de verdure, de calme et de silence (d’une surface de 5,7 hectares tout de même) a été fondée dès 1850 par le docteur allemand William Hillebrand (c’était sa propriété et elle était privée) et ce petit domaine à l’époque d’environ deux hectares seulement, prit de suite une vocation de conservatoire botanique dans ce coin de la cité qui était alors perdu en pleine “cambrousse”.

Depuis, le béton et le goudron ont avancé leurs tentacules conjointement, mais les désormais 5,7 hectares du jardin (il a été agrandi, voir notre encadré sur Mary Foster) ont tenu le coup et se sont même enrichis en espèces nouvelles : vous l’aurez compris, des arbres de plus de 150 ans dominent ce sanctuaire par ailleurs peuplé de centaines d’autres espèces qu’il convient de découvrir à son rythme.

Orchidées, palmiers, arbres géants

Le fameux et célèbre loulu de Hawaii, seul palmier endémique de l’archipel, que découvrirent les Polynésiens en colonisant ces îles (Pritchardia lowreyana).
Soulignons que le jardin vaut le détour pour plusieurs raisons : sa collection de palmiers, son conservatoire d’orchidées, son modeste jardin à papillons et ses majestueux arbres dont on devine que la canopée flirte avec les immeubles entourant le parc. De fait, les troncs sont impressionnants, l’un d’eux, celui d’un gigantesque baobab, retenant le regard de tous les visiteurs. De la plus petite plante vivace au plus grand fût, le visiteur, pour peu qu’il reste attentif, sera surpris à chaque pas.

Accordez-vous du temps, reposez-vous, flânez, musardez et surtout découvrez. Il faut passer et repasser aux mêmes endroits pour en saisir toutes les richesses botaniques dont ces quelques photos témoignent modestement…

Merci Mary E. Foster

Mary Foster, à qui Honolulu doit cette oasis de verdure et de fraîcheur en plein cœur de la ville.
Si ce parc urbain existe aujourd’hui, il le doit en grande partie à une femme Mary E. Foster (20 septembre 1844 – 29 décembre 1930). Née à Hawaii, elle était la fille d’un colon, John James Robinson.
Elle acheta en 1884, avec son riche mari, Thomas R. Foster (épousé alors que Mary n’avait que seize ans), la propriété d’un Allemand, William Hillebrand, botaniste reconnu qui rentra en Allemagne après vingt années passées à Hawaii et qui avait constitué un conservatoire de plantes tout à fait exceptionnel dans sa propriété. Thomas Foster mourut en 1889, laissant Mary veuve et sans enfant, donc sans héritier.

Engagée politiquement (elle présidait une association féminine militant aux côtés de la famille royale pour tenter d’éviter l’annexion de l’archipel par les Etats-Unis), elle fut proche de la dernière reine, Queen Lili’uokalani, destituée et emprisonnée par les Américains.
Sa vie changea radicalement après sa rencontre avec  HYPERLINK "https://en.wikipedia.org/wiki/Anagarika_Dharmapala" \o "Anagarika Dharmapala" Anagarika Dharmapala, un activiste et écrivain bouddhiste originaire de Ceylan (actuel Sri Lanka) qui la consola de son veuvage et de la destitution de son amie la reine en la convertissant au bouddhisme (religion dont elle fut la première pratiquante à Hawaii).

Grande philanthrope, elle fit de nombreux dons à son mentor bouddhiste comme à la communauté hawaiienne, dont ce parc.
A la mort de Mary Foster, le Foster Garden mesurait environ 2,2 hectares. Plus tard, lorsqu’il en fut directeur de 1957 à 1989, Paul Weissich réussit à plus que doubler la superficie de ce poumon vert au cœur de Honolulu en lui donnant sa surface actuelle, 5,7 hectares. Comme quoi on peut aimer la botanique et être un champion en termes de négociations foncières...

A l’ombre du Bouddha !

Une vue générale de l’invraisemblable et inextricable tronc d’un “canonball tree” (Couroupita guianensis), arbre originaire d’Amérique du sud, toujours très spectaculaire dans les parcs et jardins. En français, on l’appelle tout simplement “boulets de canon”.
Si vous ne devez vous reposer, vous assoupir, voire méditer que sous un seul arbre au Foster Botanical Garden, ce sera incontestablement sous un banian, Ficus religiosa, en pleine croissance près du ruisseau Nu’uanu à l’époque à laquelle Mme Foster planta ce qui n’était qu’un arbrisseau.

Celui qui l’avait initié au bouddhisme, Anagarika Dharmala, pour la remercier de sa générosité en faveur de son œuvre missionnaire, lui offrit en effet en 1913 un jeune ficus provenant du Shri Mahabodhi Temple, sis à Bodh Gaya (État du Bihar, en Inde). Cette bouture avait, aux yeux du religieux, une importance symbolique considérable, puisqu’elle provenait d’un banian lui-même descendant direct de l’arbre sous lequel Bouddha eut l’illumination.

Le Bodhi Tree sacré, appelé aussi Bodhi Fig Tree, a donc un “parent” à Hawaii, supposé apporter lui aussi la lumière aux bouddhistes en quête du Nirvana. Et d’ailleurs, à défaut de pouvoir se rendre en Inde sous l’arbre sacré, les bouddhistes de Hawaii savent qu’ils peuvent bénéficier, en quelque sorte, de l’ombre bienfaitrice du prince Siddharta Gautama, devenu le Bouddha, en se rendant tout simplement au Foster Garden. Nombreux sont ceux qui en ont ramené une feuille tombée au sol, pieusement conservée on s’en doute...

Le jardin pratique

Ce superbe cycas géant est, en fait, une plante originaire d’Afrique du sud, Encephalartos alstensteini (Zamiacées), un “cousin” donc, des cycas du Pacifique.
Pour y aller
En temps normal, vol Hawaiian Airlines (un ou deux vols par semaine selon la saison). Une semaine de séjour est la “bonne dose” pour Honolulu. En cette période troublée, il paraît plus simple d'attendre que le monde guérisse.
 
Sur place
Si vous voulez prendre votre temps, faites comme tout le monde ou presque, consacrez quelques jours à Waikiki pour y bronzer, y déguster les “smoked ribs” du Hard Rock Café et “shoppez”, même si les prix n’ont plus rien à envier à ceux de Tahiti. Au moins aurez-vous le plus vaste choix de boutiques de luxe du Pacifique. Attention au retour, les douaniers veillent quand même…

Le jardin
De Waikiki, pas très compliqué de se rendre au Foster Botanical Garden, ce ne sont pas les bus qui manquent, sachant que les taxis n’auront besoin, pour leur part, que de quelques minutes.

Quoi voir ?
Donnez-vous deux bonnes heures (trois sont idéales) pour faire le tour de ce joyau. Après vous être acquitté de 5 dollars à l’entrée, montez sur la gauche au Lyon Orchid Garden, puis au spectaculaire Palm Garden, ne manquez pas les herbes, puis les héliconias et autres gingembres, l’Economic Garden, le Prehistoric Glen (avec sa collection de cycads) et le Butterfly Garden (où sont concentrées les orchidées).
Parmi la multitude de curiosités, jetez un œil au loulu (Pritchardia sp.), seul palmier endémique de l’archipel hawaiien. Vous ne pourrez pas non plus manquer le baobab (Adansonia digitata), une masse énorme.
Un plan très précis est fourni à l’entrée, mentionnant parmi cette jungle savamment organisée 36 plantes d’intérêt majeur.

À savoir

Gros plan sur trois petites créatures dont celle du haut ressemble à s’y méprendre à un “smiley”. Il s’agit des fruits du Couroupita guianensis, l’arbre “boulets de canons”.
Le jardin est ouvert de 9h à 16h (fermé à Noël et le jour de l’An). Les photographes professionnels sont tenus de se faire connaître (y compris pour les photos de mariage).

À 13h chaque jour, tour guidé gratuit.

Évidemment, ne cueillez et ne récoltez rien, ne portez aucune plante ni aucun fruit à votre bouche et ne goûtez rien (ne tentez pas non plus de ramener des plantes ou des graines !).

Contact

Foster Botanical Garden
Honolulu Botabical Garden
50 North Vineyard Boulevard, Honolulu, 96817
Tel. : 808 522 7060


Citrus maxima (le pamplemoussier de Sarawak) est un très bel arbre produisant, dans le cas présent, une variété rose de pamplemousses. Les fruits sont si gorgés de jus et de chair qu’ils semblent prêts à exploser.

Rédigé par Daniel Pardon le Vendredi 2 Octobre 2020 à 10:00 | Lu 3171 fois