Le cocotier couronné à Raiatea


Raiatea, le 3 septembre 2024 - Lundi, l’entreprise Tihoti Tarua et la commune de Uturoa ont célébré la Journée mondiale du cocotier en mettant à l’honneur cet arbre de vie et ses différents usages. Une journée pour rappeler qu’il est bien présent dans la culture locale, mais connaissez vous réellement toutes ses richesses ?
 

“A hanahana te tumu ha’ari e”, c’était le mot d’ordre de la journée organisée par l’entreprise Tihoti Tarua en partenariat avec la commune de Uturoa, ce lundi 2 septembre, à Raiatea. À l’occasion de la Journée mondiale du cocotier, elle a accueilli les officiels et le public dans son fa’a’apu de Tepua.

L’objectif, célébrer le cocotier et tous les usages possibles de cet arbre de vie, iconique de nos îles et de notre culture. “Cette journée n’a jamais été célébrée comme il se doit ici en Polynésie, et encore moins à Raiatea. Ça fait quelques années qu’on a le projet en tête et cette année, on était prêt”, explique Keoki Ebb de Tihoti Tarua.
 

Une célébration haute en couleur

La matinée a commencé avec une bénédiction et un 'ōrero de Tihoti Barff, puis a continué avec de la danse avec le groupe de Tahina no Uturoa. L’école de Puohine a ensuite offert une prestation de chants et de pāta'uta'u autour du cocotier, avec par exemple le titre Hakari e de Teiho ou le poème Te ha’ari de Turo a Raapoto, un moyen de rappeler que l’arbre de vie est bien ancré dans la culture polynésienne.


Les officiels se sont ensuite relayés pour différents discours, puis Keoki Ebb a pris la parole évoquer cette entreprise familiale qui tire son nom, Tihoti Tarua, du grand-père paternel. En souvenir de cette première édition, les représentants des quatre générations ont planté un cocotier symbolique.
 

Puis le public a été invité à faire le tour des différents stands tenus par des artisans ou des doyens avec leurs expériences et savoir-faire. Du tressage aux bijoux faits à base de noix de coco en passant par le bien-être, les stands étaient diversifiés. Des ateliers plus classiques pour décortiquer le coco et extraire le lait de la noix ou encore le processus de fabrication du coprah étaient aussi organisés. Enfin, les organismes étaient aussi présents, comme le SPG Bio Fetia venu informer sur le label Bio Pacifika et l’agriculture biologique, ou encore la Direction de l’agriculture, pour informer sur le champ semencier de Faaroa.
 

Le rendez-vous a déjà été pris l’an prochain pour pérenniser l’événement et faire que le cocotier, son histoire et ses multiples possibilités soient réellement célébrés chaque année comme il se doit à Raiatea.

Zoom sur
Tihoti Tarua


À l’initiative de cette célébration de la Journée mondiale du cocotier, on retrouve l’entreprise familiale Tihoti Tarua, créée par Heifara, Tahia et leur fils Keoki Ebb. À l’origine, Heifara travaillait dans l’exploitation du tamanu.“Ce côté plus proche de la nature, ça nous a parlé”, explique son fils Keoki. “On est parti sur le lait de coco, et là on s’est dit qu’on pouvait faire beaucoup plus avec la richesse du cocotier”, poursuit-il.

C’est ainsi qu’en 2020, ils montent cette entreprise spécialisée au début dans le lait de coco pasteurisé. “C’était le premier lait de coco pasteurisé sur Raiatea. Aujourd’hui, on fournit les magasins, restaurateurs, hôtels et roulottes de l’île.” Puis, avec les bouteilles de lait de coco invendues, ils ont commencé à produire de l’huile de coco, “dans une mentalité de ‘on ne jette rien, tout se transforme’”. C’est ainsi qu’au fur et à mesure, ils se sont diversifiés, et en quatre ans d’existence, ils produisent maintenant de la farine ou de la chapelure avec les restes du coco râpé utilisé pour le lait, du charbon ou des bols en coco avec les coques, ou encore du paillage avec la bourre.

Ils mettent également un point d’honneur à faire des produits 100% “made in” Raiatea, donc n’importent aucun coco. “On achète beaucoup de coco autour de l’île avec les agriculteurs, d’ailleurs on continue à chercher des fournisseurs pour agrandir notre production”, conclut Keoki Ebb.
 

Le prochain gros objectif de cette petite entreprise arrive à grand pas. En effet, elle exposera à la foire agricole de Tahiti, qui se déroulera du jeudi 26 septembre au dimanche 6 octobre à Outumaoro. C’est la première fois que ses membres exposeront en dehors de Raiatea, une petite pression pour eux, d’autant plus que “comme le président de la CAPL le disait ce matin, c’est plus de 60 000 visiteurs”, nous confie Keoki Ebb. “On prépare notre stock pour cet événement, il faudra venir découvrir sur place.”

Champ semencier de Faaroa
 
Lors de cette Journée mondiale du cocotier, la Direction de l’agriculture (DAG) tenait un atelier sur le champ semencier de Faaroa. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur ce qui y est réalisé.


Hoarii Amiot, employé à la DAG, explique que le champ a été créé en 1978. On y réalise le croisement de deux espèces de cocotiers : le nain vert du Brésil avec le grand de Rangiroa. “On fait ce croisement d’espèces car le nain vert donne des fruits au bout de trois à quatre ans, sauf qu’il est plus fragile, c’est pour cela qu’on le croise au grand de Rangiroa, pour qu’il soit plus costaud.”


Ainsi, avec ces noix hybrides, les agriculteurs ont l’opportunité d’avoir des noix plus rapidement, car le grand de Rangiroa met huit à neuf ans pour donner les premiers fruits. Le processus de croisement est ensuite expliqué : “On fait l’émasculation du nain vert, où on vient couper la spathe du cocotier. On va retirer toutes les fleurs mâles et ne laisser que les noix femelles, pour éviter qu’il se croise tout seul. Puis on va polliniser avec les fleurs mâles du grand de Rangiroa.”

 
Outre le processus d’hybridation, l’atelier servait aussi à sensibiliser aux différentes maladies. Par exemple, trop d’humidité peut faire développer la maladie Phytophthora qui fait pourrir le cœur du cocotier. Certains insectes peuvent aussi nuire au cocotier, comme le Brontispa ou encore les poux blancs (Icerya seychellarum) qui vont ronger les feuilles de cocotier et vont donc réduire sa photosynthèse. D’autres informations sont disponibles sur le site internet de la DAG.

Rédigé par V.Leroi le Mardi 3 Septembre 2024 à 18:18 | Lu 958 fois