Le chantier du parking silo à l'arrêt


credit photo Jean-Pierre Viatge
Tahiti, le 26 décembre 2023 - Cela fait plusieurs mois maintenant que le chantier du parking silo de 500 places à Papeete est à l'arrêt alors qu'il devait être livré en avril dernier. En cause, un litige entre la Direction de l'équipement (DEQ) et l'entreprise Boyer suite à un problème de structure constaté début 2023 au niveau des fondations.
 
Cinq cents places réparties en cinq niveaux de 3 410 m2 chacun sur 13 mètres de hauteur. Le parking silo qui devait s'ériger à l'angle de la rue des Poilus Tahitiens et de la rue du Chef Teriierooiterai à Papeete (en face de l'imprimerie officielle) est au point mort. Alors qu'il devait être livré en avril dernier, le chantier est arrêté depuis environ un an. Autrement dit, depuis que la Direction de l'équipement (DEQ), qui est le maître d’ouvrage de ce projet, est en litige avec le leader de la construction et des travaux publics en Polynésie, la société Boyer, qui avait remporté l'appel d'offres. Un dossier qui crée “une mauvaise ambiance” dans le milieu du BTP, nous dit-on. Si des informations officieuses circulent, il est plus difficile d’obtenir des réactions officielles.
 
Joint par Tahiti Infos, le ministère de Jordy Chan ne “souhaite pas communiquer pour l'instant”. Mais selon nos informations, le souci remonte déjà au début de cette année 2023 quand la DEQ a constaté des problèmes au niveau des pieux sur lesquels la structure est édifiée. Cent pieux au total. Mais ces malfaçons ne concerneraient qu'“une dizaine” d'entre eux pour la DEQ. “Quatre ou cinq”, corrige le président de la SAS Boyer, Laurent Seignobos, que Tahiti Infos a pu contacter par téléphone ce mardi, et qui reconnaît donc avoir “rencontré quelques difficultés sur certains pieux”. Mais les positions divergent.
 
Mauvaise qualité du béton...
 
Du côté du Pays, c'est la mauvaise qualité du béton coulé dans ces pieux qui est pointée du doigt. L'Équipement a donc organisé il y a quelques mois, et en présence d'un huissier de justice, une opération de carottage sur une dizaine de ces fameux pieux. En clair, ils ont effectué des prélèvements sur plusieurs dizaines de centimètres sur ces pieux et ont envoyé des échantillons pour examen en Métropole. Et selon nos informations, les résultats qui leur sont revenus ont révélé que ces pieux étaient dans l'incapacité de supporter le poids du bâtiment. Fâcheux. Ni une ni deux, le chantier s'est arrêté là, la DEQ estimant que la société Boyer ne remplissait pas les termes du cahier des charges.
 
... contre mauvaise qualité du sous-sol
 
Laurent Seignobos ne l'entend pas de cette oreille. Ce n'est pas la méthode utilisée par sa société qui serait à mettre en cause mais la qualité du sous-sol en raison d'éléments extérieurs et “imprévisibles” : “Quand 95% des pieux sont d'excellente qualité, on ne peut pas remettre en cause la méthodologie de l'entreprise. Nous avons fait venir un expert hydrologue qui a bien constaté qu'à certains endroits, il y avait des circulations d'eau qui ont 'délavé' le béton. Ce sont donc bien des causes imprévisibles et ces circulations d'eau n'avaient pas du tout été repérées par le Pays en amont du projet”, a-t-il expliqué à Tahiti Infos.
 
Le président de la SAS Boyer regrette surtout le “silence radio” du Pays depuis. “On a essayé de communiquer avec eux. On peut réaliser des pieux qui seraient 'indélavables'. On sait faire face et trouver des solutions mais le Pays n'a pas l'air pressé de finir cet ouvrage et on est condamnée à attendre qu'il veuille bien faire avancer ce chantier. C'est plus facile de dire que Boyer a mal fait son travail”, a-t-il encore déploré, préconisant de nommer un “médiateur” pour faire avancer les choses. D'autant qu'il y a un réel besoin.
 
Un réel besoin
 
Il va donc quand même falloir trouver une issue. D'abord pour une raison financière. Car ce sont déjà au moins 80 millions de francs qui ont ainsi été engagés au titre du désamiantage et la déconstruction des anciens bâtiments situés sur l'emprise foncière où doit être érigé ce parking. Dépense préalable à laquelle il faut donc rajouter la construction du parking lui-même qui a été évaluée à un milliard et demi de francs. Ensuite, pour une raison plus pragmatique. En effet, avec la livraison prochaine du bâtiment administratif à l'angle des avenues Pouvana'a a O'opa et du commandant Destremeau qui doit accueillir cinq services du Pays, ces agents et leurs visiteurs vont bien devoir se garer quelque part. Mais pour l'instant, toujours pas de parking. C'est l'impasse. Repoussé en 2024, ce chantier est en tout cas toujours au point mort.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 26 Décembre 2023 à 19:00 | Lu 10065 fois