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Le cargo spatial européen Johannes Kepler a "fondu" à 2500 km au sud de la Polynésie française


L’ATV Johannes Kepler avait été lancé le 16 février 2011 et s’était arrimé à l’ISS huit jours plus tard (Source photo : ESA)
L’ATV Johannes Kepler avait été lancé le 16 février 2011 et s’était arrimé à l’ISS huit jours plus tard (Source photo : ESA)
SUVA, vendredi 24 juin 2011 (Flash d'Océanie) – Le cargo spatial européen « Johannes Kepler », second de la génération des « ATV » construits par l’agence spatiale européenne (ESA) a cessé d’exister après avoir fondu sur le Pacifique Sud mardi 21 juin 2011 (mercredi 22 juin heure locale), aux alentours de 20h41 GMT, a annoncé l’ESA dans un communiqué.
Au cours des heures qui avaient précédé cette rentrée prévue dans l’atmosphère, cet ATV (véhicule automatique de transfert), téléguidé depuis le centre de contrôle de Toulouse (France), avait effectué sans problème les dernières manœuvres de désarrimage de la station spatiale internationale.
Seul imprévu au cours des dernières minutes de son existence, précédant sa combustion au contact de l’atmosphère au-dessus de l’Océan Pacifique : l’évitement d’un impact potentiellement perturbateur avec des débris spatiaux, signalés par les confrères de la NASA, deux heures après le désarrimage.
Au terme d’une traversée de la couche atmosphérique, une grande partie de l’ATV s’était consumée, ne laissant que les pièces les plus denses et volumineuses (telles que les moteurs principaux, eux-mêmes conçus pour résister aux grandes chaleurs) frapper la surface de l’Océan Pacifique à environ 21h00 GMT mardi (9h00 du matin mercredi, heure de Nouvelle-Zélande), à un point désigné par l’ESA comme étant situé « à environ 2.500 kilomètres à l’Est de la Nouvelle-Zélande et (…) 2.500 kilomètres au sud de la Polynésie française », dans une zone « inhabitée du Pacifique Sud ».

Courtes missions et mêmes « exécutions »

Le prochain ATV, troisième de sa génération, devrait être baptisé « Edoardo Amaldi » et être livré à la base de lancement de Kourou (Guyane) en août 2011 pour un lancement prévu, à bord de la fusée Ariane, « début 2012 », a précisé Nico Dettmann, chef du programme ATV à l’ESA.
L’ATV-2 « Johannes Kepler » s’était arrimé à l’ISS fin février 2011.
Son prédécesseur et premier de la série, l’ATV-1 « Jules Verne », premier cargo spatial de sa génération, avait subi la même fin de vie programmée fin septembre 2008.
Au cours de ce saut de la mort, le véhicule spatial européen a été volontairement décroché de son orbite temporaire pour enfin plonger en direction du Pacifique Sud, après s'être quasi-complètement désintégré en entrant en contact avec les couches de l'atmosphère.
Pour cette opération délicate, que la société européenne désigne comme une « rentrée contrôlée destructive au-dessus d'une zone totalement inhabitée du Pacifique Sud », la zone choisie était là aussi située quelque part dans un périmètre situé à environ 2.500 kilomètres à l'Est de la Nouvelle-Zélande.
« Après une manœuvre finale de désorbitation à 14h58 CEST (heure de Paris), qui a provoqué une décélération de 70 mètres par seconde, l'ATV a pénétré dans la haute atmosphère à 120 km d'altitude à 15h31, (Jules Verne) s'est disloqué à 75 km d'altitude, les derniers fragments retombant dans l'océan Pacifique quelque 12 minutes plus tard", avait alors précisé l'Agence Spatiale Européenne (ESA), société mère de la société Astrium, filiale du consortium constructeur européen EADS.

Nouvelle avancée exceptionnelle pour les programmes de vols habités

Les opérations de rentrée avaient été suivies et enregistrées depuis la station, ainsi que depuis deux avions spéciaux envoyés à proximité de la trajectoire de l'ATV (et qui ont décollé de Tahiti, en Polynésie française) pour observer sa rentrée et sa plongée vers le Pacifique Sud.
Ces observations ont pour objet de collecter le maximum d’information au cours de cette phase cruciale pour ensuite les analyser et déterminer si la fragmentation de l'ATV s'est déroulée selon les modèles mathématiques.
Ce premier cargo automatisé de ravitaillement ATV-1, de la taille d'un gros conteneur et d'une longueur de dix mètres environ, avait été lancé le 9 mars 2008 par la fusée Ariane 5.
Sa mission était de ravitailler la Station Spatiale Internationale (ISS, à laquelle il s'est arrimé automatiquement le 3 avril 2008) en carburants, nourriture, eau et équipement.
En fin de mission, le 5 septembre 2008, empli de déchets, il s'était détaché de l'ISS, à 350 kilomètres au-dessus de la Terre, pour entamer son dernier voyage et sa désintégration au contact de l’atmosphère.
Lors de ces manœuvres terminales, la même procédure est suivie : il s’agit avant l’ultime plongeon à la suite de l'impulsion de ses propulseurs, de faire tomber le véhicule « au-dessus du Pacifique Sud » tout en lui imprimant une position censée porter au maximum la friction avec les couches de l'atmosphère et ainsi augmenter le taux de combustion.
La zone identifiée a fait l'objet d'un avis préalable aux autorités compétentes, aussi bien aériennes que maritimes et pour la durée prévue de l'opération.

En mars 2001 : MIR se désintégrait au Nord de Fidji

Le 23 mars 2001, c'est aussi dans l'Océan Pacifique, au Nord de Fidji, que la station spatiale russe MIR avait effectué sa rentrée dans l'atmosphère en se désintégrant, permettant au passage aux observateurs de profiter du spectacle d'objets en fusion dans le ciel.
Aux îles Fidji, tout comme dans d'autres pays de cette immense région (dont la Polynésie Française et le royaume de Tonga), des mesures préventives de surveillance et d'avis aux populations avaient toutefois été mises en place par les autorités locales, afin de parer à toute menace éventuelle posée par la retombée de parties de MIR qui ne se seraient pas entièrement consumées.
Pour cette occasion exceptionnelle, marquant la fin d'une époque de l'aventure spatiale, plusieurs anciens pensionnaires russes de MIR et certains de leurs concepteurs avaient fait le déplacement à Fidji pour observer ce retour, sur un mode mi-scientifique, mi-nostalgique.


Rédigé par pad le Vendredi 24 Juin 2011 à 05:19 | Lu 858 fois