Bordeaux, France | AFP | mercredi 09/01/2018 - Barre de béton en sursis face à l'océan Atlantique, l'immeuble "Le Signal" de Soulac-sur-mer (Gironde) est devenu le symbole des dangers de l'érosion marine. Ses 75 copropriétaires, évacués en 2014, placent leurs derniers espoirs d'indemnisation dans le Conseil d'Etat qui examine leur cas vendredi.
"Ce n'est pas qu'on veut faire du fric, mais il faut être décent", soupire Jean-José Guichet, président du syndicat des copropriétaires. "J'ai 80 ans, c'est de plus en plus douloureux de supporter tout cela", ajoute le retraité girondin, propriétaire depuis 1978 d'un appartement dans l'immeuble construit en 1967.
Comme lui, 75 copropriétaires, pour 78 appartements, avaient été contraints en janvier 2014 par un arrêté préfectoral de vider leur appartement et, pour les quelques habitants à l'année de cette résidence d'été, de quitter les lieux. Après les violentes tempêtes hivernales de cette année-là, l'immeuble de quatre étages édifié à 200 mètres de la mer ne se trouvait plus qu'à une vingtaine de mètres des flots et menaçait de s'effondrer.
Depuis lors, les propriétaires, qui dénoncent une "véritable expropriation sans aucune indemnité", mènent la bataille sur le front judiciaire, demandant de pouvoir bénéficier du fonds d'indemnisation dit "Barnier" qui couvrirait le prix d'achat de leur appartement. Mais leur optimisme s'érode lui aussi.
En février 2016, la Cour administrative d'appel a rejeté leur demande d'indemnisation par ce fonds spécifique prévu par l'Etat en cas d'expropriation pour "risques naturels majeurs". Elle a estimé que les conditions "n'étaient pas réunies", le risque de submersion marine n'étant pas imminent.
L'acceptation en novembre 2016 par le Conseil d'Etat du recours déposé par le syndicat des copropriétaires avait ravivé leur espoir. Mais en septembre, "nous avons eu une surprise désagréable", explique à l'AFP Vincent Duprat, 71 ans, membre du syndicat, "le Conseil d'Etat nous a écrit que l'érosion dunaire ne faisait pas partie du fonds Barnier".
Dans la foulée, leur avocat, Me Pierre Robillot, a déposé une Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qui doit être notamment examinée vendredi.
Pour les plaignants, dont certains ont encore des crédits immobiliers courant jusqu'en 2029, leur tort est que "Le Signal" est un immeuble collectif. "Manifestement l'Etat ne veut pas mettre le doigt dans quelque chose qui pourrait se développer dans les années qui viennent. Personne n'est optimiste sur la situation de l'érosion en Aquitaine. Il ne faut pas de précédent", lâche Jean-José Guichet.
En 2014, les copropriétaires avaient refusé une proposition d'expropriation des pouvoirs publics, qui leur offraient en échange une enveloppe de 1,5 million d'euros à se partager, soit seulement quelque 20.000 euros par appartement.
"C'est scandaleux ! On nous prend pour des idiots ! Nous voulons l'égalité de traitement à l'image de ce qui est fait partout en France dans tous les cas du recul du trait de côte et pour des villas de prix", s'insurge Danièle Duprat, autre copropriétaire, qui dit avoir écrit en août au ministre de l'Ecologie, Nicolas Hulot, sans réponse pour l'heure.
L'amertume est d'autant plus grande que la construction du Signal à la fin des années 1960 faisait partie d'un vaste plan d'aménagement urbain de la côte aquitaine supervisé par l'Etat. A Soulac-sur-Mer, le projet prévoyait "la construction sur le site de 1.200 logements, d'un boulevard de front de mer à 2X3 voies, d'une thalassothérapie et d'un hôtel de luxe", rappelle le syndicat des copropriétaires.
Pour ce faire, la mairie avait vendu 19 hectares et la préfecture accordé les permis de construire pour le projet "qui n'est finalement pas allé au-delà de la construction du Signal en raison de la mise en liquidation de l'aménageur retenu".
"L'Etat et la commune ne sont pas exempts de responsabilité. A Soulac, on se voyait déjà comme le nouveau Biarritz !", grince Vincent Duprat.
Vitres brisées, façade dégradée, "Le Signal", désormais à une dizaine de mètres de la mer, est aujourd'hui une ruine, avant même d'être englouti par les flots.
"Ce n'est pas qu'on veut faire du fric, mais il faut être décent", soupire Jean-José Guichet, président du syndicat des copropriétaires. "J'ai 80 ans, c'est de plus en plus douloureux de supporter tout cela", ajoute le retraité girondin, propriétaire depuis 1978 d'un appartement dans l'immeuble construit en 1967.
Comme lui, 75 copropriétaires, pour 78 appartements, avaient été contraints en janvier 2014 par un arrêté préfectoral de vider leur appartement et, pour les quelques habitants à l'année de cette résidence d'été, de quitter les lieux. Après les violentes tempêtes hivernales de cette année-là, l'immeuble de quatre étages édifié à 200 mètres de la mer ne se trouvait plus qu'à une vingtaine de mètres des flots et menaçait de s'effondrer.
Depuis lors, les propriétaires, qui dénoncent une "véritable expropriation sans aucune indemnité", mènent la bataille sur le front judiciaire, demandant de pouvoir bénéficier du fonds d'indemnisation dit "Barnier" qui couvrirait le prix d'achat de leur appartement. Mais leur optimisme s'érode lui aussi.
En février 2016, la Cour administrative d'appel a rejeté leur demande d'indemnisation par ce fonds spécifique prévu par l'Etat en cas d'expropriation pour "risques naturels majeurs". Elle a estimé que les conditions "n'étaient pas réunies", le risque de submersion marine n'étant pas imminent.
L'acceptation en novembre 2016 par le Conseil d'Etat du recours déposé par le syndicat des copropriétaires avait ravivé leur espoir. Mais en septembre, "nous avons eu une surprise désagréable", explique à l'AFP Vincent Duprat, 71 ans, membre du syndicat, "le Conseil d'Etat nous a écrit que l'érosion dunaire ne faisait pas partie du fonds Barnier".
Dans la foulée, leur avocat, Me Pierre Robillot, a déposé une Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qui doit être notamment examinée vendredi.
- 'Le nouveau Biarritz' -
Pour les plaignants, dont certains ont encore des crédits immobiliers courant jusqu'en 2029, leur tort est que "Le Signal" est un immeuble collectif. "Manifestement l'Etat ne veut pas mettre le doigt dans quelque chose qui pourrait se développer dans les années qui viennent. Personne n'est optimiste sur la situation de l'érosion en Aquitaine. Il ne faut pas de précédent", lâche Jean-José Guichet.
En 2014, les copropriétaires avaient refusé une proposition d'expropriation des pouvoirs publics, qui leur offraient en échange une enveloppe de 1,5 million d'euros à se partager, soit seulement quelque 20.000 euros par appartement.
"C'est scandaleux ! On nous prend pour des idiots ! Nous voulons l'égalité de traitement à l'image de ce qui est fait partout en France dans tous les cas du recul du trait de côte et pour des villas de prix", s'insurge Danièle Duprat, autre copropriétaire, qui dit avoir écrit en août au ministre de l'Ecologie, Nicolas Hulot, sans réponse pour l'heure.
L'amertume est d'autant plus grande que la construction du Signal à la fin des années 1960 faisait partie d'un vaste plan d'aménagement urbain de la côte aquitaine supervisé par l'Etat. A Soulac-sur-Mer, le projet prévoyait "la construction sur le site de 1.200 logements, d'un boulevard de front de mer à 2X3 voies, d'une thalassothérapie et d'un hôtel de luxe", rappelle le syndicat des copropriétaires.
Pour ce faire, la mairie avait vendu 19 hectares et la préfecture accordé les permis de construire pour le projet "qui n'est finalement pas allé au-delà de la construction du Signal en raison de la mise en liquidation de l'aménageur retenu".
"L'Etat et la commune ne sont pas exempts de responsabilité. A Soulac, on se voyait déjà comme le nouveau Biarritz !", grince Vincent Duprat.
Vitres brisées, façade dégradée, "Le Signal", désormais à une dizaine de mètres de la mer, est aujourd'hui une ruine, avant même d'être englouti par les flots.