Le "challenge" de Yann Teagai au golf


" J'ai une feuille de route dense et complexe à mettre en œuvre car elle concerne tous les secteurs du golf : les côté sportif, entretien, administratif… Il y a tout à revoir", explique Yann Teagai.
PAPEETE, le 22 mars 2018. Après avoir étudié la gestion de l'Etablissement de gestion et d'aménagement de Teva (Egat), la chambre territoriale des comptes dénonçait "Une activité sans stratégie de développement", "de graves manquements et lacunes dans la gestion du personnel"... Depuis Yann Teagai a été nommé directeur par intérim de l'Etablissement de gestion et d'aménagement de Teva. Il explique comment il veut redynamiser le golf.


En février, la chambre territoriale des comptes a publié un rapport sur la gestion de l'Etablissement de gestion et d'aménagement de Teva (Egat) et la qualifiait de "désastreuse" .Début novembre, vous avez été nommé directeur par intérim et les missions de l'Egat ont été réorientées. Qu'est-ce qui a changé depuis ?


"J'ai pris mes fonctions début novembre pour répondre en grande partie aux recommandations de la CTC. La ministre du Tourisme, qui est aussi au sein du conseil d'administration de l'Egat, m'a proposé de relever ce challenge. C'est un travail assez prenant mais très enrichissant. Au 1er décembre, on a lancé la désaffectation de l'ensemble des structures, autre que le golf : motu Ovini, musée Gauguin, le jardin botanique mais aussi toutes les parcelles horticoles et agricoles qui bordent le domaine du golf.
Aujourd'hui, le Pays a souhaité concentrer les efforts de l'Egat sur le golf. Le golf est devenu une priorité en termes de développement touristique. Le golf est une niche touristique qu'il faut développer. Mais pour être une destination golfique, il faut au moins trois golfs pour que la destination soit attractive. Aujourd'hui, on en a deux avant d'en construire un troisième, il faut sauver les deux premiers. Le premier a été sauvé par la banque Socredo. Le deuxième, celui de Atimaono, on essaie de le restructurer, de le relancer pour qu'il ne disparaisse pas et de le remettre aux standards internationaux.
J'ai une feuille de route dense et complexe à mettre en œuvre car elle concerne tous les secteurs du golf : les côté sportif, entretien, administratif… Il y a tout à revoir. Mon premier challenge a été de remettre les gens au travail. Ce n'est pas qu'ils ne travaillaient pas mais les horaires n'étaient pas adaptés à un golf. Forcément un golf est ouvert sept jours sur sept. Il faut qu'il soit ouvert de 7 à 17 heures. Il faut aussi adapter les horaires de travail pour que le terrain soit propre en semaine mais aussi en week-end. "

Lire aussi Rapport de la CTC : "La gestion désastreuse de l'Egat"




Un des problèmes était justement que la billetterie soit fermée le midi par exemple.
"Oui certains savaient à quelle heure venir pour ne pas payer. La première chose que j'ai mise en œuvre en novembre c'est les horaires. La semaine on est ouvert de 7 à 17 heures. Le week-end, on essaye d'ouvrir un peu plus tôt, on ouvre à 6h30 et on ferme à 16 h 30. Et on travaille en journée continue. Le guichet a été transféré dans une autre zone plus adaptée pour le contrôle des entrées et sortie. C'était une des recommandations de la CTC. L'ancien accueil avait été laissé à l'abandon et était délabré. En janvier, on a fait des travaux lourds (toiture, murs, on a reclimatisé). Il y a une zone qui va devenir un "pro shop" pour vendre du matériel de golf et aussi un peu de buvette puisque le club house est fermé depuis le 10 décembre.

Comment ces changements ont été vécus par le personnel ?
J'essaie d'expliquer chaque action que je mets en œuvre. L'objectif est de contrôler et de répondre aux recommandations de la CTC. Quand le message est bien perçu il n'y a pas de freins. Il n'y en a pas eu. (…) Ils sont tous conscients qu'on est dans une situation exceptionnelle et critique. On ne peut réussir que si tous les acteurs, tous les employés, acceptent d'aller dans le même sens que la direction. Ils sont très compréhensifs. Depuis trois-quatre mois, la clientèle est redevenue aimable et reconnaissante envers les employés. Les fruits de leur travail sont enfin reconnus.
Avant les clients pouvaient être déçus du service qui n'était pas à la hauteur.
La CTC demandait aussi à l’Egat de revoir l’ensemble de sa grille tarifaire en se basant sur son activité.
Oui, cela a été revu. En 2017, j'ai terminé près de deux années à la direction du golf de Moorea où j'avais mis en place une grille tarifaire adaptée. J'ai reproduit le même schéma. C'était plus simple d'avoir la même structure même si ce ne sont pas les mêmes niveaux de tarifs. Il y a des tarifs pas chers pour les jeunes, un tarif standard pour les adultes et puis des tarifs dégressifs pour les retraités ou les personnes qui viennent jouer en semaine. Il faut accepter que le golf de Atimaono est un cran en dessous de celui de Moorea en termes de services. Il faut accepter que les tarifs soient inférieurs à ceux du golf de Moorea.

En raison de la situation géographique du golf, il difficile de faire venir les touristes. Y a-t-il une solution pour pallier ce problème ?
En juillet prochain, le Gauguin fera sa première escale à Vairao. On est en discussion avec l'agence en charge de ce bateau pour récupérer les golfeurs du bateau et les amener ici. On devrait avoir un peu plus de client touristes à partir du second semestre. Le golf est très éloigné des infrastructures touristiques c'est très difficile de les faire venir.
J'ai proposé la candidature de l'Egat pour rentrer au conseil d'administration de Tahiti Tourisme pour qu'on puisse faire entendre notre voix. Je souhaite aussi faire rentrer dans le Réseau LeClub Golf. C'est un réseau mondial très connu des golfeurs.

Que va devenir le club house ?
On est encore dans la partie contentieuse de ce dossier car l'exploitant est parti sans rien dire. On veut clôturer ce dossier avant de pouvoir trouver un nouvel exploitant. Avant de faire signer un nouvel exploitant, il y a des travaux à faire. Ce site appartient au Pays. J'émettrai des suggestions. Il appartiendra au conseil des ministres de définir ce qu'on en fait. L'Egat a obtenu une subvention pour une étude d'aménagement architectural pour vérifier la bonne implantation du club house, définir quelle structure serait la mieux adaptée et quel service. Aujourd'hui le club house est sous dimensionné. Il n'y a pas de vestiaires, de local technique…




Le golf se met à la page

Le golf de Atimaono a choisi de s'équiper d'un logiciel de gestion Albatros, qui fonctionne déjà dans de nombreux golfs en métropole. Ce logiciel permet de gérer la réservation, la gestion des clients, les statistiques... Les clients abonnés peuvent grâce à une application réserver directement, voir quels créneaux sont libres et aussi rentrer les résultats de leurs différentes parties.
Auparavant les abonnés devaient également payer leur abonnement en une seule fois. "Il fallait apporter des moyens de règlement adaptés qui puissent venir simplifier le règlement. Aujourd'hui, l'ensemble des cartes bancaires est accepté. On a mis en place aussi un système de paiement sécurisé qui permet de payer l'abonnement mensuellement", explique Yann Teagai. "La carte est enregistrée. L'abonné est prélevé mensuellement. Cela nous permet d'avoir l'abonnement payé toute l'année et le client n'a plus besoin de payer tout en une seule fois. Il peut mensualiser son abonnement."
Le golf va aussi mettre en place un nouveau site internet où les internautes pourront connaître les conditions atmosphériques du golf grâce à une webcam et à une station météorologique mais aussi faire leurs réservations.



Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 22 Mars 2018 à 16:52 | Lu 2422 fois